En commençant à se vider le lac de Kleifarvatn a découvert un squelette qui reposait jusque là par 4 mètres de fond. Il était lesté par un vieil émetteur de radio d’origine soviétique. La police soupçonne que l’assassinat remonte à l’époque de la guerre froide et imagine que la victime avait pu être impliquée dans une affaire d’espionnage. C’est l’inspecteur Erlendur qui mène l’enquête. Il s’intéresse aux disparitions non élucidées de la fin des années 60, s’acharnant sur des détails qui paraissent anodins à ses collaborateurs, comme la perte de l’enjoliveur d’une Ford falcon noire en 1968.
Dans les années 50 des étudiants islandais membres du parti communiste obtiennent des bourses de la RDA pour poursuivre leurs études à l’université de Leipzig. Sur place ils découvrent la réalité du « paradis communiste ». Certains se voilent la face ou s’accommodent du décalage entre la théorie et la pratique, d’autres s’imaginent qu’ils peuvent manifester leur opposition. Mieux aurait valu pour eux ne pas quitter leur pays et conserver leurs illusions. « Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » dit Erlendur.
Voilà encore un excellent épisode des enquêtes d’Erlendur qui nous entraîne cette fois jusque dans une salle d’interrogation de la stasi. L’histoire des malheureuses victimes de l’idéologie communiste est passionnante et pathétique. Quant à notre héros, il fait connaissance avec son fils. J’ai beaucoup aimé et dès que possible je vais mettre la main sur le dernier épisode paru qu’il me reste à lire.
Arnaldur Indridason, La voix, Métailié
Erlendur enquête sur l’assassinat du portier-homme à tout faire d’un grand hôtel de Reykjavik. On l’a retrouvé poignardé, assis sur son lit dans le cagibi qui lui servait de logement au sous-sol de l’hôtel, le pantalon baissé et un préservatif sur le sexe. Cette affaire se déroule quelques jours avant Noël, période qui déprime Erlendur. Redoutant de rentrer seul chez lui il s’installe à l’hôtel dans une chambre qui se révèle glaciale, le radiateur étant en panne. Il y reçoit la visite de sa fille Eva Lind, sortie de son coma quelques mois plus tôt mais qui ne se remet pas de la mort de son bébé et redoute de replonger dans la drogue.
En creusant dans le passé de la victime, Gulli, les enquêteurs apprennent qu’il avait été un enfant vedette, un petit chanteur à la voix d’ange. Puis il a coupé toute relation avec sa famille. Encore une forme de disparition. L’image qu’il se fait de Gulli enfant, la neige qui commence à tomber ramènent Erlendur à la disparition de son propre frère. Les questions de sa fille qui veut comprendre pourquoi son père, après son divorce, n’a jamais essayé de prendre contact avec ses enfants l’amènent à mettre des mots sur la façon dont sa personnalité s’est construite autour d’un vide.
Encore une fois j’ai beaucoup aimé ce roman qui mêle habilement l’enquête policière et la vie morne d’Erlendur, entre son passé douloureux et son présent morose. Mais il y a une petite lueur d’espoir quand notre héros invite soudain à boire un verre une biologiste qui effectue des prélèvements de salive sur les suspects.
Arnaldur Indridason, La femme en vert, Métailié
Un squelette a été exhumé en creusant les fondations d’une maison dans un nouveau quartier en extension de Reykjavik. Autrefois il n’y avait là que des maisons d’été. Le commissaire Erlendur mène l’enquête sur une affaire qui remonte à près de 60 ans.
Dans le même temps la fille d’Erlendur, Eva Lind, est à l’hôpital, dans le coma pour abus de drogue. On a conseillé au père désemparé de lui parler et c’est l’occasion pour ce dernier de raconter son enfance et ainsi de révéler certains de ses ressors profonds. Il y a aussi une troisième histoire qui est celle d’une femme victime d’une extrême violence conjugale. On comprend bien qu’elle va se rattacher à l’histoire du cadavre mais on ne découvre comment que petit à petit.
J’ai beaucoup aimé ce très bon roman, beaucoup plus que le précédent. Je trouve le personnage d’Erlendur attachant, Arnaldur Indridason nous en révèle plus sur les racines de sa mélancolie permanente. J’en apprend plus sur l’Islande, son histoire pendant la seconde guerre mondiale, les moeurs de ses habitants. Je trouve ça intéressant à un moment où on parle de ce pays dans la presse à l’occasion de sa faillite.
Arnaldur Indridason, La cité des jarres, Points
Un homme est retrouvé mort à son domicile de Reykjavik. Il a eu le crâne fracassé par un lourd cendrier en verre. En enquêtant l’inspecteur Erlendur se retrouve sur la trace d’un viol vieux de 40 ans. La police n’a pas été très efficace à l’époque, heureusement notre héros l’est beaucoup plus.
Ce que j’ai particulièrement apprécié dans ce polar c’est l’ambiance islandaise. On est en octobre et il pleut 24 heures sur 24. Ceci dit la météo locale annonce des précipitations record et ces jours-ci j’ai parfois le sentiment de vivre en Islande. J’apprends que dans ce petit pays les gens n’ont pas de nom de famille et donc tout le monde s’appelle par son prénom ce qui donne l’impression que tout le monde se connaît, impression pas totalement fausse manifestement, confirmée par d’autres éléments.