1472. Kathryn Swinbrooke, médecin et apothicaire à Cantorbery vient d’épouser Colum Murtagh, mercenaire irlandais au service du roi d’Angleterre. Tous les deux sont missionnés à Walmer, sur la côte du Kent où doit avoir lieu une entrevue entre des émissaires de Louis 11, roi de France et Henry, seigneur du lieu représentant la couronne d’Angleterre.
Mais voilà que des habitants du village de Walmer meurent empoisonnés. Y-a-t-il un lien entre ces meurtres et la situation politique ? C’est ce que Kathryn va essayer de découvrir tandis que les cadavres s’additionnent.
J’ai plutôt apprécié ce septième épisode des enquêtes de Kathryn Swinbrooke. Il y a des séries que je préfère dans cette collection Grands détectives chez 10-18 mais Paul Doherty (C.L. Grace est un pseudonyme) rend bien ce que j’imagine être l’atmosphère de la vie au Moyen-âge. Une époque certes violente physiquement (et surtout ici où il y a sept assassinats) mais où le rythme des vies, calqué sur celui de la nature, était beaucoup plus tranquille qu’aujourd’hui. Au milieu des turpitudes de Walmer notre héroïne, calme et posée est aussi un point d’ancrage qui rend la lecture paisible.
Boris Akounine, Pélagie et le moine noir, Presses de la cité
Au Nouvel Ararat, un monastère de l’évêché de Zavoljsk, plusieurs témoins dignes de foi ont vu Saint Basile revenu sur terre, marchant sur l’eau et criant des avertissements inquiétants. Mais l’apparition est-elle envoyée par Dieu ou par le Diable ? Ou s’agit-il d’une mystification ? Pour enquêter l’évêque Mitrophane envoie tour à tour des émissaires de choix. Mais voila qu’ils sont victimes du revenant. Les nonnes étant interdites sur le territoire du Nouvel Ararat, soeur Pélagie doit se faire passer pour une laïque pour intervenir.
Le premier épisode de la série (Pélagie et le bouledogue blanc) m’avait moyennement plu. J’ai bien fait de persévérer avec le deuxième qui m’a réjouie. Sous son déguisement, Pélagie rencontre en effet des personnages hauts en couleur. Il faut dire que l’île sur laquelle se trouve le monastère abrite aussi une maison de fous et notre soeur est à un moment en grand danger de tomber amoureuse d’un histrion séduisant. Il y a aussi une femme fatale prête à tout pour se débarrasser d’une éventuelle rivale.
Boris Akounine fait preuve de beaucoup d’imagination ce qui lui permet de fouiller ses personnages et d’avoir une histoire à raconter sur chacun d’entre eux. Le supérieur du monastère, le père Vitali, est ainsi un efficace homme d’affaire qui a fait du Nouvel Ararat un centre de pèlerinage couru par toute la bonne société russe. Menant ses moines d’une main de maître, il rentabilise au mieux leur activité.
Tout ceci est écrit dans un style léger et fort amusant. Il m’est venu à l’esprit en le lisant que les traducteurs avaient bien fait leur travail.
Anne Perry, Seven dials, 10-18
Un ministre du gouvernement de sa majesté et sa maîtresse égyptienne ont été pris en pleine nuit, transportant un cadavre dans une brouette. Thomas Pitt, toujours à la special branch, est mis sur l’affaire. Sa mission : innocenter le ministre. Pour cela notre héros devra aller jusqu’en Egypte, fouiller dans le passé de certains protagonistes. Pendant ce temps Charlotte mène aussi l’enquête de son côté : le frère d’une jeune domestique du quartier n’a plus donné signe de vie depuis plusieurs jours. Dans la maison où il était employé on ne veut donner aucune explication. Quel secret cherche-t-on à cacher ? Notre héroïne devra s’enfoncer jusque dans le quartier sordide de Seven dial pour trouver les réponses.
J’ai retrouvé dans cette palpitante aventure de Thomas Pitt tous les ingrédients qui font pour moi le talent de Anne Perry. Des personnages secondaires fouillés : la tante Vespasia, toujours en forme malgré son grand âge; Gracie la jeune bonne des Pitt dont la romance avec l’inspecteur Tellman progresse à grands pas; Victor Narraway le nouveau supérieur de Pitt qui laisse échapper un peu de son passé. Tout cela allant de pair avec une analyse psychologique fine.
Boris Akounine, Pélagie et le bouledogue blanc, Presses de la cité
Au 19° siècle, dans une province un peu reculée de Russie, Pélagie, une jeune religieuse orthodoxe, est dépêchée par son évêque, le bon Mitrophane, pour mener l’enquête sur des événements qui agitent les alentours. La tante de l’évêque, qui a consacré une bonne partie de sa vie à créer une nouvelle race de chiens (le bouledogue blanc) est au plus mal : on a assassiné l’un de ses spécimens et le choc est terrible pour la vieille femme.
Sur sa route Pélagie croise deux cadavres décapités. A Zavoljsk, chef-lieu du comté, Mitrophane est aux prises avec le perfide Tintinov, inspecteur du synode. Bien sur toutes ces affaires se rejoindront pour la plus grande gloire de Mitrophane et pour la sauvegarde des âmes de Zavoljsk.
Pélagie et le bouledogue blanc est le premier épisode d’une trilogie par l’auteur des aventures de Fandorine. J’étais toute contente de mettre la main sur cette nouvelle série et j’ai été un peu déçue. La mise en place de l’action est un peu lente et la lecture ne devient palpitante que dans la deuxième partie.
La quatrième de couverture informe le lecteur qu’il trouvera dans le style « de subtils pastiches des grands prosateurs russes du 19° siècle. » Je dois avouer que c’est un aspect de l’oeuvre qui m’échappe, ne connaissant pas cette littérature. Il reste quand même l’humour de Boris Akounine.
Boris Akounine, La maîtresse de la mort, Presses de la cité
Tandis qu’il passe ses journées dans les bas-fonds de Moscou pour trouver l’auteur de crimes horribles (cf L’amant de la mort) Fandorine, en soirée, cherche à résoudre le mystère d’une vague de suicides. Les victimes sont les membres d’une société secrète, sorte de secte où on adore la Mort comme la maîtresse suprême (ou l’amant pour les femmes). Les recrues écrivent (avec plus ou moins de talent) des poèmes qui célèbrent l’union avec la Mort et attendent avec impatience le moment où cette dernière leur fera signe de la rejoindre. Mais la Mort ne disposerait-elle pas d’un complice bien vivant ? Fandorine devra se faire passer pour un candidat au suicide convaincant afin de le démasquer.
Comme indiqué en quatrième de couverture La maîtresse de la mort complète L’amant de la mort que j’avais lu avant. Ceci dit, bien que les deux aventures se déroulent simultanément elles sont cependant indépendantes l’une de l’autre. Fandorine évolue dans des milieux bien différents. Dans La maîtresse de la mort ce n’est pas un gamin des rues qu’il a pris sous son aile mais une jeune fille de la petite bourgeoisie qui cherche à mettre un peu de piment dans sa vie. Je n’ai relevé que trois moments où les deux scénarios se croisent, s’effleurent devrais-je dire tellement c’est léger. L’intérêt de cet exercice de style est donc plutôt théorique. Pour moi je retiens surtout les qualités habituelles de Boris Akounine : une enquête palpitante, de l’humour, un héros sympathique et séduisant.
Boris Akounine, L’amant de la mort, Presses de la cité
Le jeune Senka est un orphelin qui vit d’expédients à Moscou à la fin du 19° siècle. Avec d’autres gamins des rues il dérobe leurs biens aux passants inattentifs. C’est ainsi qu’il met la main sur un chapelet de jade. Il se trouve cependant que ce chapelet appartient au héros de la série, Eraste Petrovitch Fandorine, qui y est sentimentalement attaché.
Fandorine récupère facilement son chapelet mais sa rencontre avec Senka l’entraîne dans une nouvelle aventure et l’emmène à faire connaissance avec la pègre de Moscou. Un assassin sans pitié est à la recherche d’un trésor caché et n’hésite pas à torturer ou à tuer des enfants pour parvenir à son but. Une mystérieuse jeune femme d’une grande beauté affole tous les hommes. On la surnomme la Mort. Comment ce joli-coeur de Fandorine pourrait-il lui résister ?
Ce huitième épisode des aventures de Fandorine est aussi réjouissant à lire que les précédents. Ici, l’histoire est racontée du point de vue du jeune Senka et ses commentaires sont généralement truffés de mots d’argot. On descend dans les bas-fonds de Moscou qui ressemblent beaucoup à ceux de Londres décrits par Anne Perry.
L’amant de la mort est accompagné d’un deuxième tome, La maîtresse de la mort. Boris Akounine nous informe que « quoique absolument distincts, ces deux romans créent, ensemble, un effet stéréo que seul le lecteur qui les lira tous les deux, dans l’ordre qu’il souhaite, entendra. » Appétissant, non ? Je m’attèle donc à La maîtresse de la mort ayant eu la chance de mettre la main sur les deux en même temps à la bibliothèque.
Iain Pears, l’énigme de San Giovanni, 10-18
Revoici Flavia di Stefano et Jonathan Argyll à la poursuite des voleurs d’œuvres d’art. Mais Bottando ayant été appelé à de plus hautes responsabilités c’est Flavia qui doit maintenant assumer la direction du service de police spécialisé dans ce domaine.
Une petite icône, apparemment sans valeur, a été dérobée au monastère San Giovanni de Rome. Autour du tableau évoluent un certain nombre de personnages plus ou moins impliqués dans le vol. Un restaurateur d’œuvres d’art aux méthodes controversées, un richissime collectionneur grec et son fils chef de gang, une habile voleuse à la retraite et même le supérieur du couvent désireux de renflouer ses caisses.
L’intrigue et l’enquête sont plutôt bien ficelées mais je n’ai pas trop apprécié la morale de l’auteur. Ainsi la voleuse qui a passé sa carrière à écumer les collections publiques et privées d’Italie présente son action comme une simple redistribution. Ceux qu’elle a volés pouvaient se passer de leur bien. Certes mais voler aux riches pour revendre aux riches ça n’est pas pour moi de la redistribution. J’ai été aussi choquée par la façon dont l’homme d’affaires grec règle à la fin les problèmes posés par son fils. Il me semble, contrairement à l’auteur, que c’est une étrange façon d’assumer ses responsabilités.
Anne Perry, Southampton row, 10-18
Ce nouvel épisode des enquêtes de Thomas Pitt est la suite du précédent. Dans La conspiration de Whitechapel, notre héros avait sauvé la couronne d’Angleterre d’un complot diabolique. Le revoilà aux prises avec les machinations du cercle intérieur et la perfidie de son chef Voisey. Mais cette fois c’est seul que Thomas doit enquêter et supporter la pression de l’affaire car Charlotte, Gracie et les enfants sont à la campagne en vacances et pour les protéger des ennemis de Thomas.
Comme toujours chez Anne Perry, la société victorienne est décortiquée et les sentiments des personnages analysés à fond. On rencontre ainsi Isadora Underhill, femme d’évêque qui s’aperçoit après trente ans de mariage qu’elle n’aime pas son mari. Pire encore, elle n’arrive même pas à se souvenir si elle l’a jamais aimé. Aussi, tout en assistant aux sermons de l’évêque, elle rêve qu’elle part sur la mer avec l’amiral Cornwallis. C’est aussi le talent d’Anne Perry de savoir camper des personnages secondaires attachants.
Paul Harding, L’auberge du Paradis, 10-18
Londres, automne 1380. Trois cadavres sont découverts dans une maison abandonnée de la paroisse de Southwark. L’un d’entre eux est celui d’un messager royal et si son assassin n’est pas retrouvé la paroisse sera considérée comme complice et devra payer une forte amende. Frère Athelstan, curé de la paroisse et secrétaire du coroner de Londres, sir John Cranston, se lance dans l’enquête avec ce dernier. Nos deux héros doivent mener deux enquêtes de front car au même moment une riche veuve est accusée d’avoir commis deux assassinats. Elle se prétend innocente pourtant tout semble l’accuser.
L’intérêt principal de ce roman, neuvième enquête du frère Athelstan et de sir John Cranston est de nous faire découvrir la vie quotidienne au Moyen-âge. Par contre j’ai trouvé l’enquête un peu poussive.
Iain Pears, Le mystère Giotto, 10-18
En Italie, le général Bottando, chef du service de la protection du patrimoine historique soupçonne un habile et mystérieux personnage qu’il a surnommé Giotto d’avoir réussi à voler de nombreux tableaux en toute impunité depuis trente ans. Ces soupçons sont ravivés par une lettre dont l’auteur s’accuse d’avoir eu connaissance d’un de ces vols. Bottando lance alors l’enquêtrice Flavia di Stefano sur les traces de Giotto. Il est d’autant plus important qu’elle réussisse que Bottando est menacé dans son propre service par les menées d’un arriviste qui vise sa place.
Avec son fiancé Jonathan Argyll, marchand d’art, Flavia mène l’enquête jusqu’en Angleterre pour dénicher Giotto.
Entre l’Italie et l’Angleterre Iain Pears (qui écrit en Anglais) a choisi l’Italie. La Grande-Bretagne nous est décrite comme un pays où des trains bondés et délabrés partent en retard (quand ils partent) dans l’indifférence générale et où il faut disposer d’un bon chauffage central pour supporter les rigueurs de l’été. L’autre cible des piques de Iain Pears c’est l’administration, systématiquement inefficace et paperassière. Les attaques sont faites avec humour et si on ne se formalise pas du parti-pris le tout est facile et agréable à lire. Il ne laissera pas de souvenir impérissable non plus.