
Dans ce roman Julie Otsuka, Américaine d’origine japonaise, fait entendre la voix de femmes japonaises qui migrent aux Etats-Unis au début du 20° siècle. Filles de familles pauvres pour la plupart, qui représentent une bouche de trop à nourrir, vieilles filles que l’on désespérait de marier, filles qui ont fauté, elles sont envoyées vers un homme qu’elles ne connaissent pas et qui va devenir leur mari. Eux ce sont des compatriotes, travailleurs agricoles ou blanchisseurs en Californie. C’est l’histoire de ces femmes qui est racontée ici, depuis le moment où elles quittent leur pays jusqu’à la seconde guerre mondiale quand la population américaine d’origine japonaise a été internée car suspectée de trahison. Un sujet que Julie Otsuka avait déjà abordé dans Quand l’empereur était un dieu.
L’auteure utilise ici une narration originale puisque les femmes sont rarement distinguées les unes des autres mais parlent d’une voix commune : « Sur le bateau nous étions presque toutes vierges. Nous avions de longs cheveux noirs, de larges pieds plats et nous n’étions pas très grandes. Certaines d’entre nous n’avaient mangé toute leur vie durant que du gruau de riz et leurs jambes étaient arquées, certaines n’avaient que quatorze ans et c’étaient encore des petites filles. Certaines venaient de la ville et portaient d’élégants vêtements, mais la plupart d’entre nous venaient de la campagne, et nous portions pour le voyage le même vieux kimono que nous avions toujours porté -hérité de nos soeurs, passé, rapiécé, et bien des fois reteint. Certaines descendaient des montagnes et n’avaient jamais vu la mer… »
Au début j’ai bien aimé cette façon d’écrire, vers la fin j’ai trouvé parfois ça un peu lassant et répétitif mais c’est un livre qui ne fait que 140 pages donc c’est facile à lire et globalement plutôt plaisant et intéressant.
Les avis de Dominique, de Keisha, et de Gambadou. Toujours un succès.