Après les chaussettes, les bonnets et les moufles, je m’attaque aux pull-over. J’en avais tricoté autrefois, il y a fort longtemps et je dois dire que le résultat n’était pas toujours à la hauteur du travail déployé. Depuis j’ai découvert le blocage qui fait toute la différence : une fois l’ouvrage terminé je le trempe dans de l’eau à température ambiante pendant une demi-heure ; j’essore sans tordre (je le roule dans une serviette éponge ou, si les dimensions le permettent, je le passe à l’essoreuse à salade) ; j’épingle à la forme désirée sur un tapis mousse -voir photo ci-dessous- et j’attends que ça sèche complètement. Le résultat est spectaculaire, les petites irrégularités de tricot se sont atténuées.
Dans ce livre les ouvrages sont tricotés en rond avec une aiguille circulaire donc sans coutures. Les explications sont claires -si ce n’est une petite erreur dans les explications du pull- avec des diagrammes que j’ai trouvés faciles à comprendre. C’est en anglais. Pour l’instant j’ai tricoté un pull et un col (snood). Le travail était terminé fin avril, je me suis dit que je les porterais l’hiver prochain mais vu le temps qu’il a fait depuis j’ai eu l’occasion de les sortir.
J’aime beaucoup le travail de la créatrice Kate Davies. Ici elle collabore avec le photographe Tom Barr, un Ecossais lui aussi, et, en plus des modèles présentés, le livre est illustré de belles photos en noir et blanc, principalement de végétaux.
Ce que j’ai appris : à tricoter un pull en rond du bas vers le haut, à croiser des mailles sans utiliser d’aiguille auxiliaire.
Taina Tervonen est une journaliste française d’origine finlandaise. Elle a vécu au Sénégal entre ses 7 et 15 ans, a été à l’école sénégalaise, parle le wolof.
En 1890 le colonel Archinard de l’armée française entre dans Ségou (Mali actuel) et y met la main sur un butin composé d’objets divers, de bijoux en or et argent et d’un sabre attribué à El Hadj Oumar Tall (1794.97-1864), érudit musulman, chef religieux et chef de guerre, déjà croisé dans Ségou sous le nom de El-Hadj Omar. Archinard capture aussi des femmes et des enfants dont le jeune prince Abdoulaye, petit-fil d’El Hadj Oumar Tall, enfant d’une dizaine d’années qu’il ramène avec lui en France.
Les otages ce sont les objets volés et l’enfant enlevé. Taina Tervonen est partie à la recherche de leur histoire au Sénégal et en France. Au Sénégal elle rencontre des descendants d’El Hadj Oumar Tall qui lui disent l’importance réelle et symbolique des objets ayant appartenu à leur ancêtre, elle va sur les lieux où se sont déroulés une partie des faits -elle n’a pas pu aller à Ségou à cause de la situation politique. Au Sénégal et en France elle explore les archives et interroge des historiens de la question coloniale avec lesquels elle aborde le sujet de la restitution des objets volés à leur pays d’origine.
Nombre des objets du butin de Ségou ont d’abord rejoint la collection privée d’Archinard avant d’être donnés à des musées. Muséum d’histoire naturelle du Havre dont était originaire le colonel, musées de l’armée, des colonies ou de l’homme avant de passer au musée du quai Branly où ils dorment dans les réserves quand ils n’ont pas été volés ou perdus. Un des arguments des personnes opposées à la restitution des biens spoliés pendant la colonisation est qu’ils seraient plus en sûreté en France. Taina Tervonen montre que cette croyance est pour le moins à nuancer. Le sabre attribué à El Hadj Oumar Tall a été rendu au Sénégal par Edouard Philippe en 2019. Au musée du quai Branly on travaille aujourd’hui à établir la provenance des collections, tâche colossale.
Quant au sort du jeune Abdoulaye enlevé à sa famille, élevé dans les principes de la République française mais qui finit par se rendre compte qu’il est traité en fils de vaincu, je le trouve bien triste.
J’ai trouvé cet ouvrage fort intéressant et tout à fait accessible. Taina Tervonen raconte de façon vivante les étapes de son voyage au Sénégal, ses rencontres avec des personnes ressources, ses recherches dans les archives. J’apprécie le regard post-colonial qu’elle porte sur son sujet.
Mère célibataire, Aurore occupe un emploi sans intérêt -bullshit job- à Paris. Quand son poste est supprimé et qu’elle est recasée sur du 100 % télétravail elle décide de s’installer dans le Lot, dans la maison de sa mère qui vient de mourir.
Acteur à succès, Alexis Zagner éprouve le besoin de prendre le large quand sa femme lui annonce qu’elle va lui faire payer ses liaisons. Il file vers le Lot où il a acheté une maison en viager dont la propriétaire vient de mourir…
Femme agressée, Aurore a développé une forme de compulsion sexuelle, cherchant -sans le trouver- l’homme qui saura la protéger.
Alexis interprète dans la vraie vie le même rôle de Dom Juan qu’au théâtre, séduisant les femmes les unes après les autres (ou en même temps), de façon compulsive lui aussi, puis les jetant sans remord.
Pendant toute ma lecture je me suis demandée comment l’autrice se positionnait. Il y a des passages où j’ai l’impression qu’elle se place du côté des femmes victimes, d’autres où il me semble qu’elle dédouane l’agresseur en le présentant comme agi par un contexte misogyne. Finalement j’arrive à la conclusion qu’elle nous dit que Aurore et Alexis sont tous les deux des victimes du patriarcat qui s’ignorent. Que les hommes soient eux aussi pris au piège de la société patriarcale, je suis d’accord avec ça cependant pas de la même façon que les femmes. Des femmes meurent de la façon dont elles sont traitées, ce n’est pas le cas de leurs agresseurs. Et si l’on veut que cela cesse, il faut bien dire stop à un moment. Cela passe par la justice. Et quand la justice ne fait pas son travail cela passe par un mouvement comme metoo ou par les médias, à mon avis, or j’ai l’impression que l’autrice critique ces réactions médiatiques.
Alors que la narration se concentre pendant longtemps sur la rencontre entre Aurore et Alexis, l’arrivée en fin de roman de l’histoire très détaillée -et pas inintéressante- de Chloé, maîtresse délaissée d’Alexis, me donne une impression de bric et de broc.
Tout du long Maria Pourchet file la métaphore avec le western, s’adressant à la lectrice pour analyser les situations qu’elle nous présente et nous dire ce qu’il devrait se passer selon les codes dudit western. Je n’ai pas trouvé que ce procédé, sans rapport avec le contenu, apporte quoi que ce soit d’intéressant.
C’est une lecture qui m’a agacée. J’ai trouvé le propos parfois confus et la réflexion pas toujours suffisamment approfondie. Mon agacement est renforcé par les commentaires élogieux de l’éditeur en quatrième de couverture : « écriture éblouissante », « profonde réflexion sur notre époque ». C’est en tout cas une lecture qui m’aura donné matière à écrire.
Dans la seconde moitié du 19° siècle, les enfants et petits-enfants des personnages principaux du premier tome sont des témoins plus ou moins directs de la chute du royaume de Ségou et de l’expansion coloniale des Européens.
En 1861, Ségou passe sous le contrôle des Toucouleurs musulmans et de leur chef El-Hadj Omar. Dans la guerre qui les a opposés à ces conquérants, les Bambaras animistes se sont alliés aux Peuls musulmans. Mohammed, le fils de Tiékoro, a perdu une jambe à la bataille de Kassakéri (1856). Après lui son fils Omar lutte aussi pour l’indépendance de la ville de ses ancêtres. Père et fils sont tous deux des musulmans convaincus, tentés par l’ascétisme et qui vivent très mal les combats entre musulmans.
Samuel, le petit-fils de Naba, a fui le domicile familial de Lagos à 15 ans après la mort de son père. Il a attaché ses pas à ceux de Hollis Lynch, un mulâtre antillais, doux rêveur qui a le projet de créer « un Etat nègre, souverain, fertilisé de la sève de ses enfants d’Amérique et des Antilles ». Lynch est un ancien ami d’Edward Blyden, ancêtre du panafricanisme.
Ce second tome est celui de tous les malheurs pour les protagonistes, comme si une malédiction pesait sur les Traoré et que la chute de la famille accompagnait celle de Ségou. L’empire toucouleur est bientôt menacé par la colonisation française. Face aux exactions des Blancs commence à émerger, chez certains personnages, la conscience d’une nécessaire alliance entre tous les musulmans, voire même entre tous les Africains. Ce sont ces aspects qui m’ont le plus intéressée.
L’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé est morte le 2 avril 2024. Elle était née en 1934 dans une famille de la bourgeoisie guadeloupéenne qui a élevé ses enfants dans l’amour de la culture française et l’ignorance de leur ascendance africaine. Elle découvre l’esclavage et la colonisation alors qu’elle est en classe préparatoire à Paris. Elle refusait les carcans identitaires et les étiquettes, en désaccord avec la créolité mais pour la liberté de création des auteurs antillais. Elle ne se considérait pas comme une romancière francophone, elle écrivait en « Maryse Condé ». En cela elle me fait penser à Mohamed Kacimi.
Les murailles de terre. A la fin du 18° siècle, Ségou (Mali actuel) est un royaume puissant le long du fleuve Joliba (Niger). C’est là que vit Dousika Traoré avec ses épouses, concubines et esclaves, ses fils. Conseiller du Mansa (le roi), Dousika est victime d’une cabale et disgracié au moment où son fils aîné se convertit à l’islam. Les Bambaras sont en effet des animistes et pratiquent traditionnellement une religion où l’on se méfie en permanence des esprits malfaisants. Ces derniers rodent principalement la nuit, moment de toutes les terreurs. On a affaire à des forgerons-féticheurs pour les empêcher de nuire, interpréter les signes de l’invisible et du visible et tenter de prévenir les événements défavorables.
Ce roman se déroule dans la période où l’islam s’impose peu à peu en Afrique de l’ouest et le lecteur suit les étapes de cette conquête, souvent très violente. L’autrice envoie les quatre fils de Dousika dans tout l’ouest de l’Afrique, du Maroc au golfe de Guinée et même au-delà, ce qui lui permet de présenter une grande fresque de l’histoire de ces régions entre 1797 et le milieu du 19° siècle.
Convertit à l’islam à l’adolescence, Tiékoro, devenu Oumar, part étudier à Tombouctou où il est maltraité car les Bambaras y ont la réputation d’être des musulmans mal dégrossis, encore imprégnés de superstitions animistes. Ce néo-musulman se sent donc obligé d’en rajouter dans ses démonstrations de foi. C’est un personnage rigide et facilement pontifiant qui agace vite son entourage -à part sa mère.
Capturé par des esclavagistes lors d’une chasse, Naba est déporté au Brésil. J’ai trouvé fort intéressant l’aperçu sur la culture que les esclaves ont développée dans ce pays. Convertie au christianisme, affranchie, Ayodélé, la femme de Naba, est revenue en Afrique où elle s’est installée au Nigéria dans une petite communauté d’anciens esclaves christianisés.
Devenu commerçant à Fès, Siga en a ramené à Ségou les techniques du travail du cuir inconnues dans sa ville natale. Il espérait y faire fortune grâce à ce nouveau savoir mais a dû déchanter.
Le cadet Malobali s’est fait soldat au service du royaume ashanti pour quitter une famille où il ne se sentait pas suffisamment considéré.
Car Ségou est aussi la critique d’une société patriarcale qui opprime les femmes, bien sûr, mais aussi les enfants et les cadets. La naissance du premier fils est une occasion de liesse. Les garçons sont gâtés, habitués à ce que les femmes fassent leurs quatre volontés. Cela donne des adultes impulsifs qui agissent avant de réfléchir et qui ne supportent pas la frustration. Les personnages masculins ne me sont pas sympathiques. Leurs rapports avec les femmes oscillent entre la prédation et l’idéalisation. Prédation quand il s’agit de femmes socialement inférieures (servantes, esclaves) ou d’étrangères ; idéalisation de l’amour pour celles qu’on peut épouser. Les déconvenues sont brutales et rapides.
J’ai apprécié la lecture de ce roman bien documenté sur un espace et une période que je connais peu. Je lirai prochainement le tome 2.
Mohamed Kacimi est né en 1956 à El-Hamel près de Bou-Saâda, en Algérie, dans une zaouïa, un lieu saint soufi, fondée au milieu du 19° siècle par un de ses ancêtres. L’auteur est donc issu d’une aristocratie religieuse éclairée. A l’école il découvre la langue française, découverte fondamentale pour lui : « Cette langue était donc humaine, vulnérable, elle était langue d’enfants et de rêves. Elle m’a permis, pour la première fois, d’utiliser la première personne du singulier, « Je », sans la faire suivre de la traditionnelle formule : « Que Dieu me préserve de l’usage d’un pareil pronom, car il est l’attribut du diable. »
A partir de ce jour allait commencer ma longue transhumance vers un autre imaginaire. Je n’ai point quitté une langue maternelle mais une langue divine. La langue français est devenue pour moi la langue natale du Je, langue de l’émergence pénible du Moi. Il ne s’agit point de bilinguisme, ni de déchirement. Le partage est clair. A ma langue d’origine je donne l’au-delà et le ciel ; à la langue française, le désir, le doute, la chair. En elle, je suis né en tant qu’individu. (…) Je n’écris pas en français. J’écris en « moi-même ». »
Les premiers chapitres du livre sont consacrés aux jeunes années de l’auteur. J’ai trouvé très intéressant ce que j’ai appris sur la vie dans la zaouïa. Je ne savais pas qu’il y avait des confréries soufies en Algérie. Il est beaucoup question de l’indépendance du pays. Enfant à El-Hamel Mohamed Kacimi ne comprend pas pourquoi il doit aller à l’école puisque maintenant les Algériens sont libres. Adolescent puis étudiant à Alger il constate la corruption et les abus de pouvoir à tous les niveaux. Il est particulièrement critique envers Boumédiène et sa politique d’arabisation forcée. En 1982, Mohamed Kacimi quitte l’Algérie pour la France. La suite de l’ouvrage est consacrée à des récits de voyage dans le monde arabo-musulman : la Mecque (1991), Sanaa, le Caire (2004), Alger (2003), Beyrouth, Jérusalem. Le recueil est paru en 2008 mais ces textes sont d’époques diverses, sans doute pour certains la reprise d’articles pour Actuel où l’auteur a travaillé. La préface ne le dit pas. Lors de ces voyages Mohamed Kacimi a constaté la montée de l’islamisme. Il s’inquiète des progrès de cet obscurantisme générateur de violences.
Mohamed Kacimi écrit bien, il a le sens de l’humour et de la formule assassine. C’est souvent très plaisant à lire. J’ai été fort intéressée par les points historiques qu’il fait sur le village de son enfance, sa famille ou les villes où il se rend. Il me semble par contre que, dans sa critique de l’islam, l’auteur manque parfois de nuance. C’est notamment le cas quand il dit que la confrontation et l’islam « dure depuis les croisades. De Jérusalem à Lépante en passant par Constantinople, l’islam sent, en Europe, l’épée, la poudre et le sang. » En ce qui concerne les croisades, ce sont quand même les Européens qui ont commencé, si je ne m’abuse…
A Prague, sous l’occupation nazie, le narrateur, Josef Roubiček, Juif, ancien employé de banque, survit dans une mansarde en attendant la déportation. Il a brûlé tout ses meubles pour se chauffer et pour qu’Ils (l’occupant n’est jamais nommé) n’aient rien à lui prendre. Un acte de résistance à la mesure de ce doux. Seul, sans famille, sans amis, souffrant du froid et de la faim, soumis à des humiliations et à des interdictions toujours plus nombreuses il tient le coup en se réfugiant dans les rêves et les souvenirs de sa vie passée, particulièrement celui de Růžena, une femme mariée avec qui il eut une liaison. Malgré l’interdiction de posséder des animaux domestiques il se lie aussi d’amitié avec Thomas, un chat errant qu’il accueille dans sa chambre. Mais un jour, alors qu’il prend le soleil dans un terrain vague, Roubiček fait la connaissance de Materna, un ouvrier qui l’invite chez lui.
J’ai trouvé excellent ce roman, fort bien écrit, qui fait bien ressentir comment l’accumulation successive d’interdictions parfois contradictoires, sans signification, englue petit à petit les victimes et les amène à considérer la déportation comme une solution de facilité. Jiří Weil montre aussi les événements qui rattachent Roubiček et l’amènent à envisager la possibilité de s’en sortir : un inconnu croisé dans la rue qui lui suggère d’enlever son étoile pour pouvoir prendre le tram, un miracle qui lui permet d’échapper à une rafle, un morceau de musique écouté dans un sanatorium.
Keisha, Ingannmic et Passage à l’Est proposent aussi des lectures à l’occasion du 27 janvier, journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de la shoah.
L’été est terminé. C’est l’occasion de se rappeler quelques souvenirs de vacances en 2022-2023. Des séjours très orientés côte ouest cette année. Mais pas que. Saurez-vous trouver l’intrus ?
Combe, sud de l’Angleterre, 997. Alors que Edgar, 18 ans, fils d’un charpentier de marine, s’apprête à fuir nuitamment le domicile familial avec Sunni, son amoureuse, une femme mal mariée, les Vikings attaquent et mettent à sac le village. Sunni et le père d’Edgar font partie des victimes, la vie du jeune homme va changer totalement. Avec sa mère et ses frères, Erman et Eadbald, ils quittent Combe pour Dreng’s Ferry, à plusieurs jours de marche, où ils ont obtenu la gestion d’une ferme. Il faut travailler durement la terre pour survivre, Edgar a un talent de bâtisseur et du goût pour la construction, pas pour l’agriculture et les relations avec ses frères sont difficiles.
Fille du comte Hubert de Cherbourg, Ragna est tombée amoureuse de Wilwulf, ealdorman (seigneur) de Shiring, et a obtenu de l’épouser. Arrivée en Angleterre elle constate que sa belle-famille est accrochée à son pouvoir absolu sur Shiring et n’envisage pas de lui en céder la moindre parcelle. Elle qui comptait co-gouverner avec son époux comprend qu’il va lui falloir trouver des alliés et jouer avec finesse pour parvenir à son but. Cette lutte pour le pouvoir la mènera à des violences qu’elle n’avait pas imaginées.
L’action de ce gros roman de 850 pages se déroule avant Les piliers de la terre, entre 997 et 1007. En avant-propos la période nous est présentée comme le début de la fin de « l’âge des ténèbres ». Je me suis demandée si la peinture très sombre de cette période n’était pas un peu caricaturale. Il me semble que les historiens sont un peu revenus sur cette vision du haut Moyen-âge. Toujours est-il que le cadre du roman est celui d’un monde essentiellement soumis à la loi du plus fort. L’évêque Wynstan, frère de Wilwulf, est prêt à tout pour conquérir plus de pouvoir. Et le roi Ethelred, qui a besoin du soutien militaire de ses seigneurs pour repousser les raids vikings ou les incursions des Gallois, n’est guère en mesure d’imposer sa loi. L’Angleterre de l’an mille est un pays qui pratique encore la polygamie et l’esclavage. Les esclaves sont des prisonniers de guerre gallois ou irlandais, soumisà toutes les violences, à l’image de Blod, battue et prostituée par son maître.
Parmi les partisans d’une société plus policée se trouvent bien sûr Edgar et Ragna mais aussi le prieur Aldred, un moine qui veut faire respecter les principes d’amour et de charité des Evangiles.
Malgré son grand nombre de page j’ai lu ce roman facilement, en quelques jours, grâce à ses nombreux rebondissements et péripéties. Qui a déjà lu la suite saga Kingsbridge (trois tomes écrits avant celui-ci), retrouvera toujours un peu le même schéma : un méchant évêque, avide de pouvoir et de richesses, opposé à des héros idéalistes aux amours contrariés. A la fin les gentils gagnent. C’est très romanesque et donc une lecture distrayante.
En 2003 la mère d’Anne Berest, Lélia, a reçu une carte postale anonyme sur laquelle étaient inscrits quatre prénoms : « Ephraïm, Emma, Noémie, Jacques ». Il s’agit des grands-parents maternels de Lélia et de sa tante et son oncle, tous quatre assassinés à Auschwitz. Dix ans plus tard, enceinte de sa fille, Anne Berest interroge sa mère sur l’histoire de sa famille.Nous découvrons ainsi le destin des Rabinovitch, Juifs de Russie qui quittent Moscou pour Riga à cause de la révolution, puis Riga pour la Palestine à cause de l’antisémitisme, avant de s’installer en France. Cette première partie annonce ce que sera le reste du livre : un mélange de documentation historique et de roman puisque sont reconstituées les paroles, les sensations et les pensées intimes des personnages que l’autrice suit quasiment jusque dans la chambre à gaz. J’ai lu sur Babélio que ce procédé avait incommodé certains lecteurs. Ce n’est pas mon cas mais je trouve parfois qu’elle en fait trop.
La seule survivante de la famille est Myriam, mère de Lélia, soeur aînée de Noémie et Jacques, sauvée de la déportation par son mariage avec Vicente Picabia, le fils du peintre.
En 2019 Anne Berest décide d’enquêter sur la carte postale anonyme et d’en retrouver l’auteur. C’est un moment où elle se pose des questions sur sa judéité. Qu’est-ce que cela veut dire être Juif aujourd’hui en France quand on a grandi dans une famille non croyante et non pratiquante ? Qu’est-ce qui se transmet de cet héritage malgré les silences et les non-dit ? Qu’est-ce que cela signifie être une descendante de survivante ? Je trouve cette réflexion intéressante même si il m’arrive de ne pas la suivre dans ses analyses, notamment quand elle explore l’influence qu’ont eu sur elle et sa soeur les prénoms cachés qu’on leur a donnés. Il me semble que je connais des gens qui ont les mêmes traits de caractère que décrits ici sans avoir les mêmes antécédents. L’enquête sur la carte postale est aussi l’occasion de présenter l’engagement des Picabia dans la résistance. Jeanine Picabia, soeur de Vicente, a dirigé le réseau Gloria et y a fait participer mère, frère, belle-soeur.
J’ai écouté ce texte lu par Ariane Brousse de façon vivante. Elle a une voix claire mais est capable d’en changer pour jouer les différents personnages qui interviennent. Elle prend ainsi une voix rauque pour incarner Lélia, grande fumeuse. Au total c’est un livre que j’ai trouvé intéressant et émouvant et qui m’a donné envie de lire autre chose de l’autrice.Peut-être le livre qu’elle a écrit avec sa soeur, Claire Berest, sur Gabrielle Picabia, leur arrière-grand-mère qui intervient dans La carte postale.
A l’habitude chez Audiolib le texte est suivi d’un entretien avec l’autrice où elle donne quelques explications sur son travail et notamment sur l’articulation entre faits réels et romancés.
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