Combe, sud de l’Angleterre, 997. Alors que Edgar, 18 ans, fils d’un charpentier de marine, s’apprête à fuir nuitamment le domicile familial avec Sunni, son amoureuse, une femme mal mariée, les Vikings attaquent et mettent à sac le village. Sunni et le père d’Edgar font partie des victimes, la vie du jeune homme va changer totalement. Avec sa mère et ses frères, Erman et Eadbald, ils quittent Combe pour Dreng’s Ferry, à plusieurs jours de marche, où ils ont obtenu la gestion d’une ferme. Il faut travailler durement la terre pour survivre, Edgar a un talent de bâtisseur et du goût pour la construction, pas pour l’agriculture et les relations avec ses frères sont difficiles.
Fille du comte Hubert de Cherbourg, Ragna est tombée amoureuse de Wilwulf, ealdorman (seigneur) de Shiring, et a obtenu de l’épouser. Arrivée en Angleterre elle constate que sa belle-famille est accrochée à son pouvoir absolu sur Shiring et n’envisage pas de lui en céder la moindre parcelle. Elle qui comptait co-gouverner avec son époux comprend qu’il va lui falloir trouver des alliés et jouer avec finesse pour parvenir à son but. Cette lutte pour le pouvoir la mènera à des violences qu’elle n’avait pas imaginées.
L’action de ce gros roman de 850 pages se déroule avant Les piliers de la terre, entre 997 et 1007. En avant-propos la période nous est présentée comme le début de la fin de « l’âge des ténèbres ». Je me suis demandée si la peinture très sombre de cette période n’était pas un peu caricaturale. Il me semble que les historiens sont un peu revenus sur cette vision du haut Moyen-âge. Toujours est-il que le cadre du roman est celui d’un monde essentiellement soumis à la loi du plus fort. L’évêque Wynstan, frère de Wilwulf, est prêt à tout pour conquérir plus de pouvoir. Et le roi Ethelred, qui a besoin du soutien militaire de ses seigneurs pour repousser les raids vikings ou les incursions des Gallois, n’est guère en mesure d’imposer sa loi. L’Angleterre de l’an mille est un pays qui pratique encore la polygamie et l’esclavage. Les esclaves sont des prisonniers de guerre gallois ou irlandais, soumisà toutes les violences, à l’image de Blod, battue et prostituée par son maître.
Parmi les partisans d’une société plus policée se trouvent bien sûr Edgar et Ragna mais aussi le prieur Aldred, un moine qui veut faire respecter les principes d’amour et de charité des Evangiles.
Malgré son grand nombre de page j’ai lu ce roman facilement, en quelques jours, grâce à ses nombreux rebondissements et péripéties. Qui a déjà lu la suite saga Kingsbridge (trois tomes écrits avant celui-ci), retrouvera toujours un peu le même schéma : un méchant évêque, avide de pouvoir et de richesses, opposé à des héros idéalistes aux amours contrariés. A la fin les gentils gagnent. C’est très romanesque et donc une lecture distrayante.