Au printemps 1968, Gil Kemeid, père de l’auteur, jeune Québecois d’origine libanaise, s’envole pour l’Europe. Il a le projet d’y acheter une Vespa et de longer la Méditerranée jusqu’au Liban. Peu de temps avant son départ Gil a rencontré Carole dont il est tombé très amoureux. Il part quand même mais lui envoie tout au long de son périple un grand nombre de cartes postales pour qu’elle ne l’oublie pas. Olivier Kemeid s’appuie sur ces archives familiales pour rédiger le présent livre qui est loin de n’être qu’un récit de voyage.
L’auteur nous présente aussi un aperçu de l’histoire des lieux traversés. Il s’agit d’abord de faits contemporains du voyage. Ainsi Gil arrive en France au début des événements de Mai 68 et y séjourne deux mois, pestant contre les grèves qui entravent ses projets. Grand admirateur de de Gaulle depuis « Vive le Québec libre ! » il critique les jeunes révoltés. L’auteur analyse le positionnement politique de son père, conservateur par refus du conformisme. A sa fin le voyage est borné par l’écrasement d’une autre révolte, le Printemps de Prague. C’est au moment même où les chars russes entrent en Tchécoslovaquie que Gil avait prévu de traverser le pays.
Olivier Kemeid ne s’arrête pas au temps présent du voyage de son père. Il est question aussi de faits plus anciens ou survenus depuis 1968. Je découvre ainsi l’épuration ethnique qui a frappé les mususlmans de Bulgarie en 1989 et forcé 360 000 d’entre eux à quitter leur pays pour la Turquie. Puisque Gil longe la Méditerranée jusqu’en Turquie c’est l’occasion de parler du sort des migrants qui aujourd’hui tentent le déplacement inverse au sien.
Quasiment tout est sujet à digression pour l’auteur ce qui donne un livre riche mais pas toujours évident à suivre, d’autant plus que les phrases s’étirent souvent sur deux ou trois pages. Olivier Kemeid écrit une langue proche de l’oral avec ses circonvolutions. Je vois qu’il est par ailleurs auteur pour le théâtre. Malgré cela c’est une lecture que j’ai appréciée. J’ai apprécié l’érudition de l’auteur et le fait que la rédaction de ce livre ait été aussi pour lui une façon de voyager en pensée avec son père décédé.
Paris sera toujours Paris
De retour de la capitale où j’ai passé une semaine comme c’est devenu une tradition en février.
J’ai visité des expositions :
C’est la vie ! au musée Maillol, sur les vanités de Caravage à Damien Hirst. Ca n’est pas morbide, saisissant et parfois drôle : j’ai particulièrement aimé les légumes (aubergine) sculptés en forme de tête de mort.
D’Izmir à Smyrne, au musée du Louvre, raconte la découverte par des Français des vestiges grecs à Izmir depuis l’époque de Louis 14. A cette époque la France avait des relations relativement importantes avec le Levant.
La splendeur des Camondo, au musée d’art et d’histoire du judaïsme, est celle qui m’a le plus intéressée. J’y ai découvert cette famille juive originaire de Contantinople et qui s’est installée en France à la fin du 19° siècle. Ces riches banquiers ont été des mécènes dont les dons ont enrichi les musées parisiens. J’avoue que je n’avais jamais entendu parler de cette famille qui mérite d’être connue. Ces deux dernières expositions sont organisées dans le cadre de la saison de la Turquie en France. Je ne connaissais pas non plus le musée d’art et d’histoire du judaïsme et j’ai déjà prévu d’en visiter les collections permanentes dès mon prochain passage à Paris.
Je me suis promenée dans les quartiers ethniques :
Et bien sur j’ai acheté des livres et des vidéos :