Le tigre blanc c’est Balram Halwai, fils d’un pauvre conducteur de rickshaw. Bien qu’il réussisse correctement à l’école il en est retiré pour travailler dans un tea-shop. Il se fait plus tard embaucher comme chauffeur pour le fils d’un riche propriétaire terrien, tout juste revenu des Etats-Unis. Balram raconte son existence de serviteur exploité dans des lettres qu’il adresse au premier ministre de la Chine à l’occasion de son prochain voyage en Inde. Il y explique comment la corruption fini par toucher même ceux qui se veulent honnêtes. D’abord son maître puis lui-même.
Aravind Adiga peint le tableau de l’Inde des ténèbres, par opposition à l’Inde de la lumière, la shining India des publicités. Pour s’en sortir il faut jouer des coudes et faire preuve de débrouillardise. C’est quand il se résout à jouer le jeu des pots de vin et des magouilles que Balram s’élève.
Mon sentiment sur ce livre est mitigé. Je me suis finalement laissée prendre par l’histoire mais je n’ai pas trop apprécié la façon dont c’est écrit, notamment le fait que chaque chapitre soit présenté comme une nouvelle lettre au premier ministre chinois. J’ai trouvé que ça cassait un peu le rythme.
Andreï Makine, La vie d’un homme inconnu, Seuil
Ivan Choutov est un écrivain d’une cinquantaine d’années, d’origine russe et vivant en France. Son amie, beaucoup plus jeune que lui, vient de le quitter et il décide d’aller en Russie. Il souhaite y revoir Iana qu’il aimât trente ans plus tôt.
A Saint Petersbourg Choutov est volontiers accueilli par Iana mais elle n’a guère de temps à lui consacrer. Elle est devenue une femme d’affaires pressée, toute occupée à gagner de l’argent et à le dépenser. Choutov découvre alors que la Russie d’aujourd’hui n’a plus grand chose à voir avec celle qu’il a quittée. Elle est entrée dans cette société de consommation qu’il avait du mal à supporter en France.
C’est cependant ici qu’il va rencontrer Volski. Ce vieil homme lui raconte sa vie : survivant du siège de Leningrad, déporté au goulag, interné en hôpital psychiatrique, il a finalement été réhabilité après la mort de Staline mais surtout il a vécu un grand amour qui a surmonté toutes ces difficultés et a donné son sens à sa vie.
Des deux personnages c’est Volski qui est le plus intéressant. Toute son histoire est liée à celle de la Russie depuis la deuxième guerre mondiale. Choutov quant à lui ne m’est pas très sympathique, c’est un homme aigri. Je me demande à quel point ce n’est pas en partie Makine qui se cache derrière le personnage. Il termine son récit avec une conclusion à laquelle je n’adhère pas. Comparant l’époque actuelle avec celle de l’URSS il constate que c’était « une époque qu’il sait indéfendable et où pourtant vivaient quelques êtres qu’il faudra coute que coute sauver de l’oubli« . Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas dire la même chose du monde d’aujourd’hui.
Philip K. Dick, La vérité avant dernière, J’ai lu
En 2010 la troisième guerre mondiale a opposé bloc-est et bloc-ouest. Ca a été une guerre nucléaire et la surface de la terre a été entièrement irradiée. Mais les hommes avaient eu le temps de se creuser des abris souterrains et ils ont survécu. 15 ans plus tard ils y sont encore, ils fabriquent des robots, les solplombs, qui -croient-ils- continuent la guerre à la surface. Sur terre la radioactivité s’est en fait rapidement dissipée et une minorité de privilégiés, les Yancees, occupe d’immenses domaines, servie par les solplombs. Ils produisent de fausses informations destinées à maintenir la majorité souterraine dans son ignorance de la réalité.
Mon fils qui est un fan de Philip K. Dick m’a souvent conseillé d’en lire mais je dois dire que la SF ne m’attire guère à priori. Me trouvant un peu à court de lecture sur mon lieu de vacances j’ai fini par m’y mettre et, ma foi, j’ai bien apprécié.
Ce roman date de 1964 et s’inscrit dans le cadre de la guerre froide. En 2025 on parle encore de l’URSS et au début j’ai trouvé que ça avait un petit côté désuet mais ensuite je m’y suis faite.
La deuxième chose qui préoccupe Philip K. Dick c’est le totalitarisme, nazi ou stalinien, et son intérêt pour la propagande et la manipulation de l’information. Chez les Yancees la fabrication des nouvelles occupe un certain nombre de techniciens.
Je remarque enfin que les femmes sont quasi inexistantes, confinées à des rôles de figuration. Mes enfants m’assurent que ce n’est pas une habitude chez Philip K. Dick.
Paul Auster, Seul dans le noir, Actes sud
Immobilisé par un accident de voiture August Brill, un critique littéraire à la retraite, veuf depuis peu et pas encore bien remis de la mort de sa femme, est venu habiter chez sa fille Miriam le temps de sa convalescence. Miriam elle-même souffre encore de son divorce, cinq ans auparavant. Elle héberge aussi sa propre fille, Katya, laquelle se sent responsable de la mort de son ex-petit ami qui vient d’être assassiné en Irak.
Dans cette maison des âmes en peine chacun cherche un moyen d’éviter de ressasser ses souvenirs difficiles. August s’invente, pendant ses insomnies, des histoires dans lesquelles le 11 septembre n’a pas eu lieu et où l’Amérique est en proie à la guerre civile. Miriam écrit la biographie d’une femme qui a complétement changé de vie à l’âge de 45 ans et Katya visionne des films qu’elle analyse ensuite avec son grand-père.
« Et ce monde étrange continue de tourner. »
Dans ce roman plusieurs histoires se mélangent, la réalité des personnages et l’imagination d’August Brill laquelle se nourrit aussi de sa propre réalité. Il y a aussi l’histoire de la femme dont Miriam écrit la biographie et celles des héroïnes des films choisis par Katya. Paul Auster raconte bien les histoires et c’est plaisant à lire mais je ne suis pas sure que ça me laissera un souvenir impérissable.
Kazuo Ishiguro, Les vestiges du jour, 10-18
En 1956, Mr Stevens, un majordome vieillissant qui a passé 35 ans de sa vie au service d’un lord Darlington, part une semaine en voyage à la rencontre d’une ancienne collègue, miss Kenton. Ce temps de vacances est l’occasion pour lui de se remémorer sa carrière et ses relations avec Miss Kenton et de se livrer à une introspection au sujet de sa conception profonde du métier et, partant, du sens qu’il a donné à sa vie. Les vestiges du jour est présenté sous la forme du journal tenu par Stevens pendant ce voyage.
Le sujet du roman est l’étude psychologique du personnage. Stevens est de nature compassé, handicapé des relations humaines et sa fonction est aussi un refuge pour lui. Il se protège en jouant son rôle très codifié. Quelques années avant le début du récit Darlington Hall a été racheté par un riche Américain qui semble attendre de son employé un peu de spontanéité, ce qui déconcerte fort ce dernier. Sa semaine de vacances lui ouvre un espace de liberté inhabituel, l’amène à discuter avec des inconnus et, petit à petit, à reconsidérer certaines de ses positions.
Dans ses relations, et même avec ses proches (son père, Miss Kenton), le narrateur se montre également incapable d’exprimer ses sentiments. Ainsi quand il décrit ce qu’il voit ou fait, il utilise le « je » mais dès lors qu’il pourrait être impliqué de façon plus personnelle, il passe au « on » : « Je discernais à travers la brume un clocher entouré d’un amas de toits d’ardoise sombre; ça et là, des volutes de fumée blanche montaient des cheminées. On est forcé d’avouer qu’à ce moment-là, on s’est senti submergé par un certain sentiment de découragement. »
Cette incapacité l’empêche même souvent de prendre conscience qu’il ressent certaines choses.
Pour toutes ces raisons Stevens s’est totalement investi dans son métier au point d’avoir vécu par procuration à travers son maître. Celui-ci, manipulé par l’extrême-droite, a tenté de jouer un rôle dans les relations entre l’Allemagne nazie et la Grande-Bretagne avant la seconde guerre mondiale et Stevens, incapable de recul critique, est persuadé qu’en servant lord Darlington il a servi son pays. Son voyage qui est aussi un cheminement intérieur l’amène à la révélation finale qu’en vivant pour et par les autres il n’a pas vécu lui-même.
Tout ça n’est pas très gai mais tellement bien mené par Kazuo Ishiguro qui excelle à décrire le fonctionnement de Stevens et qui montre ainsi tout ce que l’on perd quand on se contrôle trop. J’ai beaucoup aimé cette lecture.
Toni Morrison, Un don, Christian Bourgois
Un don est l’histoire de l’esclave Florens, séparée de sa mère à l’âge de huit ans, à la fin du 17° siècle, pour être donnée à un fermier en paiement d’une dette. Le roman alterne des passages qui sont des épisodes de la vie de Florens, racontés par elle-même, et l’histoire d’un certain nombre de personnages qui interviennent dans la vie de Florens, par un narrateur extérieur.
On rencontre les maîtres de Florens, Sir et Mistress, Jacob et Rebekka Vaark. Ce sont des libre-penseurs qui espèrent mener leur vie en indépendants, sans trop de relations avec la communauté anabaptiste voisine. A la ferme il y a aussi Lina, une esclave indigène; Sorrow, une fille trouvée un peu bizarre et occasionnellement Willard et Scully, deux travailleurs loués. Les travailleurs loués sont des esclaves blancs. Ils sont engagés, parfois tout jeunes, pour payer une dette -ou celle de leurs parents- ou en punition d’un délit quelconque. Leur peine a en théorie une durée déterminée mais est généralement prolongée pour une raison ou une autre.
J’ai trouvé intéressant de découvrir cette société américaine à une époque où le pays était encore peu peuplé, où il y avait encore des Indiens (des indigènes) en liberté. Toni Morrison montre les méfaits de la superstition de sectes venues là pour trouver la liberté religieuse et qui imposent leurs croyances aux plus faibles. Le thème principal reste le traumatisme pour Florens de la séparation d’avec sa mère. Je n’ai compris le sens véritable du titre qu’à la toute dernière page et ce fut un coup au coeur. Cette révélation teinte toute l’histoire de Florens d’un caractère encore plus tragique.
Toni Morrison est une de mes auteurs favoris et j’ai lu pratiquement tous ses livres. Elle m’a conquise avec Beloved. A l’époque je m’intéressais un peu à la question de l’esclavage aux Etats-Unis et j’avais lu plusieurs biographies ou récits d’anciens esclaves, livres de témoignages mais c’est avec Beloved, un roman, que j’ai eu le sentiment de comprendre vraiment ce que signifiait l’esclavage. Il me semble depuis que si la notion de péché, ou de Mal, a un sens, c’est ici une des situations où elle peut s’appliquer. Le critique du New York Times, repris en quatrième de couverture, compare Un don à Beloved. J’ai le souvenir que ce roman m’avait fait une impression plus forte que je retrouve à la dernière page de Un don.
MG Vassanji, La troublante histoire de Vikram Lall, Rivages
Vikram Lall, le héros et narrateur de ce roman, est un Indien du Kenya. Son grand-père y a immigré pour travailler à la construction de la voie de chemin de fer qui traverse le pays. Agé de 50 ans environ, réfugié au Canada, il se remémore les épisodes de sa vie, tachant d’expliquer ce qui a fait de lui « l’homme le plus corrompu d’Afrique ».
Le point de départ est en 1953. Vikram, alors âgé de huit ans, et sa soeur Deepa étaient amis avec un jeune Africain, Njoroge et des enfants de colons anglais, Bill et Annie. Ils jouaient souvent ensemble. Deepa était amoureuse de Njoroge et Vikram d’Annie. Mais un jour Bill, Annie et leurs parents sont massacrés par la guérilla Mau-Mau qui lutte pour l’indépendance du Kenya. Ce drame traumatise profondément Vikram et va marquer tout le reste de sa vie.
J’ai beaucoup aimé cet excellent roman. Malgré sa carrière d’intermédiaire de la corruption Vikram Lall est un personnage sympathique du fait de sa capacité à analyser son comportement et à reconnaître sa responsabilité. Les mécanismes de la corruption, la façon dont hommes politiques et fonctionnaires ont profité des largesses distribuées par leurs alliés de l’est ou de l’ouest dans le cadre de la guerre froide est bien montré.
J’ai trouvé passionnant aussi de découvrir l’histoire récente du Kenya. Il y avait dans ce pays une importante communauté indienne (dont est issu l’auteur). Ils ont d’abord été favorisés par le colonisateur par rapport aux Africains puis discriminés après l’indépendance. Ils occupaient souvent des emplois de commerçants prospères et ont été considérés (et traités) comme les Juifs de l’Afrique de l’est.
MG Vassanji fait un parallèle entre l’entrée de Vikram Lall dans la vie adulte et l’accession à l’indépendance de son pays. Alors tout semble possible : le Kenya est un pays neuf où une nouvelle société va naître, sans discriminations. Avec l’âge viennent les désillusions. Les promesses n’ont pas été tenues. C’est toujours une minorité qui détient pouvoir et richesse. Elle a changé mais elle utilise parfois les mêmes hommes de main que la précédente. Pourquoi ne pas prendre sa part ?
Tout cela est très bien menée
Mary Ann Shaffer et Annie Barrows, Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, Nil
En 1946 la Grande-Bretagne ne s’est pas encore remise des dégâts liés à la guerre. Il y a les tas de gravats des immeubles détruits de Londres, des personnes disparues dont on espère encore des nouvelles. Juliet Ashton est une jeune écrivain qui a acquis une certaine notoriété en écrivant des chroniques humoristiques sur la vie quotidienne pendant la guerre. Elle reçoit une lettre d’un fermier de l’île de Guernesey, Dawsey Adams, qui s’adresse à elle un peu par hasard. Il est à la recherche d’un livre et espère qu’elle pourra l’aider à se le procurer.
Dawsey fait partie du Cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates de Guernesey. Rapidement une correspondance se met en place entre Juliet, Dawsey et les autres membres du Cercle. Ils lui racontent leur goût pour la littérature et leur vie à Guernesey sous l’occupation allemande. Dès 1940 l’île a été quasiment coupée du monde jusqu’à la fin de la guerre, transformée en véritable camp retranché, soumise à un couvre-feu rigoureux. Puis Juliet se rend à Guernesey et y fait connaissance avec des personnages souvent excentriques et éminemment sympathiques.
Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates est un délicieux roman par lettres que j’ai dévoré en une journée. Il y a des considérations sur ce que la littérature peut apporter dans des circonstances très diverses (quand votre pays est envahi, si vous voulez séduire une femme…), une présentation des conditions de vie à Guernesey pendant la guerre (c’est ce qui est le plus intéressant, à mon avis) et une charmante romance. On y croise une brochette de personnages pittoresques et larges d’esprit : ils accueillent sans porter de jugement l’homosexuel comme la « fille de Boche ». Cet aspect est très plaisant mais, je pense, peu réaliste et vaguement anachronique.
Ce livre a été très lu et apprécié sur beaucoup de blogs. Je l’ai vu chez Charlie Bobine et Papillon qui donne aussi plein de liens. La critique avec laquelle je suis le plus d’accord est celle d’Isil. Pour moi, la conséquence immédiate de cette lecture est l’abandon de celle de La maharani par Gita Mehta, au Livre de poche et que je me trainais depuis trois semaines. Comme le dit l’un des membres du Cercle : « Lire de bons livres vous empêche d’apprécier les mauvais ».
Louis de Bernières, Des oiseaux sans ailes, Folio
Ce passionnant roman raconte la fin de l’empire ottoman avant, pendant et peu après la première guerre mondiale. Ces événements terribles sont vus de façon vivante à partir de l’histoire de la petite ville d’Eskibahtché, en Anatolie, et de ses habitants.
Depuis très longtemps musulmans et Grecs plus quelques Arméniens, y vivent en bonne entente. Chacun traite l’autre d’infidèle mais les musulmans n’hésitent pas à adresser leurs prières à l’icône de la Vierge en cas de besoin et les mariages mixtes sont acceptés. Ainsi il est acquis pour tous dès leur plus tendre enfance que la belle Philothéi épousera Ibrahim qui la suit partout comme son ombre. On croise aussi Iskander le Potier qui fabrique des sifflets qui imitent le chant des oiseaux; l’imam Abdulhamid Hodja, homme doux amoureux de sa jument Nilüfer. Pour ne pas tuer les tortues qui dévorent ses légumes il les ramasse dans un sac et va les relâcher plus loin. Il y a de nombreux personnages pittoresques et attachants et aussi, en parallèle, la biographie de Mustapha Kémal.
La première guerre mondiale va mettre fin à cette vie paisible. Privé de ses jeunes hommes (enrôlés dans l’armée pour les musulmans, dans les commandos de travail pour les chrétiens) le village s’appauvrit. Les habitants sont victimes des attaques de bandes de hors-la-loi composées pour partie de déserteurs. C’est dans une quasi-indifférence que les Arméniens sont déportés.
Au front on tient aux jeunes gens un discours islamiste : cette guerre est une guerre sainte qui oppose les musulmans aux Francs. Pourtant l’empire est allié avec l’Allemagne alors que des Arabes combattent pour la Grande-Bretagne. Le gouvernement grec espère profiter du conflit pour réaliser son idée de Grande Grèce ou ressusciter l’empire byzantin au moins jusqu’à Istanbul. Les populations civiles sont les victimes de ces idées nationalistes : selon les aléas du combat les Grecs massacrent des musulmans puis les Turcs massacrent des Grecs.
Après la guerre les traités de paix prévoient l’échange des Grecs de Turquie contre les musulmans de Grèce. Ces déplacements de population provoquent encore de grandes douleurs. A Eskibahtché des amis de toujours se séparent sans espoir de se revoir. Les Grecs (qui ne parlaient que le Turc) doivent partir en abandonnant leurs biens sur place. Ils sont remplacés par des musulmans qui ne parlent que Grec. Surtout, on réalise alors que les chrétiens étaient aussi commerçants et artisans et le village s’appauvrit encore.
Louis de Bernières montre bien comment, à tous points de vue, économique et culturel, le passage de l’empire ottoman cosmopolite à la Turquie nationaliste a été un appauvrissement. Les délires nationalistes de certains ont souvent entraîné le malheur de beaucoup et l’auteur enfonce le clou là-dessus. Le petit bémol pour moi c’est la façon dont les Arméniens sont traités en victimes collatérales de tout cela. Il est question de « crimes de guerre tels que les marches mortelles des Arméniens et des prisonniers britanniques et les déportations de Grecs de la côte occidentale en 1914 ». Le mot génocide n’est employé que pour des massacres de musulmans par des Grecs.
Malgré cela j’ai trouvé ce roman excellent, bien écrit et avec souvent une pointe d’humour ironique. J’en ai lu facilement les 800 pages.
Henning Mankell, Le cerveau de Kennedy, Seuil
Louise Cantor, une archéologue suédoise, regagne son pays après une mission en Grèce. A Stockholm elle découvre son fils mort dans son lit. Louise ne veut pas croire qu’Henrik se soit suicidé comme le montre l’autopsie. Pour elle il a été assassiné et elle décide de mener l’enquête.
Louise découvre alors qu’Henrik avait une vie secrète dont elle ignorait tout. Il louait un appartement à Barcelone, il faisait de fréquents voyages vers le Mozambique. Avec quel argent ? Il semblait disposer de grosses sommes. Louise s’est adjoint Aron, le père d’Henrik, pour l’aider. Quand Aron disparaît sans laisser de traces, Louise comprend qu’elle approche de la vérité et qu’on veut l’en empêcher. A son tour, elle part pour le Mozambique.
En lisant la quatrième de couverture, ce roman m’a paru alléchant. Que de mystères ! J’attendais des révélations à la hauteur. A l’arrivée, c’est plutôt une vraie déception. L’histoire commence doucettement. Il faut plus de cent pages pour installer la situation et les personnages. Ensuite ça continue au même rythme. Beaucoup de questions mais bien peu de réponses. D’où venait l’argent d’Henrik ? Quel jeu joue Lars Hakanson ? Henrik s’est-il suicidé ou a-t-il été assassiné ? Nous ne le saurons pas.
Donc ce n’est pas un thriller. Une réflexion sur le deuil et la difficulté qu’il y a à admettre la mort de son unique enfant ? Cela se pourrait car Louise ressasse jusqu’à l’obsession les souvenirs de son fils, l’imagine encore vivant à ses côtés. Mais là aussi je dirais que c’est raté car je ne me suis pas sentie concernée alors que depuis que j’ai des enfants l’hypothèse de leur mort est une pensée qui me terrorise.
La quatrième de couverture (qui décidément est beaucoup trop bavarde) nous informe que ce roman est un cri de colère de l’auteur face au désintérêt de l’occident pour l’épidémie de sida qui ravage le continent africain. Il y a des accusations de complot mais qui ne me semblent pas étayées sérieusement, qui sont plutôt des insinuations.
En bref je n’ai pas bien compris où l’auteur voulait en venir et cela m’a agacée. Je n’ai pas pris beaucoup de plaisir à cette lecture. Et le cerveau de Kennedy dans tout ça ? Il ne joue qu’un rôle très secondaire.