A Brahmpur Lata se retrouve en présence de Kabir quand elle participe à une pièce de théâtre dans laquelle il joue aussi comme acteur. Poussé par ses soeurs, Amit lui envoie un de ses recueils de poèmes et commence à la courtiser de façon plus assidue. En même temps Lata démarre une correspondance avec Haresh afin d’apprendre à mieux se connaître. Ces trois relations simultanées l’obligent à s’interroger sur ses sentiments pour chacun de ses prétendants.
Mais si le mariage de Lata est le prétexte et l’aboutissement du livre elle-même n’en est qu’un personnage assez secondaire et dans cette deuxième partie des événements dramatiques se déroulent autour d’elle. A l’occasion du Pul Mela, une fête qui attire des milliers de pèlerins venus de toute l’Inde pour se baigner dans le Gange, une bousculade monstre fait de nombreuses victimes.
Plus tard, les hasards des calendriers font tomber la Ramlila (pendant laquelle les hindous célèbrent le sauvetage de Sita par Rama) en même temps que le souvenir du martyr de Hussein pour les chiites. Et quand deux processions, l’une joyeuse, l’autre en pleurs se croisent, la ville de Brahmpur est entraînée dans des émeutes inter-religieuses, meurtres et incendies.
Il y a aussi des conflits et des affrontements à l’intérieur du parti du Congrès quand l’aile droite du parti (à laquelle Nehru est opposé) arrive à sa tête. Mahesh Kapoor se demande s’il doit rester dans le parti ou le quitter, voire même prendre sa retraite politique. Nehru est présenté comme un indécis mais dénué de préjugés religieux et apprécié des musulmans qui savent qu’il est un rempart contre le fanatisme hindou. Enfin des drames personnels touchent directement des personnages auxquels on s’est attaché depuis le début de ce roman.
C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé tous ces personnages et la lecture m’a vraiment passionnée. Plus j’avançais plus j’étais prise comme j’ai remarqué que c’est souvent le cas dans les (bons) romans fleuves. On peut y entrer avec un peu de réticences à cause du volume puis, à force de fréquenter les personnages on s’y attache et on a aussi du mal à les quitter à la fin.
Quand on place les deux volumes côte à côte, la photo se complète.
L’histoire se passe en 1950, juste après l’indépendance de l’Inde. Le jour du mariage de sa fille aînée Savita avec Pran, Mrs Rupa Mehra dit à sa cadette Lata : « Toi aussi tu épouseras un garçon que j’aurai choisi ». Un garçon convenable. Ce point de départ est le prétexte pour faire intervenir toute une galerie de personnages, apparentés de près ou de loin à la famille Mehra.
Il y a Maan, le frère de Pran, un fêtard tombé amoureux de la courtisane musulmane Saeeda Bai. On suit aussi l’action de Mahesh Kapoor, père de Maan et de Pran. Ministre du trésor de l’état du Purva Pradesh, il tente de faire voter une loi supprimant les zamindari, les grandes propriétés rurales, au profit des petits paysans qui travaillent la terre. Quand Mahesh Kapoor veut éloigner Maan de Saeeda Bai, il l’envoie à la campagne chez Rasheed, son professeur d’ourdou. C’est alors l’histoire de Rasheed qui nous est racontée. Rasheed qui s’oppose à son père qui veut spolier son journalier Kachheru.
« Corvéable à merci, il était requis, comme tous les chamars, pour n’importe quelle tâche qu’il plaisait au père de Rasheed de lui commander : labourer, pomper l’eau, porter un message à l’autre bout du village ou hisser du chaume sur le toit de la maison, qui, une fois séché, servirait de combustible pour la cuisson des aliments. Bien qu’étranger à la famille, il était autorisé, à l’occasion, à pénétrer dans le sanctuaire de la maison, notamment lorsqu’il y avait quelque chose à transporter sur le toit (…) En échange de ses services, la famille prenait soin de lui. Il recevait ainsi une certaine quantité de grains au moment de la moisson : pas assez cependant pour lui assurer ainsi qu’à sa femme le minimum vital. Il avait le droit aussi de cultiver un lopin de terre, à son usage personnel, quand son maître lui en laissait le temps, et pour ce faire d’utiliser les outils et l’attelage de boeufs. Toutes choses pour l’achat desquelles Kachheru aurait dû s’endetter, ce qu’il jugeait inutile étant donné la faible superficie du terrain. Surchargé de travail, il n’en avait conscience que parce que son corps, épuisé, le lui faisait sentir. En quarante années passées au service de la famille, il ne s’était jamais rebellé, ce qui lui valait une certaine considération. On lui donnait des ordres, mais jamais sur le ton insultant réservé à la caste de serviteurs à laquelle il appartenait. Quand il arrivait au père de Rasheed de l’appeler « mon brave »,Kachheru était très content. »
J’ai trouvé beaucoup de ressemblances entre Kachheru et Viramma de Une vie paria.
Pendant ce temps Lata a rencontré Kabir, un étudiant musulman, qu’elle voit en cachette de sa mère. Quand cette dernière apprend la terrible nouvelle (« Un musulman ! Qu’ai-je donc fait dans ma vie passée pour attirer ceci sur ma fille bien-aimée ? ») elle comprend qu’il est temps de se mettre sérieusement en quête du garçon convenable et d’éloigner Lata du danger. Elle l’emmène donc chez Arun, son fils aîné qui vit à Calcutta. Là Lata fréquente Amit, le frère de Meenakshi, la femme d’Arun. Mais Amit, un poète, ne convient pas non plus à Mrs Rupa Mehra qui éloigne encore Lata.
A Brahmpur, la ville des Kapoor et des Mehra, vivent aussi Veena, la soeur de Pran et de Maan, son mari Kedarnath et leur fils Bhaskar un jeune surdoué attiré par les chiffres. Après avoir fuit les violences inter-religieuses de Lahore pendant la Partition, Kedarnath a dû repartir de rien et s’est lancé dans le commerce de la chaussure, une activité impure pour un hindou car elle utilise du cuir de vache. Kedarnath fait affaire avec Haresh Khanna, un jeune homme ambitieux et entreprenant. C’est par hasard que Mrs Rupa Mehra fait la connaissance de Haresh chez une amie. Celui-ci lui apparaît bien vite comme un garçon tout à fait convenable.
Cette première partie compte 900 pages et la seconde qui m’attend sur ma PAL est aussi épaisse. J’ai trouvé très intéressante cette fresque dans laquelle Vikram Seth présente diverses catégories sociales : les classes laborieuses urbaines ou rurales et les grands propriétaires qui vivent de leurs rentes. Les histoires racontées sont vivantes, les personnages attachants ou déplaisants mais on a envie de savoir ce qui les attend. J’ai trouvé que c’était bien écrit et avec une pointe d’humour comme je l’apprécie (« Ils commandèrent du thé. Quoique appartenant à un organisme d’Etat, la cantine procurait un service rapide »). Cela se passe en 1950 cependant j’ai remarqué beaucoup de points communs avec ce que j’ai lu dans d’autres romans situés à l’époque contemporaine : la recherche d’un mari par la famille, la vie des exploités, la nécessité d’avoir des relations pour progresser, l’importance des liens de caste qui sous-tendent beaucoup de choses sans que cela soit vraiment dit.
14 décembre 1914, à Flabas, du côté de Verdun, Casimir fait la connaissance de Martin. Ils deviennent amis et vont travailler ensemble comme téléphonistes. Ils installent des lignes entre les tranchées. Octobre 1915, la compagnie se déplace vers Haumont. Là, Martin confie à Casimir qu’il sait qu’un trésor est caché dans les environs. Il veut qu’ils le cherchent ensemble. Février 1916, la bataille de Verdun commence.
Ce roman fait partie d’une collection, « les romans de la mémoire », établie en partenariat entre les éditions Nathan et le ministère de la défense. Elle veut « préserver la mémoire de ceux qui ont été acteurs ou témoins des conflits du 20° siècle ». Pour L’or et la boue, le résultat est quand même celui d’un ouvrage de commande. C’est bien documenté et le lecteur y trouvera des précisions intéressantes sur les conditions de vie dans les tranchées. Mais on les trouverait aussi bien dans un livre documentaire sur le sujet. Le roman n’apporte rien de plus. L’histoire de la chasse au trésor m’a parue assez peu crédible. Cela s’adresse à un public de collégiens et peut-être que ceux qui ne sont pas encore des lecteurs confirmés apprécieront car c’est facile à lire.
Agée d’environ 45 ans Julia Jarmond, américaine et mariée à un Français, vit à Paris depuis 25 ans. Elle est journaliste pour un magazine destiné aux expatriés américains en France. En 2002 elle est chargée de couvrir la commémoration des 60 ans de la rafle du Vel’ d’hiv’. Son travail prend une tournure plus personnelle alors qu’elle découvre les liens inattendus de la famille de son mari avec cet événement. En même temps son mariage traverse une crise difficile.
Née en France de parents juifs polonais, Sarah, 10 ans, est raflée avec eux le 16 juillet 1942. Avant de quitter l’appartement familial elle a eu le temps de cacher son petit frère de quatre ans, Michel, dans un placard secret. Elle a fermé la porte et a emporté la clef en lui promettant de revenir vite. Emmenée au vélodrome d’hiver puis internée à Beaune-la-Rolande, Sarah ne pense qu’à une chose : Michel l’attend, elle doit tenir sa promesse.
Cet émouvant roman raconte en parallèle l’histoire de Julia qui mène l’enquête sur la rafle du Vel’ d’hiv’ et celle de Sarah, victime de cette même rafle. Dans la première moitié du livre Tatiana de Rosnay alterne un chapitre de l’histoire de Sarah puis un de celle de Julia, procédé qui accroit toujours le suspense. Ensuite on ne suit plus directement que Julia et on apprend en même temps qu’elle ce qu’il est advenu de Sarah.
Tatiana de Rosnay présente de façon bien documentée la façon dont s’est déroulée la rafle du Vel’ d’hiv’ et comment la déportation des Juifs de France a été organisée et exécutée par le gouvernement collaborationiste de Vichy (la zone sud « dite libre » est le seul endroit non-occupé d’Europe d’où on a déporté des Juifs pendant la guerre). Elle montre aussi que des Français ont résisté en cachant et en sauvant des Juifs (grâce à leur action la France est le pays d’où le moins de Juifs ont été déportés).
J’ai dévoré ce livre d’une traite. J’avais du mal à le lâcher quand je devais me consacrer à autre chose. Pendant toute la période de ma lecture j’ai aussi été habitée par la musique de la chanson de Jean-Jacques Goldman du même titre.
Elevé par un père autoritaire qui le brutalisait et le rabaissait et qui terrorisait aussi sa mère, Mukundan a quitté son village natal dès l’âge de 18 ans pour échapper à une existence haïe. Cependant, devenu enfin indépendant, il ne s’est jamais marié, vivant en colocation avec des collègues de travail. A 58 ans il prend sa retraite et, par la force des choses, retourne s’installer dans la maison familiale.
Là il est tourmenté par le fantôme de sa mère dont il se reproche la mort accidentelle quelques années plus tôt. Il rencontre Bhasi, peintre en bâtiment avec qui il se lie d’amitié et qui va l’aider à exorciser ses démons. Il fait la connaissance d’Anjana dont il tombe amoureux.
Mais si Mukundan a besoin de relations affectueuses il rêve aussi de reconnaissance sociale. Il aimerait, comme son père, plus que son père, être reconnu au village comme un notable. Les circonstances vont mettre en balance la notoriété d’un côté, l’amour et l’amitié de l’autre. Entre les deux, Mukundan devra faire un choix.
Dans ce roman, comme dans Compartiment pour dames, Anita Nair nous présente un personnage arrivé à un tournant de sa vie. Pour Mukundan c’est le moment de cesser de subir son éducation et de devenir enfin acteur de son destin. L’auteur nous montre aussi qu’on peut progresser à tout âge. J’ai bien aimé.
L’histoire se passe dans l’Inde britannique, à la fin du 19° siècle. Kim, un orphelin d’origine irlandaise, vit d’expédients dans les rues de Lahore où tout le monde le prend pour un Indien. Par désoeuvrement il se fait le disciple d’un lama tibétain à la recherche de la rivière sacrée qui lui permettra de s’affranchir de la Roue des Choses (du cycle des réincarnations- c’est un moine bouddhiste). Les voilà partis sur les routes de l’Inde, Kim mendiant la nourriture du vieil homme.
En route, ils croisent un régiment de soldats irlandais et Kim est reconnu comme le fils de Kimball O’Hara. Il est alors envoyé dans un lycée pour y recevoir une éducation digne de ses origines. Kim a attiré l’attention d’un officier des services secrets qui a compris tout le parti qu’il pouvait tirer d’un garçon débrouillard, capable de se faire passer pour ce qu’il n’est pas. Et le renseignement, avec ce qu’il implique de roublardise et d’adresse, tente Kim. Il accepte donc de rester au lycée mais à chaque période de vacances il repart sur les routes avec son lama à qui il s’est attaché comme à un père.
J’ai beaucoup aimé ce roman d’aventures et de formation. Rudyard Kipling écrit bien, ne dédaignant pas de se moquer des uns et des autres. Un peu de misogynie, une dose de supériorité à l’égard des basses castes, pas mal de mépris pour les Européens qui ne comprennent pas un mot d’Hindoustani. On sent bien que le personnage de Kim est son idéal : le Blanc totalement assimilé qui manie la langue locale jusque dans ses tournures argotiques, qui s’accroupit par terre et mange avec la main. Mais Blanc quand même car en même temps qu’il y a beaucoup d’amour pour l’Inde il y a aussi des préjugés raciaux. Enfin, les pérégrinations de Kim sont l’occasion de nous donner de belles descriptions des gens et des lieux :
« Par endroits les croisaient ou les rejoignaient des villages entiers, en toilettes de fête à l’occasion de quelque foire locale, les femmes avec leurs bébés sur la hanche, marchant derrière les hommes, les garçons plus âgés piaffant à cheval sur des cannes à sucre, traînant de petites locomotives grossièrement modelées en cuivre comme on en vend pour un sou, ou envoyant le soleil au visage de leurs aînés avec des miroirs de pacotille. On voyait, au premier coup d’oeil, ce que chacun avait acheté, et, s’il restait un doute, il suffisait d’observer les femmes qui comparaient, en tendant leurs bras bruns, les bracelets neufs de verre mat qui viennent du Nord-Ouest. Ceux-là, les gens de frairies, cheminaient sans hâte, s’interpellant, s’arrêtant pour barguigner avec des marchands de sucreries, ou expédier une prière à quelqu’un des sanctuaires du bord de la route -ceux-ci hindous, ceux-là musulmans- mais que les castes inférieures de l’une et l’autre religion partagent avec une louable impartialité. »
En 1939 Liesel Meminger, fille de communistes allemands est placée dans une famile d’accueil, à Mölching, près de Munich. Liesel a neuf ans, elle ne sait pas lire. Son père adoptif, Hans Hubermann, va le lui apprendre. Les livres qu’elle trouve, qu’elle vole, seront ses compagnons. Hans Hubermann est un brave homme qui cache un Juif dans sa cave. Celui-ci écrit des récits pour Liesel. Liesel a aussi un ami de son âge, Rudy Steiner. Avec lui elle fait les 400 coups dans la rue.
C’est une jeune fille de ma connaissance qui m’a prêté ce livre. Elle l’avait trouvé excellent. Elle attendait mon avis, je crois. Aussi je me suis sentie obligée de le lire jusqu’au bout. Mais quel pensum ! Dans d’autres circonstances j’aurais arrêté avant la fin. Ce livre est absolument desservi par son style. C’est la Mort la narratrice et quelle insupportable cabotine ! L’histoire est en permanence interrompue par des commentaires superflus, des apartés en direction du lecteur et qui cassent complètement le rythme. Ca m’a énervé dès la première page (que voilà – mise en page d’origine) :
MORT ET CHOCOLAT
D’abord les couleurs. Ensuite les humains. C’est comme ça que je vois les choses, d’habitude. Ou que j’essaie, du moins.
UN DETAIL Vous allez mourir.
En toute bonne foi, j’essaie d’aborder ce sujet avec entrain, même si la plupart des gens ont du mal à me croire, malgré mes protestations. Faites-moi confiance. Je peux vraiment être enjouée. Je peux être aimable. Affable. Agréable. Et nous n’en sommes qu’aux « A ». Mais ne me demandez pas d’être gentille. La gentillesse n’a rien à voir avec moi.
REACTION AU DETAIL CI-DESSUS Ca vous inquiète ? Surtout, n’ayez pas peur. Je suis quelqu’un de correct.
Une présentation s’impose. Un début. J’allais manquer à tous mes devoirs. Je pourrais me présenter dans les règles, mais ce n’est pas vraiment nécessaire. Vous ferez bien assez tôt ma connaissance, (…)
Mais comme je le disais plus haut, tout le monde n’est pas du même avis que moi.
Margaret Lea vend des livres anciens dans la librairie familiale. A ses heures perdues elle rédige aussi des biographies d’écrivains. Un jour elle reçoit une lettre de Vida Winter, romancière à succès, auteur de best-sellers, qui lui demande d’écrire sa biographie. Margaret se rend dans le Yorkshire, dans la grande propriété de Miss Winter. Petit à petit elle va découvrir la vérité de l’enfance tragique de Vida. En même temps ces récits vont l’obliger à affronter ses propres fantômes. Il est question de folie, d’enfants abandonnés et de soeurs jumelles séparées. Il est question de bibliothèques et de vieux livres, du plaisir de lire.
Je n’ai que moyennement apprécié Le treizième conte. Il y a plein de péripéties romanesques et je ne me suis pas ennuyée, j’ai même attendu certaines révélations avec impatience, et pourtant j’ai l’impression que je ne suis pas vraiment entrée dedans. Difficile à dire, ça tient peut-être à mon humeur du moment. Sur la fin, toutes ces happy end qui arrivent en même temps, c’était sympathique mais peut-être un peu trop. Ce que j’ai le mieux aimé c’est la description des jardins de la propriété de Miss Winter. Ca m’a rappelé Le jardin secret de Frances H. Burnett et redonné envie de le lire. Je crois que je vais bientôt m’y décider.
En 1885 à Mandalay, en Birmanie, Rajkumar, un orphelin indien d’une douzaine d’années assiste à la prise de la ville par les britanniques. A la suite de la population locale il pénètre dans le palais royal, le palais des miroirs, pour tenter d’y récupérer quelque bien précieux. Là, il croise la reine et surtout une de ses suivantes, Dolly, une fillette de dix ans d’une grande beauté.
Tandis que Dolly suit la famille royale dans son exil en Inde, Rajkumar fait fortune dans le commerce du teck. Vingt ans après leur première rencontre, il part à la recherche de Dolly.
A la suite de Rajkumar, de Dolly puis de leurs descendants nous voyageons à travers la Birmanie, la Malaisie et l’Inde pendant tout le 20° siècle. C’est là pour moi le principal intérêt de cette oeuvre d’Amitav Gosh que de nous présenter une fresque de l’histoire du sous-continent.
J’ai trouvé ce roman pas toujours bien écrit et pas toujours bien raconté mais fort bien documenté. J’ai particulièrement apprécié les péripéties qui se déroulent pendant la seconde guerre mondiale. Alors que la Birmanie puis la Malaisie sont envahies par les Japonais, des populations civiles fuient à travers la jungle dans des conditions très difficiles. Dans le même temps des sous-officiers indiens de l’armée britannique commencent à se poser des questions sur leur engagement. L’Angleterre leur sera-t-elle reconnaissante d’avoir risqué leur vie pour son empire ? A cette époque certains d’entre eux vont se tourner vers la lutte pour l’indépendance. Le palais des miroirs m’a permis de découvrir des événements méconnus par moi.
L’histoire se passe entre la fin des années 1970 et le début des années 1980 à Colombo, capitale du Sri Lanka, dans une famille chrétienne de la minorité tamoule. Arjie, le narrateur, est un drôle de garçon. A sept ans, le dimanche chez ses grands-parents, il préfère tenir le rôle de la mariée dans les jeux de sa soeur et de ses cousines que disputer des parties de cricket en plein soleil avec son frère et ses cousins.
En grandissant Arjie prend d’abord conscience que sa différence gêne sa famille puis découvre son homosexualité dans un pays où la chose est niée ou considérée comme une monstruosité. Dans le même temps les tensions entre Tamouls et Cingalais s’exacerbent et donnent lieu à toujours plus de violence. Bientôt ont lieu des émeutes anti-Tamouls à Colombo et la famille d’Arjie est menacée.
J’ai beaucoup apprécié ce récit fort bien écrit. Les premiers souvenirs d’Arjie sont pleins d’une nostalgie qui renvoie à l’innocence de l’enfance.Le narrateur apparaît comme un petit garçon puis un adolescent intelligent et sensible. Shyam Selvadurai fait avancer en parallèle la découverte par Arjie de son homosexualité et des violences ethniques qui secouent son pays et menacent les personnes qui lui sont proches.