L’écrivain occitan Henri Gougaud est mort le 6 mai 2024 (comme Bernard Pivot). Il était né en 1936. Il a commencé par composer des chansons et s’est produit dans des cabarets parisiens mais il a surtout écrit pour les autres : Serge Reggiani, Juliette Gréco, Jean Ferrat… Dans les années 1970 il tient une chronique sur la science fiction sur France Inter avant de se consacrer exclusivement à l’écriture. Il était anarchiste et pacifiste.
Bélibaste. Corbières, 1305. Parce qu’il a tué un homme lors d’une bagarre, le berger Guillaume Bélibaste (1280-1321), 25 ans, doit quitter son village et sa famille. La famille Bélibaste est cathare et Guillaume suit le parfait Philippe d’Alayrac à Rabastens (Tarn actuel). Les parfaits sont les « prêtres » cathares. Ils ont reçu le consolamentum et ne doivent pas consommer de viande ni avoir de relations sexuelles. Au prix d’une période de jeûnes et de mortifications, Bélibaste va devenir lui aussi un parfait. Quand la chasse aux hérétiques commence dans la région, les deux parfaits fuient vers la Catalogne.
L’histoire de Bélibaste racontée par Henri Gougaud c’est l’histoire d’un homme entraîné par les circonstances dans une aventure qui le dépasse. Parfait imparfait, Bélibaste n’a en rien choisi de se consacrer à la prédication. Il alterne les phases d’exaltation où il est porté par l’accueil que lui font ses coreligionnaires et celles d’abattement quand il doute de tout et insulte Dieu. Travaillé par la culpabilité d’avoir tué un homme il aspire à rejeter son vieux moi pour atteindre la pureté et la grâce. C’est le talent d’Henri Gougaud de rendre de façon crédible les contradictions de ce personnage très humain. Cela passe aussi par la belle écriture qui permet presque à la lectrice de s’imaginer au 14° siècle. J’aime beaucoup les descriptions de paysages. C’est donc une lecture que j’ai grandement appréciée.