Ce roman traduit du bengali a été écrit en 1929. Il est en partie autobiographique, l’auteur s’est inspiré du cadre de son enfance. L’histoire se déroule dans un village du Bengale. On suit la vie quotidienne de deux enfants d’une famille de pauvres brahmanes. Le père est rarement présent. Il se déplace dans les villages environnants pour gagner quelques pièces en récitant des prières pour ceux qui veulent bien le payer. La mère ne sait jamais si elle arrivera à nourrir correctement ses enfants et cette inquiétude la rend parfois dure, avec sa fille ou une vieille parente.
Le personnage principal est Apou, un garçonnet d’environ neuf ans. C’est un rêveur que la contemplation de la campagne environnante réjouit. Il peut déambuler de longs moments en se racontant des histoires et attend avec impatience de pouvoir découvrir le vaste monde. Sa première sortie avec son père au-delà de ses limites habituelles est un grand moment : « Tu avançais enfant… Tu ne savais pas ce qui se présenterait à tes yeux, le long du chemin. Tes grandes prunelles neuves dévoraient avec avidité tout ce qui t’entourait. Par ta joie tu es un explorateur, toi aussi. Pour découvrir ce bonheur inconnu faudrait-il parcourir la terre ? Non, cela n’a pas de sens. Là où je n’étais pas allé auparavant j’ai mis le pied aujourd’hui. Qu’importe que, dans l’eau de la rivière où je me suis baigné, dans le village dont l’air m’a réconforté quelqu’un soit ou ne soit pas venu avant moi ! Ce pays inconnu est mon expérience. En ce jour j’ai joui de sa nouveauté avec le tout premier esprit, la toute première intelligence, le tout premier coeur !… »
La grande soeur d’Apou, Dourga, de trois ou quatre ans son aînée, est une enfant un peu rebelle. Elle ne tient pas en place, est toujours à courir à droite ou à gauche pour glaner des fruits dans les bois ou en voler dans les jardins des voisins. Les deux enfants se disputent régulièrement mais s’aiment beaucoup.
L’écriture est parfois un peu décousue. Ce sont de petites tranches de vie qui ne se suivent pas toujours d’une façon très évidente ce qui fait que j’ai mis un peu de temps à entrer dans le livre, que je l’ai plutôt lu par petits morceaux. Mais finalement j’ai apprécié cette lecture. J’ai trouvé que l’auteur rendait bien l’ambiance de l’enfance et le rythme plus lent de la vie à la campagne : « Sur les marches du ghat les ombres de la fin d’après-midi étaient très épaisses. Le soleil brillait encore sur le grand Kapokier de la rive opposée. A la boucle de la rivière, un bateau aux voiles déployées prenait le tournant, ses avirons fendaient l’eau. Près du gouvernail, un homme debout faisait sécher un vêtement. Il le tenait par un bout et le laissait flotter dans le vent comme un drapeau. Au milieu de la rivière une tortue levait la tête hors de l’eau pour respirer puis la replongeait. »
Tout cela est empreint d’une nostalgie douce que j’apprécie.
Merci à Lounima qui m’a offert ce livre.