Juillet 1916, Nathalie épouse le prince Adichka Belgorodsky et s’installe avec lui dans sa propriété de Baïgora en Russie centrale. Elle a 18 ans et lui 31 et ils sont très amoureux. Elle joue du piano, se baigne dans la rivière avec ses amies, profite de la vie. Il gère son exploitation modèle, rempli son office de recruteur pour l’armée russe et s’inquiète de l’agitation naissante parmi le peuple. C’est un réformiste qui pense que des changements sont nécessaires.
Août 1917, cet homme apprécié est massacré, sa famille quitte la Russie.
Mars 1994, Marie Belgorodsky, petite-nièce d’Adichka, Française, reçoit la visite d’un historien russe qui lui apporte le « livre des destins », le journal de son grand-oncle. Elle découvre l’histoire de sa famille qu’elle ignorait jusqu’à présent.
Ce roman est présenté un peu comme une enquête. Il alterne des passages de narration, racontant l’histoire de Nathalie et d’Adichka durant leur court mariage; des extraits du journal d’Adichka; des témoignages et rapports de personnes ayant assisté aux événements relatés. Le résultat est varié et facile à lire.
L’histoire rappelle le gâchis qu’a été cette révolution. Ici, c’est celui qui était prêt à changer les choses qui est massacré, c’est un jeune couple amoureux qui est brisé. Je compatis à la peine de Nathalie Belgorodsky et cependant je n’arrive pas à me sentir concernée par les malheurs de ces pauvres riches.
Je sui choquée par la description d’un objet : « Sur la desserte, le compotier en argent présentait des fruits dont certains étaient vrais et d’autres en porcelaine, faïence et jade« . Etait-ce vraiment nécessaire ? Est-ce qu’on a besoin de ce genre de choses quand à côté d’autres vivent misérablement ?
Boris Akounine, Altyn Tolobas, 10-18
Nicholas Fandorine est un historien britannique d’origine russe (sa grand-mère a fuit la Russie en 1920). A la fin des années 90 il met pour la première fois le pied sur la terre de ses ancêtres. Il vient pour entreprendre des recherches sur Cornelius Von Dorn, le fondateur de la lignée des Fandorine en Russie au 17° siècle. Il est muni d’un demi-parchemin hérité de Cornelius et compte consulter aux archives à Moscou l’autre moitié de ce document. Cette tâche en apparence facile ne sera pas de tout repos. Vol de ses affaires, poursuites, tentatives d’assassinat : il semble que les mafias russes s’interressent aux recherches de Fandorine.
Notre héros traverse tout cela en Candide que sa fraîcheur sauve de bien des situations périlleuses.
Boris Akounine alterne un chapitre des aventures de Nicholas Fandorine et un chapitre de celles de son ancêtre Cornelius Von Dorn. Ainsi on apprend comment s’organisait la vie autour du tsar à la fin du 17° siècle, on découvre les manoeuvres de palais.
L’ouvrage est très bien documenté et on retrouve toujours cet humour fin et jubilatoire qui caractérise l’auteur. Un régal.