Michael, un violoniste, a aimé Julia, une pianiste. Ils étaient tous deux jeunes étudiants à Vienne. Alors qu’il traversait une période de dépression Michael a cru que Julia avait pris parti contre lui et il l’a quittée. Quand il a compris qu’il s’était trompé, il a tenté par tous les moyens de reprendre contact avec elle mais elle s’y est refusé.
Dix ans ont passé. Michael poursuit sa carrière musicale à Londres. Il n’a plus eu aucune nouvelle de Julia mais il ne l’a pas oubliée et l’aime toujours. Quand soudain il se retrouve en face d’elle.
C’est une histoire d’amour bien sur mais aussi celle d’une vie consacrée à la musique. Fils d’un boucher, Michael n’a pas suivi la voie que ses parents avaient envisagée pour lui. Ayant atteint une certaine reconnaissance dans sa profession il collabore occasionnellement à plusieurs orchestres en plus du quatuor Maggiore dont il est membre, donne des leçons pour boucler les fins de mois. Il vit de sa musique mais pas très largement et la perspective de devoir acheter un nouveau violon, instrument de prix, soulève bien des complications. J’ai découvert ce monde de la musique qui m’est totalement étranger, j’ai trouvé cela intéressant.
Je dois maintenant révéler qu’un des personnages devient sourd. On imagine aisément ce que cela représente pour un musicien mais Vikram Seth a bien montré aussi l’importance de tous les sons quotidiens dont on ne réalise pas vraiment le prix. En ce début de printemps j’aime particulièrement entendre les premiers chants des oiseaux au petit matin. Non loin de chez moi il y a une église qui sonne les heures et ce bruit est aussi pour moi un repère que j’apprécie. Pendant un certain temps elle n’a pas fonctionné et c’est là que je me suis rendue compte que cela me manquait.
Et vous, vous appréciez quoi comme bruits quotidiens ?
Andreï Makine, L’amour humain, Seuil
Le narrateur est un instructeur soviétique qui, entre les années 1970 et la chute de l’URSS, a parcouru l’Afrique pour en former les peuples à la révolution. Révolution contre le colonisateur encore en place, révolution contre les régimes à la solde des Etats-Unis. Un jour, prisonnier d’une faction adverse, il rencontre Elias Almeida, un Angolais, prisonnier avec lui, acquis à la cause communiste. Les deux hommes deviennent amis. Leur existence aventureuse va les amener à se croiser régulièrement sur leurs terrains de combat.
C’est la quête d’Elias que nous raconte L’amour humain. Marqué par la mort de sa mère (victime de la répression portugaise en Angola) Elias se bat pour un monde plus juste. Ce qui l’anime aussi c’est le souvenir de son amour pour Anna -une femme qu’il a rencontrée lors d’un stage de formation à Moscou- et du voyage qu’il fit avec elle vers son village natal de Sibérie. L’histoire d’Elias s’entrecroise avec celle du narrateur sur fond d’interventions soviétiques, de guerres civiles et de grande violence.
« Sans l’amour qu’il portait à cette femme, la vie n’aurait été qu’une interminable nuit, dans les forêts du Lunda Norte, à la frontière entre l’Angola et le Zaïre. » Il est ici question du sens de la vie qui va avec la connaissance de l’amour vrai. Un amour dans lequel il n’y a pas de place pour les mensonges ou les faux-semblant, où l’on se présente sans masque, tel qu’on est devant l’autre. Et tout le reste n’est qu’accouplements. Il y a quelque chose de très romantique dans cette conception des choses. D’un côté une humanité qui geint, qui souffre, qui baise, qui n’est que morceaux de viande ; de l’autre côté Elias et son amour sublime mais qui ne peut pas vivre avec la femme qu’il aime.
Je n’adhère pas à une telle division et je termine ce livre avec un sentiment très mitigé. J’avais découvert Andreï Makine avec Le testament français qui m’avait emballée. J’ai lu dans la foulée ses romans précédents : La fille d’un héros de l’Union soviétique, Confession d’un porte-drapeau déchu et Au temps du fleuve Amour qui ont confirmé ma première impression et m’ont fait placer Andreï Makine au rang de mes auteurs favoris. J’ai lu ensuite ceux qui ont suivi mais depuis La musique d’une vie je suis moins convaincue. J’ai le projet depuis un bout de temps de relire tout ça pour savoir si cet engouement se maintient ou s’il a correspondu à un moment de ma vie. Quoi qu’il en soit je reste une admiratrice de M. Makine ne serait-ce que pour sa maîtrise parfaite du Français qui n’est pas sa langue maternelle.