La narratrice, Layla, est une Indienne musulmane de 19 ans. Ses parents ont émigré aux Etats-Unis quand elle était petite et depuis elle a vécu entre ce pays et l’Inde, six mois ici et six mois là-bas. Ce perpétuel déracinement lui a été imposé par son père par crainte qu’elle n’oublie ses traditions et qu’elle ne s’occidentalise trop. La surveillance constante dont elle a été l’objet depuis sa puberté n’a pas empêché qu’elle aie une relation sexuelle avec Nate et cela juste avant de repartir une nouvelle fois en Inde où elle doit épouser Samir, choisi par sa famille.
Pour Layla, ce mariage est l’occasion de quitter un père qui la bat et une mère pour qui elle est une charge malfaisante, peut-être de connaître enfin l’affection en famille. Cependant elle craint la réaction de Samir quand il découvrira qu’il n’est pas le premier. La chassera-t-il comme il en a le droit ou pourront-ils s’entendre ? Les choses se compliquent au-delà de ce que Layla pouvait imaginer car Samir cache lui aussi un difficile secret.
Après le mariage, le jeune couple habite dans la famille de Samir. Dans cette maison de trois pièces où vivent six adultes (Ibrahim et Zeba, les parents de Samir; Samir et Layla; Feroz, le frère de Samir et Nafiza, la nourrice de Layla venue comme domestique) les jeunes mariés ont peu d’intimité bien que Ibrahim et Zeba leur aient abandonné leur chambre. Difficile de faire connaissance quand en plus la religion s’en mèle : il faut se lever tôt pour la première prière de la journée, il faut respecter des jours d’abstinence. A cette occasion Zeba, très pratiquante, impose à Layla de dormir avec elle tandis que Samir dort avec son père.
On comprend que Samir soit impatient d’émigrer vers les Etats-Unis où il espère pouvoir vivre plus librement. Mais avant que ce projet ne se réalise, la violence contenue surgit dans une agression meurtrière de fanatiques hindous contre la communauté musulmane. Samir et Layla, chacun de leur côté, vont devoir affronter leur destin.
C’est bien écrit, le style retranscrit bien l’ambiance en apparence nonchalante de la vie de recluses des femmes de cette communauté et la violence sous-jacente. On comprend l’enfermement qui pèse sur tous, le poids d’une religion et d’une existence vécues sous l’oeil des voisins et qui n’offrent que fort peu de place pour les libertés individuelles.
Jane Austen
La sortie en janvier d’une adaptation cinématographique d’orgueil et préjugés de Jane Austen est un bon prétexte pour lire ou relire cette auteure trop tôt disparue. Elle est éditée, entre autres, chez 10-18.
On retrouve dans chaque ouvrage de Jane Austen pratiquement le même fonds : des jeunes filles de la bonne société rurale de l’Angleterre du début du 19° siècle (l’époque de Jane Austen), souvent modestes, tombent amoureuses de messieurs généralement issus de familles plus élevées. Leurs amours sont contrariées : des parents s’opposent à une union qu’ils jugent indigne pour le jeune homme. Mais tout est bien qui finit bien et l’amour triomphe.
Sur une trame aussi simple -et rebattue- Jane Austen a l’habileté de tracer des portraits savoureux qui montrent une fine observation de la nature humaine. Ainsi la sotte bavarde, femme qui parle à tort et à travers et dont rien ne peut interrompre le monologue est un personnage intemporel.
Le tout est écrit dans un style excellent et plein d’humour. C’est un régal.
Orgueil et préjugés est considéré par beaucoup semble-t-il comme le chef d’oeuvre de Jane Austen et, ma foi, cette réputation ne me paraît pas usurpée.
Jane et Elizabeth Bennet sont les aînées de cinq filles à marier, perspective qui inquiète beaucoup leur mère. Aussi cette dernière est-elle enchantée de voir arriver dans les environs M. Bingley, un riche célibataire. Elle ne doute pas qu’une de ses filles saura le séduire. Et en effet, le coup de foudre est presque immédiat entre la bonne et sage Jane et M. Bingley à l’heureux caractère. M. Bingley est accompagné de son ami, l’orgueilleux M. Darcy. Entre celui-ci et Elizabeth, l’amour sera moins rapide à naître, ralenti par le caractère fier de l’un et les préjugés de l’autre. Pour contrecarrer les amours des deux soeurs on trouve aussi M. Wickham, un intriguant à l’abord sympathique mais au caractère corrompu et dont le but est de séduire une riche héritière. Les soeurs cadettes de nos héroïnes, Kitty et Lydia sont deux adolescentes écervelées qui ne pensent qu’à courir après les garçons et qui se font remarquer en parlant et en riant fort. Il faudra tirer Lydia d’un bien mauvais pas où l’a jetée son inconséquence. Enfin, tout se termine heureusement après de nombreuses péripéties.
Raison et sentiments est le deuxième ouvrage le plus connu de Jane Austen.
Les héroïnes sont ici encore deux soeurs, Elinor et Marianne Dashwood. La raisonnable Elinor est amoureuse, et réciproquement, du sérieux Edward Ferrars mais la mère et la soeur de ce dernier ont d’autres projets pour lui. Quant à Marianne, exaltée et emportée par ses sentiments, elle est folle de Willoughby, jeune homme enthousiaste comme elle et dont aucune famille ne vient contrecarrer les désirs. La suite réserve des surprises car l’histoire la mieux partie n’est pas celle que l’on pourrait croire. Tout s’arrangera pour les deux soeurs mais après beaucoup de peines de coeur.
J’aime beaucoup aussi Emma.
Depuis le mariage de sa soeur, Emma vit seule avec son père, un vieux monsieur casanier. Pour ne pas le quitter, elle a décidé qu’elle ne se marierai pas. Mais par contre, elle trouve amusant de faire la marieuse pour les autres, en l’occurence Harriet Smith, une jeune fille aux origines les plus modestes. Ce rôle d’entremetteuse entraînera bien des déboires pour Emma. Elle devra repousser les assauts d’un prétendant importun qui s’est mépris sur ses intentions. Ce n’est finalement que quand Harriet s’entiche du supérieur M. Knightley qu’Emma découvre que son coeur est pris.
Orgueil et préjugés et Emma composent avec Persuasion mon trio préféré.
Persuasion raconte l’histoire d’Anne Elliot, fille de baronnet. A vingt ans elle a aimé et a été aimée par Frederick Wentworth, modeste officier de marine. Sous la pression de sa famille et de ses amis elle a refusé sa demande en mariage. Dix ans ont passé. Les circonstances remettent les jeunes gens en présence. L’amour pourra-t-il renaître ? Et si oui, Anne saura-t-elle écouter son coeur ? La réponse est oui, bien sur. La question devrait plutôt être : comment ?
Northanger Abbey est l’histoire de Catherine Morland, entichée de romans moyenâgeux. Invitée à Northanger Abbey elle ne peut s’empêcher de se prendre pour l’héroïne d’un de ces romans. Et la voilà qui imagine des passages secrets et une femme séquestrée.
Dans cet ouvrage Jane Austen adopte une position extérieure par rapport à son héroïne, commentant ses lubies de façon ironique. J’ai trouvé ce procédé un peu artificiel et j’ai moins aimé cette oeuvre que les autres.
Avec Mansfield Park j’aurai cité tous les romans achevés de jane Austen. Ne l’ayant pas relu récemment, j’éviterai de le commenter.
Des oeuvres inachevées ont aussi été publiées. Cette lecture plutôt frustrante est à réserver aux fans absolus.
Jane Austen adaptée à l’écran :
Jane Austen est une auteure classique pour les Britaniques et en tant que telle son oeuvre a été de nombreuses fois portées à l’écran. Voici mon opinion sur les adaptations que j’ai vues.
Orgueil et préjugés, un film avec Keira Knightley dans le rôle d’Elizabeth Bennet est le dernier paru. C’est une fidèle adaptation du roman. Chacun des acteurs est parfait dans son rôle.
Orgueil et préjugés (Pride and prejudice) a aussi été adapté en série de six épisodes d’environ 45 mn chacun par la BBC, avec Colin Firth dans le rôle de Darcy. On peut trouver la série en DVD, version originale seulement avec sous-titres en Anglais itou (pour les sourds) qui favorisent la compréhension quand votre Anglais est un peu limité. Je l’ai acheté chez Smith.
Cette série est citée dans le Journal de Bridget Jones d’Helen Fielding. Bridget Jones et ses amies sont folles de la scène où Darcy-Colin Firth plonge tout habillé dans un lac. Cette scène -création de la série- apparaît comme toride (effet de chemise mouillée) et les héroïnes se la passent en boucle. Je dois donc avouer que je l’attendais avec impatience et que j’ai bien sur été déçue. Le fameux plongeon est bien rapide et modeste. Quant à la chemise, elle sèche très rapidement et tout cela n’a pas produit sur moi le même effet que sur Bridget Jones…
Clin d’oeil à Jane Austen et à la série, Bridget Jones tombe amoureuse d’un Mark Darcy, joué par Colin Firth dans l’adaptation cinématographique du Journal !
J’en reviens à la série de la BBC : la longue durée permet de respecter beaucoup mieux qu’un film le rythme lent du roman. La série comme le film mettent des images sur l’histoire. A l’intérieur les personnages sont agités de sentiments puissants mais à l’extérieur on s’autorise bien peu de marques d’affection dans ce milieu et à cette époque, ce que les adaptations viennent nous rappeler.
Coup de foudre à Bollywood (Bride and prejudice !) réalisé par Gurinder Chadha (Joue-la comme Beckham) avec Aishwarya Rai dans le rôle de Lalita (Elizabeth Bennet) est une idée alléchante : Jane Austen à la sauce Bollywood. le tout est une bonne transposition à l’époque contemporaine d’orgueil et préjugés. Je pense qu’on apprécie encore mieux la performance quand on connaît l’oeuvre originale.
Bingley s’appelle ici Balraj et est un riche Indien expatrié qui revient au pays à l’occasion du mariage d’un ami. Il est accompagné d’un autre ami, un Américain convaincu de la supériorité de son pays, William Darcy. Il y a des danses et des chants, beaucoup de couleurs vives mais pour ce qui est du cinéma de Bollywood, autant aller plutôt à l’original.
Raison et sentiments avec Emma THompson (Elinor Dashwood), Kate Winslet (Marianne Dashwood) et Hugh Grant (Edward Ferrars) est une excellente adaptation et j’irais jusqu’à dire que le résultat est meilleur que l’original.
Enfin Emma, avec Gwyneth Paltrow (Emma) est également fort plaisant à voir.
Ma Yan et Pierre Haski, Journal de Ma Yan, Livre de poche jeunesse
Ma yan est une écolière chinoise de 13 ans. Elle est la fille aînée d’une famille de trois enfants. Ses parents sont de pauvres paysans du Ningxia, région du nord ouest de la Chine.
Pierre Haski est le correspondant de Libération en Chine. Alors qu’il traverse le village où habite la famille Ma, la mère de Ma Yan lui remet le journal de sa fille.
Dans son journal, Ma Yan raconte sa vie quotidienne à l’école. Elle est interne à 20 km de chez elle et fait les trajets à pied. Elle ne mange pas à sa faim mais veut réussir ses études pour avoir une vie meilleure que ses parents et pouvoir les honorer. La mère de Ma Yan met aussi beaucoup d’espoirs dans la réussite scolaire de sa fille.
Grâce à ce livre très intéressant on découvre les conditions de vie très dures des pauvres paysans de l’intérieur de la Chine. J’ai été frappée par l’extrême dénuement : une partie du journal de Ma Yan a disparu en fumée, utilisé comme papier à cigarettes par son père. On découvre aussi le mode de pensée d’une jeune fille chinoise : l’importance du respect du aux aînés et aux maîtres. Dans cette édition, le journal est complété de commentaires et d’explications de Pierre Haski sur la vie en Chine.
Pierre Haski et les lecteurs du Journal ont été touchés par le courage de Ma Yan. La parution du livre a permis à d’autres écoliers du village de Ma Yan d’avoir leurs études financées.