
Depuis leur précédente enquête Nina et Klemet de la police des rennes ont été mutés en Suède, au sud de la Laponie. En fait on doit plutôt dire Sapmi, le territoire des Samis car, on l’apprend ici, le terme Lapon est insultant.
Au pied de la Montagne rouge, par une pluie battante, des éleveurs procèdent à l’abattage de rennes. Les fortes précipitations mettent à jour un squelette humain sans tête, celui d’un homme enterré là depuis le 17° siècle. Le mort pourrait-il être Sami ? Cela permettrait aux éleveurs de prouver l’ancienneté de leur présence sur ces terres car ils sont en procès avec des forestiers suédois pour l’usage des lieux, les derniers prétendant que leurs ancêtres « étaient là avant ». Mais sans le crâne, comment prouver que le squelette est bien celui d’un Sami ?
La recherche du crâne disparu est l’occasion d’aller fouiller dans les réserves des musées d’ethnologie du pays et d’ailleurs (le musée de l’Homme à Paris) où sont encore entreposées des collections datant du 19° siècle et qui devaient permettre de classifier l’espèce humaine. C’est le Suédois Anders Retzins (1796-1860) qui a défini l’indice céphalique, lequel est utilisé dans les années 1920-1930 pour montrer que les Samis sont une « race inférieure ». On va chez les gens pour leur mesurer le crâne et les prendre en photos, nus, de face et de profil. Aujourd’hui ce sont les jeunes mineurs isolés qui sont mesurés et auscultés pour les déclarer majeurs et leur refuser la protection à laquelle ils ont droit. Entre 1935 et 1975 les mêmes convictions racistes et eugénistes ont conduit à des stérilisations forcées de personnes handicapées, épileptiques ou socialement « indésirables » : adolescentes révoltées ou trop libres. On rencontre des victimes de ces pratiques, durablement traumatisées.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture. Je ne suis pas sûre que l’enquête policière tienne vraiment la route mais c’est tout le contexte historique et social qui m’a intéressée. Olivier Truc montre que les violences institutionnelles dont ont été victimes les Samis perdurent encore aujourd’hui sous la forme d’une sorte de racisme ou nationalisme suédois.
Un intéressant article pour en savoir plus sur le sujet.
moi qui lis si peu de polars j’ai lu et aimé « le dernier lapon » du même auteur
Celui-ci est le troisième épisode de la même série.
Je suis sûre que cette série me plaira. J’aime les polars dans lesquels le contexte social est au premier plan.
C’est une très bonne série, à mon avis.
Il faudrait que je découvre cette série lapone, n’ayant lu de cet auteur que deux titres n’en faisant pas partie, Le cartographe des Indes Boréales, que j’ai beaucoup aimé, et Les sentiers obscurs de Karachi, pour lequel j’ai été plus réservée..
J’aime beaucoup cette série, je suis partie pour lire tout ce qui est déjà paru.