L’action se déroule entre 1327 et 1361 à Kingsbridge, sur les lieux mêmes où se déroulait celle des Piliers de la terre, environ 200 ans plus tôt. Un certains nombre de personnages sont des descendants de ceux du premier roman.
On suit les aventures de Merthin le Pontier. Descendant de Jack le Bâtisseur dont il a hérité la chevelure rousse, c’est lui-même un bâtisseur de génie qui doit batailler pour être accepté par la guilde des commerçants et artisans après avoir été renvoyé par son maître avant la fin de son apprentissage.
Merthin est amoureux de Caris, fille d’un marchand de laine. Caris est une jeune femme éprise de liberté qui hésite à épouser l’homme qu’elle aime de peur de perdre son indépendance. En fait, depuis la mort de sa mère, elle voudrait être médecin mais cette profession est réservée aux hommes qui savent quand même bien mieux qu’une femme saigner le malade. Sa volonté d’émancipation, sa lutte contre toutes les traditions aveugles, particulièrement l’autorité masculine, font de Caris le personnage central du roman et donnent à celui-ci une vraie coloration féministe.
Pour les aspects ruraux de la vie au 14° siècle il y a les serfs Gwenda et Wulfric aux prises avec leur seigneur Ralph Fitzgerald dont les occupations favorites sont de faire la guerre, se battre, chasser et violer ses paysannes -à peu près dans cet ordre.
Que d’aventures ! Les 1300 pages (!) de ce gros bouquin se lisent sans difficultés. Dans un premier temps cependant j’ai trouvé que Ken Follett se démarquait peu des Piliers de la terre. Des situations et des personnages m’ont semblé trop semblables à ceux du premier roman : Caris et Merthin ce sont Aliena et Jack ; le prieur Godwyn pour qui la gloire de dieu passe par sa propre élévation (qu’il est méprisable!) me fait penser à Waleran Bigot et le méchant seigneur Ralph Fitzgerald ressemble fort à William Hamleigh.
Puis le roi d’Angleterre s’en va guerroyer en France et on assiste à la bataille de Crécy dans laquelle la cavalerie française s’est jetée sur les archers anglais et s’est fait décimer. Intéressant.
Avec la grande épidémie de peste de 1348 on entre sur un terrain complètement nouveau et passionnant. Cette maladie pour laquelle on ne connaît qu’un seul remède : « Pars de bonne heure, parcours une longue route et ne reviens pas avant longtemps » (Pars vite et reviens tard, disait Fred Vargas) a tué près de la moitié de la population. L’auteur monter très bien comment cette hécatombe a bouleversé la société. Des survivants de tous leurs proches deviennent soudain riches par héritage. Des paysans profitent de la pénurie de bras pour discuter avec leur seigneur des conditions de travail plus avantageuses. On forme les prêtres en quelques mois, les médecins en trois ans au lieu de cinq.
Je n’ai abordé qu’une petite partie des péripéties auxquelles l’ouvrage convie le lecteur. Peu de risque qu’on s’y ennuie. En tout cas, moi, j’ai beaucoup aimé.