Le narrateur, l’écrivain Sidney Orr, a été très gravement malade et sort juste de l’hôpital où il a fait un long séjour. Pendant sa convalescence il découvre dans son quartier une petite papeterie où il achète un carnet bleu fabriqué au Portugal. Rentré chez lui, il se met à écrire dans le carnet les bases d’un nouveau roman. Il est dans un état second et les mots arrivent sans qu’il ait besoin de les chercher.
L’histoire qui surgit presque d’elle même est celle de Nick Bowen, un éditeur new-yorkais. Alors qu’il effectue une course dans son quartier un morceau de corniche d’un immeuble se détache et s’écrase juste à côté de lui, l’épargnant de peu. Cet accident entraîne Bowen à s’interroger sur le sens de sa vie, son mariage qui bat de l’aile, sa rencontre peu de temps auparavant avec une jeune femme, Rosa Leightman, pour qui il a ressenti une grande attirance.
Interprétant le fait qu’il n’a pas été tué comme un signe, Bowen décide de recommencer sa vie. Il disparaît volontairement, prend le premier avion qui quitte New-York. Il emporte avec lui un manuscrit écrit par Sylvia Maxwell, la grand-mère de Rosa Leightman.
Ce manuscrit s’intitule « La nuit de l’oracle » et raconte l’histoire d’un aveugle, mutilé de la première guerre mondiale, qui fait des rêves prémonitoires.
L’histoire de Sidney Orr et celle de Nick Bowen s’entrecroisent dans ce roman plein d’invention et de rebondissements. Sidney Orr à un moment ne sait plus très bien s’il est dans sa vie ou dans celle de son personnage et moi-même j’étais dans une situation identique, ne sachant plus dans quel récit je me trouvais. En plus des deux récits principaux, d’autres viennent s’ajouter, plus ou moins esquissés : celui du manuscrit qui donne son titre au roman, ceux des personnages secondaires. L’un de ces personnages secondaires, Jacob Trause, a de nombreux points communs avec Mark de Tout ce que j’aimais (Siri Hustvedt). L’un a manifestement inspiré l’autre, à moins que les deux aient été inspirés par la même personne. Siri Hustvedt est la femme de Paul Auster.
La question de fond est celle du lien entre la fiction et la réalité. Un écrivain décrit des évènements qui se réalisent peu de temps après. le fait d’avoir pensé et écrit les choses les a-t-il amené à se produire ou l’auteur a-t-il prédit l’avenir ? « Nous savons parfois les choses avant qu’elles ne se produisent, même si nous ne savons pas que nous savons » répond Sidney Orr.