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Nicolas part en classe de neige pour deux semaines et dès le début de ce roman on sent que quelque chose va mal se passer pour lui. Alors que le transport est organisé en car, son père a tenu à l’amener en voiture ce qui le singularise par rapport aux autres élèves. Nicolas est un enfant replié sur lui-même qui fait des cauchemars la nuit et imagine des scénarios inquiétants le jour. D’où viendra la violence ? De Nicolas lui-même, d’un camarade de classe, d’une famille dont on comprend que son fonctionnement n’est pas épanouissant ou de l’extérieur ? Au départ toutes les possibilités sont ouvertes et c’est l’habileté d’Emmanuel Carrère de faire planer comme une menace sur la lecture.
En même temps il y a l’intervention de Patrick, le moniteur de la classe de neige, qui fait entrevoir à Nicolas ce que pourrait être une enfance insouciante et apporte au lecteur une note d’espoir et des petits moments de respiration. Mais le malaise progresse quand même. Cela tient en haleine jusqu’à la fin dont on ne suspecte le dénouement qu’assez tardivement.
Née en 1926, Cornélia Keller, la narratrice, est une jeune fille du sud de l’Allemagne. Elle grandit dans une famille pas très heureuse. Le père, un orfèvre frustré qui se rêvait artiste, se met facilement en colère et Cornélia le craint. A partir de 1932 le nazisme va être une révélation pour cette famille, va servir de ciment et de projet commun. Cornélia partage enfin quelque chose avec son père et connaît de vrais moments de bonheur grâce à cela.
Dès l’âge de 10 ans elle entre aux jeunesses hitlériennes où elle va s’investir toute entière. Son enthousiasme et son idéalisme lui permettent de grimper les échelons. A 13 ans elle est Führerin (cheftaine) et continue dans le mouvement jusqu’à la chute du régime. Autour d’elle l’Allemagne s’enfonce peu à peu dans la guerre. Le sud du pays est d’abord peu touché par les bombardements mais son frère et son beau-frère sont sur le front russe ou en France.
Cet excellent ouvrage est en fait un récit autobiographique. C’est sa propre histoire que raconte Renate Finckh avec beaucoup d’honnêteté et de courage. Elle a d’abord écrit ce livre pour expliquer à ses enfants comment elle avait pu se laisser prendre. Elle montre comment la propagande et l’embrigadement on su s’appuyer sur les failles et les aspirations de chacun. Elle retrouve les « grains de sable », les choses qui la gênaient, les pensées non conformes qu’elle avait parfois et analyse comment elle était poussée à les mettre de côté, à ne pas les écouter.
J’ai trouvé passionnant de découvrir de l’intérieur le fonctionnement des Mädel, les jeunesses hitlériennes pour les filles ; de lire tous les mensonges qui ont permi au régime de justifier ses agressions successives. C’est vraiment un très bon témoignage.
Jacqueline Hénard est journaliste, elle est née et a grandi à Berlin-ouest. Elle raconte ici l’histoire de cette « île » allemande, morceau de RFA en RDA de la fin de la seconde guerre mondiale à la chute du Mur.
Le 21 avril 1945 les troupes soviétiques entrent dans Berlin qui passe sous leur contrôle. Elles y restent seules pendant plus de deux mois avant l’arrivée des autres alliés. Cette situation est une occasion de pillage. Dans les futurs secteurs occidentaux les Soviétiques emportent ce qui reste des usines. 88% des capacités de production industrielles disparaissent ainsi, à l’est seulement 33%. Je me rappelle que dans Une femme à Berlin l’auteur racontait comment elle avait été réquisitionnée pour participer à ce démontage.
En 1948 le blocus de Berlin entraîne la partition de l’Allemagne. Depuis ce blocus les autorités de Berlin-ouest vivent dans la crainte d’un deuxième blocus. Il y a donc en permanence des stocks de nourriture devant permettre de tenir 180 jours. Ils sont régulièrement renouvelés et les denrées sorties des stocks sont écoulées à bas prix dans les supermarchés de la ville. Les ménagères économes connaissent ainsi de nombreuses façons d’accommoder le boeuf en boîte.
Mais la guerre froide ce n’est pas seulement cette petite histoire un peu amusante. C’est aussi des situations vraiment inquiétantes. Ainsi, avant la construction du Mur les Soviétiques n’hésitent pas à venir enlever jusque dans Berlin-ouest des opposants au communisme. En octobre 1950 le gouvernement militaire américain estime le nombre de rapts à 3000. Kidnappé le 8 juillet 1952, le juriste Walter Linse est condamné à mort par un tribunal militaire soviétique et exécuté en décembre 1953.
En 1961 la construction du Mur prive Berlin-ouest d’une partie de sa main-d’oeuvre (60 000 travailleurs venaient quotidiennement de l’est). On va donc, à coup de primes et d’avantages fiscaux, attirer des Allemands de l’ouest vers Berlin. D’une façon générale Berlin-ouest, qui est aussi une vitrine du bloc-ouest, fonctionne grâce aux subventions versées par le reste du pays, argent facile qui entraîne détournements et corruption. Jacqueline Hénard évoque les réseaux d’évasion de l’est vers l’ouest. Mais aussi les originaux qui ne supportent pas qu’on borne leur horizon et qui franchissent le Mur dans l’autre sens, régulièrement pour certains. Ils sont vite renvoyés à leur point de départ par les autorités est-allemandes. Jusqu’à la prochaine fois…
J’ai plutôt apprécié ce livre. La lecture en est facile et les anecdotes rendent le récit vivant.
Un homme est retrouvé mort à son domicile de Reykjavik. Il a eu le crâne fracassé par un lourd cendrier en verre. En enquêtant l’inspecteur Erlendur se retrouve sur la trace d’un viol vieux de 40 ans. La police n’a pas été très efficace à l’époque, heureusement notre héros l’est beaucoup plus.
Ce que j’ai particulièrement apprécié dans ce polar c’est l’ambiance islandaise. On est en octobre et il pleut 24 heures sur 24. Ceci dit la météo locale annonce des précipitations record et ces jours-ci j’ai parfois le sentiment de vivre en Islande. J’apprends que dans ce petit pays les gens n’ont pas de nom de famille et donc tout le monde s’appelle par son prénom ce qui donne l’impression que tout le monde se connaît, impression pas totalement fausse manifestement, confirmée par d’autres éléments.
En décembre 2004 Emmanuel Carrère est en vacances au Sri Lanka avec sa compagne Hélène quand survient le tsunami qui ravage cette partie de l’Asie. Dans les jours qui suivent Emmanuel et Hélène portent assistance à des rescapés et plus particulièrement à un couple de Français dont la petite fille, Juliette, a été tuée par la vague. Tu es écrivain, dit à Emmanuel le grand-père de Juliette, tu devrais écrire là-dessus.
Rentrés en France, Emmanuel et Hélène se retrouvent confrontés à la maladie d’une autre Juliette, la soeur d’Hélène, atteinte d’un cancer. Elle meurt quelques mois plus tard. Elle était juge et, après son décès, sa famille fait connaissance de son collègue et ami Etienne Rigal. C’est Etienne qui, cette fois, suggère à Emmanuel d’écrire l’histoire de Juliette.
Dans ce récit Emmanuel Carrère aborde les questions de la mort, du deuil, du sens de la vie, du bonheur et tout ça est excellemment fait. Dès la première page j’ai été happée. Le propos est parfois abrupt mais derrière j’ai senti un vrai intérêt pour les gens et leurs choix de vie, une vraie empathie, jamais aucune commisération. Emmanuel Carrère parle aussi de lui-même et de son mal de vivre et cependant je ne trouve pas ça égocentrique (ce que j’avais trouvé en lisant Un roman russe) parce qu’ici, en parlant de lui, il parle des autres et aux autres (donc de moi et à moi). Il est question de « gens dont le noyau est fissuré pratiquement depuis l’origine« . Je ne dis pas que je suis aussi atteinte que l’auteur (loin de là quand même) mais il me semble que chacun a plus ou moins sa fêlure. Celle d’Emmanuel Carrère en tout cas va mieux puisqu’il s’annonce guéri. Avoir approché la mort a sans doute été un élément de sa thérapie.
J’ai beaucoup aimé ce livre qui fait réfléchir et qui tire vers le haut. Ce n’est pas triste, je trouve, malgré le sujet de départ, plutôt optimiste. C’est vraiment une lecture que je conseillerais et un livre que je vais sans doute offrir. Au moment de classer mon article je me demande dans quelle catégorie le mettre aussi j’en crée une pour cet auteur avec lequel je n’en ai pas fini, c’est sûr.
En 1843 Gérard de Nerval s’installe au Caire pour trois mois. On lui dit qu’il faut une femme dans sa maison, il achète au marché une jeune esclave javanaise. Il pense avoir acquis une servante, malgré la différence de langue elle va bien lui faire comprendre qu’il n’en est rien et il doit même engager un couple de gardiens pour veiller sur sa vertu.
Nerval visite les sites historiques, mosquées, pyramides. Il se fait raconter par un cheikh les légendes qui courent sur ces dernières et ne les trouve pas moins crédibles que les explications des scientifiques. Il s’informe également de l’organisation des harems et découvre à sa grande surprise qu’on n’y mène pas la vie de plaisirs qu’on croit en Europe. « La vie des Turcs est pour nous l’idéal de la puissance et du plaisir, et je vois qu’ils ne sont pas seulement maîtres chez eux. (…) Pauvres Turcs ! Comme on les calomnie ! Mais s’il s’agit simplement d’avoir çà et là des maîtresses, tout homme riche en Europe a les mêmes facilités. »
Ce tout petit livre, extrait du Voyage en Orient, est fort bien écrit. Nerval raconte avec beaucoup d’humour les situations déroutantes auxquelles il est confronté. Yueyin aussi a apprécié.
Mémoires d’enfants cachés, 1939-1945 Cet ouvrage est la version pour enfants de Paroles d’étoiles. Elle réunit quelques unes des lettres et quelques uns des témoignages collectés grâce au travail de l’association des enfants cachés et aux retombées des appels émis par les antennes de Radio France en janvier 2002. Ces enfants cachés sont des enfants juifs de France qui ont échappé à la déportation parce qu’ils ont été cachés par leurs parents ou recueillis par des personnes qui les ont sauvés. Leurs situations sont alors bien différentes. Catherine a vécu heureuse à la campagne chez Maman Pé, d’autres, comme Robert, ont été ballotés d’institutions religieuses en familles d’accueil.
Après la guerre, dans le meilleur des cas, ces enfants retrouvent des parents qu’ils ne connaissent plus mais beaucoup d’entre eux aussi sont orphelins. Ils disent la difficulté de retrouver une vie normale quand on a appris à se cacher et à dissimuler, l’enfance ou l’adolescence mises entre parenthèses, le traumatisme d’être seul survivant et de devoir se construire sans appui familial. Les histoires des enfants sont présentées sous des formes variées : récit rédigé à la première personne, biographie ou lettres adressées à une mère disparue, à Maman Pé. L’ensemble est suivi d’une chronologie des persécutions antisémites en France et d’un lexique. Le tout est bien fait.
L’histoire se déroule en Allemagne des années 30 à la deuxième guerre mondiale. Le narrateur et Frédéric, tous les deux nés en 1925, sont voisins et amis depuis l’âge de quatre ans. Frédéric est Juif et, petit à petit, les interdits le frappent ainsi que sa famille. Le père de Frédéric, M. Schneider, fonctionnaire, est mis à la retraite d’office à 32 ans. Frédéric doit changer d’école puis les cinémas sont interdits aux Juifs. Dans un jardin public les bancs verts sont réservés aux non-Juifs et les bancs jaunes aux Juifs et il faut porter l’étoile jaune.
Ce roman pour enfants montre très bien comment, petit à petit, l’Etat nazi exclu les Juifs. Les personnages offrent une palette de comportements nuancés. Il y a M. Resch, le propriétaire de la maison où vivent les deux familles, membre du Parti et tout boursouflé de son importance, pour qui l’antisémitisme est une occasion de se donner un peu plus de pouvoir. Il y a le maître d’école des deux enfants qui explique à ses élèves que les Juifs sont des êtres humains comme les autres et termine son discours par « Heil Hitler ! ». Enfin il y a la famille du narrateur (son père adhère au Parti). Ils restent amis des Schneider jusqu’au bout, les aidant chaque fois que cela ne met pas leur propre sécurité en danger.
Inconnu à cette adresse est un roman épistolaire. Les lettres sont échangées de 1932 à 1934 entre Max Eisenstein, un Juif américain d’origine allemande et son ami et associé Martin Schulse. Ce dernier, après avoir longtemps vécu aux Etats-Unis, vient de rentrer en Allemagne avec femme et enfants. Ensemble Max et Martin sont propriétaires d’une galerie de tableaux à San Francisco. Max écrit donc à Martin pour lui donner des nouvelles de leur affaire mais aussi pour évoquer l’époque où ils passaient une bonne partie de leur temps libre ensemble. La seule famille de Max est sa soeur Griselle qui tente de percer comme actrice de théâtre en Autriche.
Très rapidement après son arrivée en Allemagne Martin est gagné par les idées des nazis et bientôt il demande à Max de ne plus lui écrire. Etre en correspondance avec un Juif lui causerait du tort et de plus il est sincèrement convaincu que ce qui se prépare est nécessaire pour l’Allemagne. Pire, quand Griselle -avec qui il a eu une liaison autrefois- se présente à sa porte pour lui demander son aide, il la lui refuse. Max prépare alors sa vengeance… par correspondance.
Voilà un livre qui a eu pas mal de succès depuis sa réédition au milieu des années 90. Le souvenir que je garde de la première lecture que j’en avais faite c’est d’avoir trouvé la fin jubilatoire. La relecture me déçoit, les personnages ne me paraissent pas très crédibles. Il me semble que Martin est bien vite converti au nazisme, lui qui était le meilleur ami de Max. Les premières lettres présentent la situation des personnages de façon pas vraiment subtile. Reste qu’il faut reconnaître à Kressmann Taylor le mérite d’avoir vu avant beaucoup (Inconnu à cette adresse a été écrit en 1938) le danger que représentait le nazisme. Et ça c’est fort.
Ce court récit est l’histoire de l’amitié, en Allemagne, au début des années 30, entre deux jeunes gens de 16 ans, Hans Schwarz, le narrateur, fils d’un médecin juif et Conrad von Hohenfels, rejeton d’une illustre famille de la noblesse souabe.Quand Conrad arrive au lycée, Hans est aussitôt séduit par sa prestance et ses origines et n’a de cesse d’attirer son attention. Les deux garçons deviennent très vite inséparables mais la montée du nazisme va mettre fin à leur relation. Hans découvre d’abord que la mère de Conrad est une antisémite convaincue qui garde la photo d’Hitler dans sa chambre. Puis ses parents l’envoient aux Etats-Unis pour le mettre à l’abri de brimades croissantes. Il ne rentrera jamais.
J’aime beaucoup ce petit livre fort bien écrit. 30 ans après le narrateur se retourne sur son passé pour se souvenir de cette amitié qui l’a marqué à jamais. Il me semble que les sentiments de l’adolescence sont bien rendus comme les exigences qu’on peut avoir à cet âge là dans ses relations avec ses pairs. En toile de fond se dessine l’Allemagne de 1933. L’auteur montre de façon poignante comment le père de Hans, croix de fer de la première guerre mondiale, persuadé que la culture allemande détournera ses compatriotes du nazisme, perd cruellement ses illusions. La dernière page qui justifie le titre est particulièrement émouvante.