Jean-Marc, le narrateur, est un jeune retraité. Quand il apprend que Bernard, son ami depuis la maternelle, s’est engagé dans leur ville de Lyon dans l’équipe de campagne d’Eric Zemmour pour la présidentielle de 2027, il est inquiet. Bernard a en effet le chic pour se mettre dans des situations problématiques. N’est-ce pas le cas ici ? Pour protéger son ami Jean-Marc s’engage à ses côtés. Avec lui nous découvrons les composantes de la fachosphère lyonnaise, des petites mains aux donneurs d’ordres. Au programme : une action éclatante qui devrait assurer la victoire du Z à la présidentielle.
J’ai trouvé ce roman noir très plaisant à lire. Les personnages sont parfois caricaturaux mais l’auteur a le sens de la formule qui touche juste et est souvent drôle. Ce sont les dysfonctionnements de notre société actuelle qui sont dans la ligne de mire : la consommation présentée comme un but, le racisme comme soupape aux frustrations des petits Blancs, le cynisme de la grande bourgeoisie qui n’hésite pas à utiliser le peuple à ses propres fins. Néanmoins Jacky Schwartzmann ne porte pas le même regard sur tous ses protagonistes : Kevin, le nervi fasciste, a, du fait de ses origines et de sa situation sociale, des excuses que n’a pas le grand patron du BTP qui est aux manettes.
Deux filles nues est un tableau du peintre allemand Otto Mueller (1874-1930). Dans cette bande dessinée Luz nous raconte l’histoire de ce tableau depuis les premiers coups de pinceau en 1919 jusqu’en 2001. Et c’est passionnant parce que cette œuvre est loin d’avoir eu une existence plan-plan. Acheté à son auteur en 1925 par Ismar Littman, un avocat juif, le tableau est volé par les nazis et participe à leur exposition sur l’art dégénéré. J’ai été particulièrement intéressée par tout ce que j’ai appris sur cette exposition.
L’idée géniale de Luz c’est de présenter les événements dont il est question comme vus par le tableau lui-même. A la lecture il me faut un peu de temps pour comprendre ce point de vue original. Une fois que j’ai saisi le procédé, tout s’éclaire. En feuilletant l’ouvrage au moment d’écrire mon compte-rendu je prends conscience d’autres détails qui m’avaient échappé. C’est très bien fait, bravo à l’auteur !
En 1996 Luis Sepúlveda et son ami le photographe argentin Daniel Mordzinski voyagent ensemble en Patagonie, aux confins de l’Argentine et du Chili. L’un prend des notes et l’autre des photos. En 2011 Luis Sepúlveda s’avise que la culture populaire de cette région mythique est menacée par la mondialisation, le tourisme de masse et les privatisations. Ce que les deux amis ont découvert quinze ans plus tôt est en voie de disparition, il est temps de le mettre par écrit pour au moins en conserver le souvenir.
Chacun des onze chapitres de ce livre est un récit indépendant tournant autour de personnes rencontrées sur place. Dans cette région rude et isolée l’hospitalité apparaît comme naturelle. Partout on offre le maté aux voyageurs. Luis Sepúlveda rappelle les méfaits de la colonisation qui a fait disparaître des populations autochtones entières et qui aujourd’hui continue d’acculturer et de spolier les survivants. L’essentiel du voyage se déroule en Argentine mais le dernier chapitre nous emmène à Porvenir près de Punta Arenas, au Chili. C’est là qu’au début du 20° siècle deux jeunes migrants, Antonio Radonic, un Croate, et José Böhr, un Allemand, ont ouvert Le cinéma du bout du monde et tourné des films pour l’alimenter. Mariage Yamaná est le premier documentaire chilien et l’unique témoignage sur les Yamanás, ethnie aujourd’hui disparue. Un billet de loterie est le premier film de fiction réalisé au Chili.
Les nombreuses photos en noir et blanc illustrent les belles rencontres faites par les deux amis. C’est une lecture plaisante et que j’ai appréciée.
L’écrivain et homme d’affaire Paul-Loup Sulitzer est mort le 6 février 2025. Il était né en 1946. Il devient à 21 ans le plus jeune PDG de France. Il se lance dans l’édition à la fin des années 1970. Il recrute Loup Durand pour écrire les livres qui paraissent sous son nom. Aucun des deux ne le reconnaîtra jamais, Paul-Loup Sulitzer prétendait utiliser les services de documentalistes. Beaucoup de ces livres sont des romans d’aventure dans l’univers de la finance.
La femme pressée. Le roman est paru en 1987 et Loup Durand est mort en 1995. Il y a donc tout lieu de penser qu’il en est le véritable auteur. Ce roman qui se déroule dans les années 1930 est une histoire d’amour impossible entre deux indépendants. Il y a aussi beaucoup d’aventure.
H.H. Rourke est un jeune journaliste franco-irlandais. Travaillant en indépendant il a à coeur d’être toujours au centre des événements quelques soient les risques, pour les documenter au plus près. Guerre des gangs lors de la prohibition aux Etats-Unis, violences au Mexique, guerre civile en Chine, famine en Ukraine et déportation des koulaks, nuit des longs couteaux dans l’Allemagne nazie, il est partout. Je passe sur les circonstances abracadabrantes qui le lui permettent. Il se considère comme un observateur impartial et refuse de voir que sa recherche de scoop et sa position au coeur même de l’action influent forcément sur celle-ci. Il m’apparaît assez imbu de lui-même et pas très sympathique.
Kate Killinger est la (future) riche héritière d’un magnat de la presse américain. Elle a un compte à régler avec son père qui s’est peu occupé d’elle et souhaite créer son propre quotidien, sans aucune aide. Ses déboires pour développer son premier titre m’ont intéressée. Elle nous est présentée comme agissant en homme : elle collectionne les amants sans s’attacher, refuse de se marier ou d’avoir un enfant car cela contrecarrerait forcément ses ambitions professionnelles. Si Rourke comprend et accepte ces dernières, il est beaucoup moins progressiste dès qu’il s’agit de mariage ou de maternité.
Ce qui intéresse l’auteur ce sont les épisodes sanglants : assassinats, vendetta, exécutions capitales, meurtres de masse. Plus il y a de morts mieux c’est, dirait-on, même si les descriptions ne sont pas voyeuristes. Le contexte historique est rapidement survolé. Dommage, c’est ça qui m’intéresse. Le résultat est un livre qui se lit assez facilement mais ne me passionne pas outre mesure. Comme son héros, l’auteur semble prendre tout à la légère et fait de l’humour même dans les situations les plus périlleuses. Une fois que j’ai repéré que le ressort de cet humour est en bonne partie misogyne, parfois xénophobe, cela me fait moins rire.
Georges-Arthur Goldschmidt est né près de Hambourg en 1928 d’une famille protestante d’origine juive. En 1938 les parents mettent leurs deux fils à l’abri des nazis en Italie puis, quand Mussolini installe des lois antisémites, en France. La France va devenir le pays d’adoption de Georges-Arthur Goldschmidt, le français sa deuxième langue.
Dans ce récit autobiographique l’auteur détaille son rapport à ses deux langues et ses deux cultures, l’allemande et la française. Il est question aussi de la judéité qui lui a été assignée par les nazis. Lui qui ne se savait pas Juif, qui était un protestant pratiquant, a intégré une nouvelle dimension à son identité. Je retrouve dans ce texte ce que j’ai déjà lu dans d’autres récits d’exilés : le mal du pays perdu. Ici il est particulièrement torturé car l’Allemagne les a rejetés, lui et son frère, et la France cachés et sauvés. Parler allemand c’était à la fois parler la langue maternelle mais aussi celle du bourreau et, en France, de l’occupant. Ce conflit est marqué dans la façon dont l’auteur parle de lui-même alternativement à la première et à la troisième personne, parfois dans la même phrase.
Si je suis intéressée par l’histoire personnelle de l’auteur et sa réflexion sur l’exil, la langue et l’identité, je suis beaucoup plus réservée quand il s’aventure à aborder des questions contemporaine. Je pense particulièrement à un commentaire xénophobe concernant les migrants actuels qui rejetteraient de plus en plus l’État laïque. Il y a là une généralisation abusive qui me déplaît et qui est contredite plus loin par Georges-Arthur Goldschmidt lui-même : « Chacun n’est jamais que ce qu’il est et qu’il est le seul à connaître, d’où le caractère sacré de l’existence humaine, l’unicité irremplaçable de chaque être humain qui, seul, n’est pourtant que celui qu’il est, et dont personne d’autre ne peut sentir comment il est, lui, lui-même ».
3. Les nouilles à la tomate A la fin du tome précédent Madeleine Riffaud a été arrêtée après avoir abattu un officier allemand sur le pont Solférino. L’action du présent volume court du 22 juillet 1944 au 23 août 1944. Il s’en passe des choses en un mois ! Emmenée à la préfecture de police Madeleine y est torturée pendant que ses camarades organisent leur mise à l’abri. Elle sait qu’elle doit tenir trois jours pour leur en laisser le temps mais ne parlera pas malgré les violences de tout genre dont elle est victime. Pour tenir durant son calvaire elle se récite des poèmes et s’appuie sur un moment de camaraderie avec un.e autre détenu.e ou le soutien d’un gendarme français chargé de la surveiller. Elle échappe de peu à l’exécution avant d’être libérée par la Croix rouge, juste à temps pour prendre part aux combats pour la libération de Paris.
Un troisième épisode toujours aussi intéressant et qui montre bien la résolution sans faille de Madeleine Riffaud. La dernière case rappelle fort à propos que Madeleine et ses camarades FFI étaient de tout jeunes gens. J’attends maintenant la sortie du numéro quatre.
Alors qu’elle sillonne le pays au volant de sa voiture sans croiser grand monde la narratrice, Kathy H., se souvient de son enfance et de son adolescence à Hailsham où elle s’est liée d’amitié avec Ruth et Tommy. Pour la lectrice Hailsham apparaît d’abord comme un classique pensionnat anglais haut de gamme dont les élèves ont conscience d’être privilégiés. Bientôt cependant des détails discordants installent un malaise, le sentiment que la Grande-Bretagne des années 1990 qui nous est décrite là est une dystopie : et si Hailsham était en fait un élevage ?
L’auteur distille des éléments perturbants pendant toute la première partie ce qui a un effet très accrocheur sur moi. Je me suis demandée ce que c’était que cette histoire et si c’était bien ce que j’imaginais. Une fois que j’ai eu la confirmation, la tension est retombée et il m’a semblé que la deuxième partie et le début de la troisième étaient un peu longs et redondants. L’intérêt remonte à la fin avec d’ultimes révélations. Difficile d’en dire plus sans divulgâcher un roman dont l’intérêt principal repose sur l’effet de surprise.
Une théorie critique féministe végane. Carol J. Adams est une écrivaine américaine, militante végane et féministe. Son livre principal, La politique sexuelle de la viande, est paru aux Etats-Unis en 1990 et a été traduit en français en 2018. L’édition présente est une édition anniversaire à l’occasion des 35 ans de cet ouvrage historique. Dans cet essai l’autrice lie oppression des animaux, oppression des femmes et oppression raciste et coloniale. Elle montre qu’avoir une alimentation végétarienne -ou mieux, végane- constitue de facto un acte de rébellion contre la culture dominante patriarcale : depuis fort longtemps l’identité masculine passe par la consommation de chair, signe de virilité. Dans les contextes de pénurie les femmes se passent de viande réservée aux hommes. Des influenceurs masculinistes mettent en scène leur consommation de grosses pièces de viande saignante.
Carol J. Adams nomme textes de la viande le corpus de textes et discours qui légitiment et facilitent la consommation de viande. Par l’emploi d’un vocabulaire spécifique le meurtre est occulté, l’animal vivant disparaît de notre assiette, il devient un « référent absent » (après être passé sur la « chaîne de désassemblage », le cochon est transformé en jambon et saucisses). L’autrice applique ce concept de « référent absent » qu’elle a créé aux situations de violences contre les femmes. L’affaire Pélicot est évoquée dans l’édition anniversaire (je me souviens qu’un des violeurs s’est disculpé en disant qu’il aimait LA femme. Ca m’a toujours agacée, cette expression, comme s’il y avait un modèle unique de femme. Il parle de qui, ce monsieur ? Pas de Gisèle Pélicot, on dirait).
Cet essai s’appuie largement sur l’analyse de textes littéraires anglais et américains des 19° et 20° siècles. La réflexion n’est pas toujours facile d’accès et les conclusions me paraissent parfois un peu tirées par les cheveux. Je constate aussi qu’il me manque des éléments de culture américaine (grâce à ma lecture précédente je savais cependant qui était Zora Neale Hurston, souvent citée). Je découvre la notion de soul food, nourriture qui rattache les Afro-américains et les Amérindiens à leurs origine. L’autrice plaide pour une végétalisation de cette soul food. Mon avis sur ce livre est mitigé : il y a des choses que je savais déjà mais la lecture me donne matière à réflexion.
L’histoire du dernier esclave américain Barracoon : le baraquement où sont enfermés les Africains capturés avant leur déportation comme esclaves vers l’Amérique. Zora Neale Hurston (1891-1960) était une écrivaine et anthropologue afro-américaine. En 1928 elle mène une série d’entretiens avec Cudjo Lewis, alias Olualé Kossola, son nom africain, dernier survivant africain connu du dernier navire négrier américain, la Clotilda. Elle en tire Barracoon qu’elle ne parvient pas à faire éditer. Il l’est pour la première fois en 2018.
Kossola est capturé à 19 ans en 1859 et déporté vers les Etats-Unis. L’esclavage n’y est pas aboli mais la traite atlantique est illégale depuis 1808. Cependant elle perdure clandestinement. En 1928 Kossola se souvient bien de sa jeunesse africaine et les récits qu’il en fait occupent la majeure partie de Barracoon. Il reste esclave cinq ans avant que la guerre de Sécession ne lui rende sa liberté. Son désir, et celui des autres Africains libérés avec lui, est de rentrer en Afrique. Ils commencent à mettre de l’argent de côté dans ce but mais réalisent vite qu’ils ne pourront pas se payer ce retour. Ils se résolvent alors à s’installer sur place -en Alabama. Sur des terres achetées à leur ancien maître (!) ils reconstituent une petite Afrique en construisant le village d’Africatown. Ce sont ces derniers aspects qui m’ont le plus intéressée. Ils sont cependant peu développés.
Alors que cinq ans après sa capture Kossola aurait pu refaire sa vie en Afrique, retrouver des proches sans doute, rien n’est mis en place localement pour aider les anciens esclaves désireux de rentrer chez eux. 70 ans après sa déportation Kossola exprime la douleur commune à beaucoup d’exilés quand ils pensent à leur terre natale. C’est pourquoi il est important pour lui de parler de l’Afrique à Zora Neale Hurston. Il se considère d’abord comme un Africain c’est pourquoi il est assez peu question de ses conditions de vie comme esclave. Ce livre n’est pas un document sur l’esclavage mais un document sur l’état d’esprit d’un ancien esclave.
Sur un ouvrage de 245 pages le récit de Kossola rapporté par Zora Neale Hurston en compte un peu plus de 100. Le reste est occupé par des préface, introductions (de l’autrice, de l’éditrice), postface et annexes. Je comprends que ce texte et Zora Neale Hurston sont importants dans l’histoire et la culture des afro-américains. Cette lecture m’a donné envie d’en savoir plus sur l’histoire de la fin de l’esclavage aux Etats-Unis.
Descendant : les héritiers d’Africatown. En cherchant des informations sur Africatown je découvre qu’il existe sur Netflix un documentaire de Margaret Brown paru en 2022. Entre 2018 et 2020, Margaret Brown est allé interroger les habitants d’Africatown, descendants des fondateurs, sur leur héritage. Cudjo Lewis et les autres fondateurs d’Africatown étaient tous des anciens esclaves déportés aux Etats-Unis sur la Clotilda. Au moment où ils ont obtenu leur liberté ils avaient passé la majeure partie de leur vie en Afrique et se considéraient comme des Africains. Cet héritage africain s’est transmis à leurs descendants. Africatown forme un quartier de la ville de Mobile. Il est entouré par des industries polluantes qui affectent la santé de ses habitants. Ces industries ont été construites sur des terrains appartenant à la famille Meaher dont les membres sont des descendants des frères Meaher qui avaient affrété la Clotilda, dernier navire négrier américain. Ainsi, aujourd’hui encore, la famille Meaher pourrit la vie des habitants d’Africatown comme autrefois ses ancêtres ont pourri la vie des ancêtres des habitants d’Africatown. Les Meaher n’ont pas répondu aux demandes de la réalisatrice. A son arrivée aux Etats-Unis la Clotilda a été coulée par les Meaher pour effacer cette preuve de leur crime. Depuis la fin du 20° siècle des historiens ont cherché à retrouver l’épave mais la famille Meaher a tenté de les en empêcher. Ce documentaire aborde aussi la question de la mémoire de l’esclavage : comment faire vivre cette mémoire sans qu’elle devienne une attraction touristique vidée de son sens et sans que les Afro-américains soient dépossédés de cette mémoire.
Un intéressant documentaire qui permet d’aborder la mémoire de l’esclavage du point de vue des principaux intéressés. Il montre bien que cet héritage est encore très vif aux Etats-Unis.
L’écrivain Michel del Castillo est mort le 17 décembre 2024. Il était né à Madrid en 1933 de mère espagnole et de père français. Il a raconté son enfance douloureuse dans Tanguy, son premier roman. On peut sans doute parler de résilience pour cet homme qui a su se construire sans le soutien de ses parents et malgré leur abandon, en s’appuyant sur les bonnes rencontres faites en route.
L’expulsion. C’est celle des morisques d’Espagne en 1609-1610. Les morisques étaient les descendants des musulmans convertis au catholicisme au 16° siècle. Cette population d’environ 500 000 personnes vit essentiellement dans le Sud de l’Espagne où elle travaille pour les Grands. Ils sont accusés d’être de mauvais chrétiens, des crypto-musulmans, des traîtres en puissance. De l’expulsion elle-même il est peu question dans ce roman qui se concentre plutôt sur quelques personnages concernés par cet évènement. La première partie est un long dialogue entre le cardinal de Léon, partisan de l’expulsion des morisques et don Alvaro, duc de Gandie, opposé à cette mesure. Ils échangent leurs arguments dans une mise en scène quasi-théâtrale. D’un côté il est question de submersion démographique, de perte de l’identité espagnole, d’incapacité à s’assimiler ; de l’autre du déclin économique qui va advenir pour les régions dépeuplées et d’humanité. Il me semble qu’il est fort probable qu’une partie de ces idées soient anachroniques car cela résonne de façon très contemporaine pour moi et me fait penser aux débats actuels sur l’immigration. Le roman est paru en 2018.
On apprend ensuite que don Alvaro s’est lié d’amitié avec une famille de morisques travaillant sur ses terres et plus particulièrement avec leur jeune fils Hassan qu’il a pris auprès de lui à 12 ans pour l’éduquer comme son propre fils. Il l’a rebaptisé Octavio et le fait passer pour son neveu. A 19 ans Octavio expérimente les déchirements du transfuge de classe : mal à l’aise dans la modeste maison familiale, n’ayant plus grand-chose en commun avec son père et ses frères, il n’est pas non plus à sa place dans la riche demeure du duc où les domestiques le regardent de travers. L’expulsion est un déchirement supplémentaire pour lui : partir ou rester, suivre sa famille ou son bienfaiteur ?
J’ai beaucoup apprécié ce très bon roman que j’ai eu du mal à lâcher une fois commencé. Je regrette quelques maladresses de langue -concordance des temps notamment- mais qui n’empêchent pas mon plaisir.