Voici le premier épisode des enquêtes de Flavia di Stephano et de Jonathan Argyll dans le monde des amateurs d’art.
Jonathan Argyll, un étudiant en histoire de l’art a découvert à partir de documents l’existence d’un repeint de Raphaël. Au 18° siècle Carlo Mantini, peintre médiocre, a peint sur un Raphaël dans le but d’exporter l’oeuvre illégalement au profit d’un acheteur anglais. Le tableau a ensuite disparu et nul ne sait s’il est arrivé en Angleterre ou resté en Italie. Avec Flavia di Stephano, enquêtrice pour une brigade chargée de retrouver des oeuvres volées, Jonathan se lance à la recherche du Raphaël. Le tableau intéresse aussi un marchand d’art et un directeur de musée. L’affaire se corse quand un employé du-dit musée est assassiné. Elle mène nos héros de rebondissement en rebondissement jusqu’au coup de théâtre final qui révèle ce qu’il est advenu de l’objet du délit.
Les péripéties sont nombreuses, les héros sympathiques et le style plein d’humour. A l’évidence Iain Pears connaît et aime l’Italie. Une bonne série.
Iain Pears, Le comité Tiziano, 10-18
Ce livre est le deuxième épisode d’une série policière qui se déroule en Italie dans un cercle d’historiens et d’experts en art.
Le comité Tiziano, composé d’historiens de l’art de plusieurs pays se réunit une fois par an à Venise. Sa mission est d’expertiser toutes les oeuvres du Titien depuis le simple croquis jusqu’aux tableaux et aux fresques. Mais voici que l’on retrouve l’un de ses membres, le professeur Louise Masterson, assassinée dans un parterre de lys des Giardinetti Reali. L’enquêtrice Flavia di Stephano est missionnée sur cette affaire qui ne correspond pas précisément à ses attributions puisqu’elle fait partie d’une brigade spécialisée dans la recherche des oeuvres volées. Cependant son service est menacé par des restrictions budgétaires et il s’agit de montrer combien il est nécessaire.
A Venise, Flavia mène l’enquête aidée de son ami Jonathan Argyll, négociant en art. Les choses se compliquent quand d’autres membres du comité sont assassinés et que des tableaux que Jonathan essayait d’acheter sont volés.
Voilà un bon livre de la collection « Grands détectives » chez 10-18. Il me donne envie de lire les autres de la série (il y en a cinq déjà parus). On découvre le petit monde des spécialistes de l’art, les querelles de chapelles. C’est plein d’humour, un régal à lire.
Philippe Grimbert, Un secret, Le livre de poche
Philippe Grimbert a vécu une enfance difficile. Perturbé par des insomnies et des cauchemars, souffreteux, il s’est inventé un frère, un double plus beau et plus fort qui lui permettait de supporter l’existence. Il a 15 ans quand il apprend le terrible secret que ses parents et sa famille lui ont caché : ce frère a bien existé et il a été emporté par les persécutions antisémites qui ont frappé les Juifs d’Europe lors de la seconde guerre mondiale.
Philippe Grimbert est psychanalyste et à travers l’histoire romancée de sa famille il explore les répercutions d’un secret de famille sur un enfant théoriquement ignorant et qui somatise ce qu’on cherche à lui cacher. En même temps, il reconstitue cette histoire familiale passée sous silence et rappelle la mémoire de ceux qui sont morts sans tombe.
Irshad Manji, Musulmane mais libre, Le livre de poche
D’origine indienne, Irshad Manji est née en Ouganda et vit au Canada depuis sa petite enfance. Elle est musulmane et elle est lesbienne. Irshad Manji se pose de nombreuses questions sur sa religion et elle y apporte des réponses qui sont tout sauf stéréotypées.
Dans ce livre elle s’adresse aux musulmans et aux autres pour les amener à s’interroger sur l’islam d’aujourd’hui.
L’islam est-il compatible avec la démocratie et les droits de l’homme (droits des femmes, droits des minorités religieuses, droits des homosexuels) ? Pour répondre à cette question elle remonte à l’époque de l’islam éclairé et ouvert entre 750 et 1250. Qu’est ce qui a ensuite mal tourné, pourquoi les musulmans ont-ils cessé de penser ? Pour elle c’est le début des défaites militaires qui a entraîné un repli sur soi comme système de défense.
Une partie de l’ouvrage est consacrée à la naissance de l’état d’Israël et au sort du peuple palestinien. Irshad Manji rappelle qu’Israël est la seule démocratie de la région et que les états arabes ont fait beaucoup pour le malheur des Palestiniens. Comme tout le reste, ceci est solidement étayé par des arguments et des exemples.
Irshad Manji questionne aussi la place de l’Arabie Saoudite dans la doctrine musulmane contemporaine. Elle critique cet islam arabe qui a imposé ses vues obscurantistes et appelle les musulmans non-arabes (notamment asiatiques) à s’en détacher.
Pour terminer, l’auteur explore les pistes qui pourraient permettre à l’islam d’évoluer positivement. Son idée est que la réforme doit passer par les femmes et une amélioration de leur statut économique. En leur concédant des micro-crédits on leur permettrait de monter de petites entreprises. La prise de responsabilités et l’autonomie dans la sphère économique entraineraient automatiquement la même chose dans la sphère privée et religieuse.
Un très bon ouvrage dont les thèses m’ont convaincues. L’ensemble est très bien documenté, érudit sans en avoir l’air. Le style est vif et percutant, servant parfaitement le propos. Une femme de caractère et de convictions. Ca décoiffe et c’est plutôt réjouissant. Chapeau, Mme Manji !
Anne Wiazemsky, Une poignée de gens, Folio
Juillet 1916, Nathalie épouse le prince Adichka Belgorodsky et s’installe avec lui dans sa propriété de Baïgora en Russie centrale. Elle a 18 ans et lui 31 et ils sont très amoureux. Elle joue du piano, se baigne dans la rivière avec ses amies, profite de la vie. Il gère son exploitation modèle, rempli son office de recruteur pour l’armée russe et s’inquiète de l’agitation naissante parmi le peuple. C’est un réformiste qui pense que des changements sont nécessaires.
Août 1917, cet homme apprécié est massacré, sa famille quitte la Russie.
Mars 1994, Marie Belgorodsky, petite-nièce d’Adichka, Française, reçoit la visite d’un historien russe qui lui apporte le « livre des destins », le journal de son grand-oncle. Elle découvre l’histoire de sa famille qu’elle ignorait jusqu’à présent.
Ce roman est présenté un peu comme une enquête. Il alterne des passages de narration, racontant l’histoire de Nathalie et d’Adichka durant leur court mariage; des extraits du journal d’Adichka; des témoignages et rapports de personnes ayant assisté aux événements relatés. Le résultat est varié et facile à lire.
L’histoire rappelle le gâchis qu’a été cette révolution. Ici, c’est celui qui était prêt à changer les choses qui est massacré, c’est un jeune couple amoureux qui est brisé. Je compatis à la peine de Nathalie Belgorodsky et cependant je n’arrive pas à me sentir concernée par les malheurs de ces pauvres riches.
Je sui choquée par la description d’un objet : « Sur la desserte, le compotier en argent présentait des fruits dont certains étaient vrais et d’autres en porcelaine, faïence et jade« . Etait-ce vraiment nécessaire ? Est-ce qu’on a besoin de ce genre de choses quand à côté d’autres vivent misérablement ?
Paul Auster, Brooklyn follies, Actes sud
Nathan Glass, le narrateur, a 60 ans. Le cancer des poumons dont il est atteint est en rémission, il est pré-retraité et après son divorce récent il a emménagé à Brooklyn où il vit seul. Pour occuper son temps, il décide d’écrire « Le livre de la folie humaine » dans lequel il consigne les lapsus, les stupidités, les faiblesses, les inepties commis durant sa vie. Plus tard, il prévoit de rapporter les mésaventures de même type arrivées à des personnes de sa connaissance et enfin de se pencher sur les balourdises de l’humanité à travers les âges.
Quand il sort de chez lui Nathan se promène dans Brooklyn, quartier qu’il apprécie particulièrement, évoluant entre un restaurant dont la serveuse l’a séduit et une bouquinerie, le Grenier de Brightman. C’est là qu’un jour il tombe sur son neveu Tom qu’il n’avait pas revu depuis sept ans bien qu’il l’aimât beaucoup. La dernière fois que Nathan avait rencontré Tom celui-ci était un étudiant en littérature prometteur, futur professeur d’université et, à 30 ans, le voilà avec 20 kg de plus, employé d’Harry Brightman. Entre temps sa mère (la soeur de Nathan) est morte et sa soeur a disparu. La vie n’a pas été facile pour lui et les deux homme se retrouvent de nouveau très liés, unissant leurs solitudes.
Nathan fait la connaissance d’Harry Brightman, l’employeur de Tom. Le trio sympathise et tous les trois, lors de longues discussions, partagent leurs rêves de l’hôtel Existence, un endroit où on serait bien, où on pourrait vivre à l’écart des soucis du monde contemporain.
C’est un roman qui parle du bonheur de vivre, des plaisirs quotidiens, de l’amitié et de la solidarité, du moyen d’atteindre autant que possible son hôtel Existence. Je l’ai trouvé sympathique et agréable à lire.
Sharon Maas, Noces indiennes, J’ai lu
Trois personnages, trois lieux, trois époques.
Nat est né en 1943 et a été abandonné dans un orphelinat du Tamil-Nadu, région de Madras. A l’âge de quatre ans il est adopté par un médecin anglais qui vit dans un petit village des environs où il soigne les plus pauvres. Devenu un jeune homme, Nat part en Grande-Bretagne faire ses études et découvre les plaisirs d’une vie facile.
Saroj est née en 1952 en Guyane britannique (Amérique du sud) où elle grandit entourée d’une soeur docile, d’un frère qui se plait à faire le clown, d’une mère dévouée et aimante et d’un père très sévère. Lorsqu’elle atteint ses 13 ans son père annonce qu’il lui a trouvé son futur mari. Saroj entre alors en résistance et en révolte.
Savitri est née en 1915 à Madras. Son père est le cuisinier d’une riche famille anglaise et Savitri, depuis son enfance, aime David, le fils des maîtres. Ensemble ils grandissent libres et insouciants jusqu’au jout où le père de Savitri commence à penser mariage pour sa fille.
L’auteur nous présente chacun des personnages dans sa petite enfance puis les suit au fur et à mesure qu’ils grandissent. La narration est alternée, chaque paragraphe portant à tour de rôle sur chacun des personnages. On les voit grandir en parallèle alors qu’ils ne sont pas des parfaits contemporains. Petit à petit on découvre les liens qui unissent les trois héros.
L’histoire est agréable et facile à lire. On est tenu en haleine par les nombreux rebondissements et surprises. Cette qualité est aussi un reproche qu’on peut faire au roman car certains coups de théâtre sont vraiment énormes. Mais après tout c’est cela aussi qui accroche alors ne boudons pas notre plaisir.
Pavan K. Varma, Le défi indien, Actes sud.
Pourquoi le XXI° siècle sera le siècle de l’Inde
« Je rencontrai sur mon chemin tant de difficultés
Qu’elles furent toutes surmontées. »
Mîrzâ Ghâlib, poète urdu (1796-1869)
Dans ce livre, Pavan K. Varma s’interroge sur ce que c’est qu’être Indien (titre original : Being Indian, why the 21st century will be India’s ?) et répond en pointant les traits de civilisation qui sont des atouts pour le développement de l’Inde et qui doivent lui permettre d’être une grande puissance au 21° siècle. D’après l’auteur ces traits de civilisation sont au nombre de quatre.
1- Les Indiens admirent le pouvoir et les attributs du pouvoir. « Selon la tradition indienne celui qui est puissant n’est pas censé être réticent ou modeste dans la projection de son pouvoir« . Et c’est grâce à cela que la démocratie a pu se maintenir et durer en Inde, contrairement à ce qui s’est passé dans d’autres pays nouvellement indépendants. « La démocratie a survécu en Inde non pas parce que les Indiens sont des démocrates, mais parce que la démocratie est apparue comme l’instrument le plus efficace pour la conquête complaisante du pouvoir ». Et la démocratie est un atout pour le développement.
2- Les Indiens ont à coeur de s’enrichir personnellement. La religion hindouiste valorise cette réussite (« Acquérez de la richesse. Les racines du monde sont sa richesse. Il n’y a aucune différence entre un homme pauvre et un homme mort« . Le Râmâyana) et l’encourage : « même la mort ne peut pas empêcher d’avoir une nouvelle chance. On a donc toujours raison de ne pas perdre espoir« . Ceci explique l’esprit d’entreprise des Indiens et l’auteur donne de nombreux exemples de réussites en affaires par des personnes souvent parties de peu.
3- Les Indiens réussissent bien dans les Nouvelles Technologies de l’Information. Pourquoi ? Après l’indépendance, Nehru a voulu favoriser l’instruction primaire mais les classes supérieures ont réussi à faire porter les efforts plutôt sur l’enseignement supérieur et ce dans leur propre intérêt. Le résultat en est que l’Inde a le plus grand nombre d’enfants non scolarisés dans le monde mais aussi qu’elle a formé un grand nombre d’ingénieurs en informatique qui permettent au pays d’être bien placé sur la scène internationale. Et ils parlent Anglais (grâce à la colonisation britannique). Cependant Pavan K. Varma déplore qu’il n’y ait pas en ce domaine de « créateur » indien, seulement des exécutants. Il l’explique par le fait que les Indiens sont conformistes, conformisme qui est encouragé par un sentiment d’infériorité raciale dû à la colonisation et par la rigidité sociale (castes).
4- A la fin du 20° et au début du 21° siècles un sentiment d’appartenance nationale est en train d’émerger en Inde. Le développement d’une culture de masse fait apparaître une culture populaire nationale indienne. Par le biais de la télévision et des films hindis la langue hindie (ou plutôt l’Hinglish, Hindi mâtiné d’Anglais) se répand. De plus en plus les Indiens se déplacent à l’intérieur de leur pays, soit pour des raisons professionnelles, soit pour le tourisme.
Pour terminer, l’auteur liste ce qu’il reste à accomplir à l’Inde pour transformer ces atouts. Elle doit :
– éradiquer la corruption sous toutes ses formes.
– encourager l’initiative privée.
– capitaliser le talent de son peuple pour les industries de la connaissance.
– résoudre son problème de surpeuplement.
Pavan K. Varma est fier d’être Indien et il a raison car effectivement l’Inde est un pays en plein développement. C’est ce qui m’a frappée quand j’y ai voyagé en décembre 2005.
Pavan K. Varma est un vrai libéral qui pense qu’en de nombreux domaines il ne faut pas légiférer (notamment en économie) et que tout ira pour le mieux. Chacun ses idées, les miennes me portent un peu plus à gauche et il me semble qu’un peu d’interventionnisme de temps en temps ne peut pas faire de mal. Par exemple dans le domaine de l’éducation primaire où il reconnait lui-même qu’il reste à faire. Surtout, ce que je lui reproche c’est d’utiliser à plusieurs reprises le même exemple ou le même argument pour lui faire dire une chose et son contraire sans paraître relever les contradictions. Ainsi, l’utilisation de la crème éclaircissante « Fair & Lovely » est soit la preuve d’un sentiment d’infériorité raciale, soit le signe de la libération en marche des femmes indiennes (je glisse sur le fait que se maquiller serait une libération pour les femmes!). On retrouve ce procédé à plusieurs reprises à travers le livre et cette façon de tirer les arguments par les cheveux jette la suspicion sur le reste de l’ouvrage.
Yojana Sharma, Les jardins de Mardpur, Le livre de poche
Après la mort accidentelle de son père et de sa petite soeur et le remariage de sa mère, Deepa a été élevée par sa grand-mère, Amma. Quand ils étaient jeunes, Amma et son mari, astrologues des cours des royaumes du nord ont voyagé de résidence princière en résidence princière pour être présents lors des accouchements et préparer les horoscopes des nouveaux-nés. Amma raconte ses souvenirs à sa petite fille. En échange de ses services, elle s’est vu offrir de somptueux bijoux. Elle prétend qu’ils sont toujours cachés dans sa modeste demeure et qu’un jour Deepa trouvera le trésor.
En vieillissant Amma est devenue aveugle tandis que son don de double vue, au contraire, s’affirmait. Au contact des autres elle peut lire dans leur esprit et prédire leur avenir. Auprès de sa grand-mère et de leur bufflonne Jhotta, Deepa grandit tranquillement, sans soucis du lendemain.
Dans la même ville de Mardpur vit aussi Raman, un modeste employé de bureau. Raman a toujours été dénué de toute ambition et, tandis que ses frères sont de riches marchands de saris, il se contente des joies familiales et du calme de son jardin. Mais Raman a deux filles jumelles qui ont atteint l’âge de quinze ans et chacun estime qu’il est temps de les marier. Il va falloir payer dot et réjouissances. Où trouver l’argent ? Raman décide d’écrire un roman à succès. Hélas, l’inspiration ne vient pas facilement.
Convaincu que la bufflonne d’Amma donne un lait aux pouvoirs magiques Raman s’avise de s’en procurer les quantité nécessaires à la rédaction de son livre. Lors de ses fréquentes visites à Amma celle-ci lit dans ses pensées et en fait émerger les idées encore confuses. De retour chez lui Raman se trouve prêt à coucher par écrit les étapes d’un roman d’aventures palpitant.
J’ai beaucoup aimé ce bon roman, intéressant à plus d’un point. On entre dans l’intimité de familles indiennes et on découvre leurs modes de vie et de pensée. Tout confirme l’obsession de parents de filles de leur trouver un mari. La mère d’une amie de Deepa alors âgée de 12 ans observe celle-ci jouer et à quoi pense-t-elle ? « Elle se dit que son air d’abandon joyeux faisait plaisir à voir, tout comme ses mouvements, infiniment gracieux. Sa mère n’aurait aucun mal à la marier » !
La question des castes apparaît aussi car Raman est un bania (caste de commerçants) et à ce titre son projet d’écriture choque le prêtre du temple local, brahmane qui tente de lui mettre des bâtons dans les roues : les activités intellectuelles sont réservées aux brahmanes.
Tout ceci est présenté sur le ton d’un humour léger, non dénué d’esprit critique : « Sans dénigrer les mérites de Satyanarayan, Ma se fit la réflexion que le prêtre n’était pas exactement un cadeau pour Mardpur. Mais elle la garda pour elle-même, ne voulant pas critiquer un brahmane devant une servante.«
Enfin, par dessus tout, le message est qu’il faut devenir acteur de sa vie : « Le trésor est pour celui qui prend son destin entre ses mains« .
Siri Hustvedt, L’envoûtement de Lily Dahl, Babel
Lily Dahl a 19 ans et vit à Webster, une bourgade du Minnesota. Lily est serveuse à l’Idéal-Café et met de l’argent de côté pour pouvoir se payer des études. Elle est attirée par le théâtre et répète « Le songe d’une nuit d’été » dans la troupe locale d’amateurs. C’est par ce biais qu’elle se lie d’amitié avec Mabel, sa voisine, professeur à la retraite qui lui propose de l’aider à apprendre son rôle.
Dans l’hôtel en face de chez Lily est installé Edouard Shapiro, un peintre new-yorkais venu à Webster pour y réaliser une série de tableaux. Lily se sent attirée par cet homme. Elle le séduit et ils entament une liaison.
A l’Idéal-Café Lily sert leur petit déjeuner aux frères Bodler, Franck la Crasse et Dick le Sale, des ferrailleurs et à Martin Petersen, un garçon de son âge qui a été un ami d’enfance. Martin est affecté de bégaiement, c’est un solitaire au comportement parfois étrange. Martin s’est vu attribuer le petit rôle de Toile d’Araignée dans « Le songe d’une nuit d’été ».
Dans cette petite ville où tout le monde se connaît et s’observe voilà que se déroulent des événements étranges: plusieurs personnes affirment avoir vu un homme portant une femme inanimée, morte ? Selon certains témoins l’homme serait Martin Petersen ou… Jessie James et la femme Lily Dahl elle-même.
Les relations que Lily Dahl noue avec les diverses personnes qui traversent sa vie l’aident peu à peu à trouver sa voie. A travers une galerie de portraits pittoresques Siri Hustvedt nous raconte ici les quelques mois pendant lesquels une jeune fille encore hésitante devient une femme qui trouve l’envie et la force de vivre ses désirs pour elle-même. C’est bien fait et plutôt plaisant à lire.