Ce troisième épisode des enquêtes de Jonathan Argyll et Flavia di Stephano se déroule aux Etats-Unis où Jonathan qui travaille pour le marchand d’art Edward Byrnes a accompagné un tableau vendu à un millionnaire californien. Hélas le client est assassiné et un buste en marbre attribué au Bernin disparaît. Comme il y a tout lieu de croire que le buste était sorti en fraude d’Italie, Flavia est dépêchée sur place pour participer à l’enquête.
On retrouve tous les éléments qui font la qualité de cette série : humour, rebondissements, découverte du milieu de l’art et de ses magouilles. Conservateurs de musées, marchands d’arts et collectionneurs semblent souvent prêts à fermer les yeux sur des irrégularités pour acquérir l’oeuvre convoitée.
Iain Pears, L’affaire Raphaël, 10-18
Voici le premier épisode des enquêtes de Flavia di Stephano et de Jonathan Argyll dans le monde des amateurs d’art.
Jonathan Argyll, un étudiant en histoire de l’art a découvert à partir de documents l’existence d’un repeint de Raphaël. Au 18° siècle Carlo Mantini, peintre médiocre, a peint sur un Raphaël dans le but d’exporter l’oeuvre illégalement au profit d’un acheteur anglais. Le tableau a ensuite disparu et nul ne sait s’il est arrivé en Angleterre ou resté en Italie. Avec Flavia di Stephano, enquêtrice pour une brigade chargée de retrouver des oeuvres volées, Jonathan se lance à la recherche du Raphaël. Le tableau intéresse aussi un marchand d’art et un directeur de musée. L’affaire se corse quand un employé du-dit musée est assassiné. Elle mène nos héros de rebondissement en rebondissement jusqu’au coup de théâtre final qui révèle ce qu’il est advenu de l’objet du délit.
Les péripéties sont nombreuses, les héros sympathiques et le style plein d’humour. A l’évidence Iain Pears connaît et aime l’Italie. Une bonne série.
Iain Pears, Le comité Tiziano, 10-18
Ce livre est le deuxième épisode d’une série policière qui se déroule en Italie dans un cercle d’historiens et d’experts en art.
Le comité Tiziano, composé d’historiens de l’art de plusieurs pays se réunit une fois par an à Venise. Sa mission est d’expertiser toutes les oeuvres du Titien depuis le simple croquis jusqu’aux tableaux et aux fresques. Mais voici que l’on retrouve l’un de ses membres, le professeur Louise Masterson, assassinée dans un parterre de lys des Giardinetti Reali. L’enquêtrice Flavia di Stephano est missionnée sur cette affaire qui ne correspond pas précisément à ses attributions puisqu’elle fait partie d’une brigade spécialisée dans la recherche des oeuvres volées. Cependant son service est menacé par des restrictions budgétaires et il s’agit de montrer combien il est nécessaire.
A Venise, Flavia mène l’enquête aidée de son ami Jonathan Argyll, négociant en art. Les choses se compliquent quand d’autres membres du comité sont assassinés et que des tableaux que Jonathan essayait d’acheter sont volés.
Voilà un bon livre de la collection « Grands détectives » chez 10-18. Il me donne envie de lire les autres de la série (il y en a cinq déjà parus). On découvre le petit monde des spécialistes de l’art, les querelles de chapelles. C’est plein d’humour, un régal à lire.
Anne Perry, Meurtres souterrains, 10-18
La 15° aventure de William Monk.
William Monk a repris du service dans la police, il dirige une brigade fluviale. Un soir, alors qu’il patrouille sur la Tamise avec ses hommes, ils assistent à un drame qui se trame sur un pont sous lequel ils s’apprètent à passer. Un jeune couple bascule par dessus la rambarde, elle (Mary Havilland) d’abord, lui (Toby Argyll) à sa suite et tombe à l’eau, se noyant immédiatement. Que s’est-il passé ? A-t-elle voulu se suicider et lui la retenir ? Ou a-t-il cherché à la pousser et l’a-t-elle entraîné dans sa chute ? La famille des victimes opte pour la première explication : le père de la jeune fille s’était suicidé quelques temps auparavant et elle n’aurait pas supporté cette perte cruelle.
Cependant Monk va découvrir que les choses sont plus compliquées qu’il n’y paraît. Et si on avait voulu faire taire le père puis la fille ? C’est l’époque où des entreprises se livrent une concurrence acharnée pour creuser un réseau moderne d’égouts à Londres et M. Havilland, ingénieur de la compagnie dirigée par le frère de Toby Argyll craignait une catastrophe qui coûterait la vie à de nombreux ouvriers.
Pour mener l’enquête Monk s’associe avec son second, Orme et avec le commissaire Runcorn, son ancien chef et ennemi. Ils descendent dans le Londres souterrain, formé d’antiques canalisations, rivières, catacombes et peuplé de toute une faune de boueux, chiffe-tire, voleurs et miséreux.
On fait connaissance avec ce monde pittoresque mais j’ai trouvé l’intrigue policière peu convaincante. Je n’ai guère adhéré à la machination dont on découvre en fin d’histoire une partie des motivations tandis que les autres restent un mystère pour les personnages et le lecteur.
C’est toujours très lisible mais à mon avis Anne Perry fait ici un peu du sur place. Ses ouvrages précédents ont montré qu’elle est très capable de relancer un intérêt faiblissant donc j’attends encore la suite avec impatience.
Anne Perry, La disparue de Noël, 10-18
L’histoire se passe vers 1850 en Grande-Bretagne.
Omegus Jones donne une réception dans sa propriété de campagne. Parmi les invités Bertie Rosythe un célibataire convoité par deux jeunes veuves, Gwendolen Kilmuir et Isobel Alvie. Les tensions sont vives entre ces deux femmes, impatientes de se « caser » mais dans cette haute société corsetée par les conventions, elles ne s’expriment qu’à fleurets mouchetés. Cependant, entraînée par ses sentiments, Isobel s’exprime trop violemment et, quand, le lendemain, on retrouve Gwendolen noyée dans l’étang de la propriété, chacun accuse sa rivale de l’avoir poussée au suicide. Les invités décident alors qu’Isobel ira en pélerinage expiatoire informer la mère de Gwendolen de ce qui s’est passé. Seule son amie, lady Vespasia Cumming-Gould, soutient Isobel et lui promet de l’accompagner dans ce difficile voyage.
Cette lady Vespasia est la même, un peu plus âgée, quelques années plus tard, que l’on retrouve dans les aventures de William Monk et d’Esther latterly, du même auteur.
On est bien ici dans la ligne des autres ouvrages d’Anne Perry : même milieu « convenable » et hypocrite, même époque victorienne. Cependant, vu la minceur du livre (125 pages) l’étude des personnages est forcément moins fouillée que ce à quoi elle nous a habitués. J’imagine que vu son succès l’éditeur s’empresse de publier tout ce qu’elle a écrit.
Caroline Roe, Le guérisseur et la mort, 10-18
Le septième épisode des aventures du médecin Isaac de Gérone.
La série débute vers 1350 et a pour principal personnage un médecin juif aveugle qui vit dans le call (le quartier juif) de Gérone en Espagne. Isaac est le médecin attitré de Berenguer de Cruilles, évêque de Gérone et protecteur des Juifs de sa ville. Pour l’assister dans ses soins aux malades, Isaac est secondé par sa fille Raquel et son apprenti Yusuf. Lors de leurs consultations et visites, il leur arrive fréquemment de rencontrer des cas de maladie ou de mort suspectes. En travaillant auprès de l’évêque ils sont amenés à avoir connaissance de secrets politiques. Leur sagacité est mise à l’épreuve mais bien sur la vérité finit toujours par triompher.
Cette série est particulièrement réussie car elle allie à de bonnes enquêtes policières une description précise et vivante de la vie dans le call de Gérone (quand Isaac passe à table, on en a l’eau à la bouche).
Les personnages sont attachants. Isaac est un homme tolérant et ouvert, Raquel une jeune fille vive et enjouée. Quant à Yusuf, s’il rechigne à accomplir des tâches fastidieuses, c’est avant tout un grand coeur.
Cet épisode commence par un raid de pirates sur le village de Sant Feliu de Guixols. Lors de l’attaque, un jeune homme, qui s’était présenté comme Ruben, fils de Faneta de Majorque, disparaît. Quelques mois plus tard, un autre jeune homme arrive à Gérone en prétendant lui aussi être Ruben, le fils de Faneta. Dans le même temps, plusieurs personnes meurent d’empoisonnement. Comment les deux affaires sont-elles liées ? Qui est -où est- le vrai Ruben ? Quel est le mobile de ces crimes ? Isaac devra utiliser toutes ses alliances -dont Daniel, le fiancé de Raquel- pour résoudre ces énigmes.
Anne Perry, Bedford Square, 10-18
Voici le 19° épisode des aventures de Charlotte et Thomas Pitt.
Londres, à la fin du 19° siècle, on découvre un cadavre sur le perron de la maison du général Balantyne, un ami de Charlotte. L’homme a été assassiné. Qui est le mort ? Pourquoi a-t-il été assassiné et par qui ? Le général est-il coupable ou a-t-on amené le corps là pour le compromettre ?
En menant l’enquête Charlotte et Thomas découvrent que le général était victime d’un étrange chantage : on l’a menacé de le calomnier mais sans rien exiger en échange qu’un objet de modeste valeur (retrouvé dans la poche du mort). De toute évidence les deux affaires sont liées, mais comment ?
Nos héros apprennent petit à petit que d’autres personnalités de la haute société sont victimes du même chantage.
Comme toujours chez Anne Perry, l’enquête est prétexte à sonder les âmes et les coeurs. dans cet épisode on fait un peu plus connaissance avec l’inspecteur Tellman, adjoint de Pitt. D’origine modeste, celui-ci professe un solide mépris pour cette haute société qui se considère supérieure aux autres. Dès le début, la culpabilité de Balantyne ne fait aucun doute pour lui. Il devra admettre que lui-même n’est pas exempt de préjugés ni d’un sentiment de supériorité.
Encore un excellent ouvrage.
Paul C. Doherty, Le livre du magicien, 10-18
Le 14° épisode des aventures de Sir Hugh Corbett. Hugh Corbett est le garde du sceau privé du roi Edouard 1° d’Angleterre, c’est à dire le chef de ses services secrets. Accompagné de son fidèle écuyer Ranulf il doit déjouer les machinations de l’infâme Craon, son homologue français.
Dans cet épisode qui se déroule en 1303 des émissaires français et anglais se retrouvent dans le château de Corfe en Angleterre pour tenter de percer le code du secretus secretorum, livre de Roger Bacon. Des envoyés français meurent les uns après les autres, apparemment accidentellement.
Corbett veut aussi trouver le tueur qui assassine des jeunes filles des environs depuis quelque temps.
C’est une série agréable à lire. On apprend sur la vie au Moyen-âge et les personnages sont attachants. Hugh Corbett, le clerc torturé et consciencieux qui se pose des questions sur ses missions, qui veut agir pour le bien, s’oppose à Ranulf, ancien larron, sauvé de la potence par Corbett, élevé au rang de clerc et rongé d’ambition. cependant une grande amitié lie ces deux personnages.
Paul C. Doherty a aussi écrit :
Sous son nom ou sous divers pseudonymes, Paul C. Doherty est l’auteur de plusieurs séries de polars historiques. J’en suis deux autres :
Les aventures de l’apothicaire Kathryn Swinbrooke sont publiées sous le nom de C. L. Grace et éditées également chez 10-18. Le Lacrima Christi en est le 6° épisode.
Notre héroïne devra résoudre le mystère de la disparition d’un précieux rubis, le Lacrima Christi, dont on dit qu’il naquit du sang du Christ. Il y a aussi un crime hideux : un ancien guerrier a été décapité. L’action se passe au 15° siècle, l’histoire est agréable à lire mais manque un peu de profondeur.
Les enquêtes du frère Athelstan paraissent sous le nom de Paul Harding, toujours chez 10-18. Le 8° épisode s’appelle La chambre du diable. Il se passe en 1380.
Des prisonniers français meurent les uns après les autres, empoisonnés dans leur cachot de Londres. Qui les assassine et pourquoi ? Comme dans les aventures de Hugh Corbett il est question d’agent secret et d’intérêts cachés.
En arrière plan la vie des habitants de la modeste paroisse de Saint Erconwald dont frère Athestan est le pasteur. Les personnages semblent parfois caricaturaux et ne convainquent pas toujours.
Anne Perry, Brunswick Gardens, 10-18
Le dernier sorti d’une excellente série de romans policiers historiques et psychologiques.
Historiques car l’action se situe à la fin du 19° siècle (à partir de 1880) dans l’Angleterre victorienne. Avec le commissaire Thomas Pitt et son épouse Charlotte on pénètre dans l’intimité de la haute société, si respectable en apparence mais qu’on découvre rongée par les turpitudes.
Psychologiques car entre la découverte du crime et sa résolution il y a peu d’action mais beaucoup de questions. Que cachent les suspects ?
L’auteur excelle à faire émerger les faiblesses et les mesquineries de ces gens qui se croient supérieurs. Anne Perry connaît et décrit parfaitement la nature humaine. Son analyse est toujours d’actualité et nous amène à nous interroger sur nos propres insuffisances. Le tout n’est pas dénué d’humour fin et jubilatoire.
Voilà pour moi la combinaison idéale du roman : on s’instruit, on s’amuse et on en apprend sur soi-même.
Si vous ne connaissez pas encore, quelle chance vous avez car Brunswick Gardens est le 18° roman de la série et l’intérêt ne faiblit pas. Dans cet épisode, la jeune assistante d’un éminent pasteur s’est tuée en chutant dans un escalier. Qui l’a poussée ? Tout semble accuser le pasteur. Quand on découvre que la victime était enceinte les autres hommes de la maison sont aussi suspectés. Malgré les pressions politiques et religieuses pour étouffer l’affaire nos héros feront triompher la vérité.
Anne Perry est également l’auteur d’une autre série : les enquêtes de William Monk et d’Esther Latterly qui comprend actuellement 14 romans, également chez 10-18. Cette série se déroule un peu plus tôt que la précédente (à partir de 1850). En plus des éléments qui font le succès des aventures de Charlotte et Thomas elle explore d’autres thèmes.
Esther Latterly est infirmière, ce qui l’amène à travailler aussi bien au contact de la haute société que des plus démunis dont on découvre les conditions de vie sordides dans les bas fonds de Londres.
William Monk a été victime au premier épisode d’un accident qui l’a laissé amnésique. Ses souvenirs reviennent très lentement. C’est l’occasion pour l’auteur de s’interroger sur la mémoire et l’identité.
D’autres lectures autour du même sujet :
Michel Faber, La rose pourpre et le lys, éditions de l’Olivier.
Ne vous laissez pas impressionner par ce pavé de plus de 1100 pages car il se lit… comme un roman.
Londres, 1875. La prostituée Sugar va utiliser l’intérêt qu’a pour elle le riche William Rackham pour s’élever et donner un nouveau départ à sa vie.
Michel Faber nous emmène dans les quartiers mal-famés de Londres où les filles sont prostituées dès leur plus jeune âge. Il nous introduit dans les belles demeures de la haute bourgeoisie où les femmes sont élevées dans la négation du sexe et où la nuit de noce s’apparente à un viol. On est atterré de découvrir l’hypocrisie de cette société où les vices sont tolérés du moment qu’ils sont cachés.
Un bon livre.
Patricia Cornwell, Jack l’éventreur, affaire classée, Le livre de poche.
Patricia Cornwell a mené l’enquête et prouve qui était Jack l’éventreur. Une démonstration convaincante. l’auteur s’appuie sur les traces laissées par l’assassin et y ajoute un travail de « profiler » contemporain : elle se coule dans le personnage et comprend comment il fonctionne.
En plus de découvrir la vie misérable des prostituées londoniennes à la fin du 19° siècle on apprend comment travaille Patricia Cornwell. C’est une véritable enquêtrice scientifique qui se documente directement auprès des services de police et des équipes médico-légales.
J’imagine que ce livre devrait intéresser aussi ceux qui apprécient ses romans policiers (que je n’ai pas lus encore).
Et enfin un film : Gosford Park de Robert Altman avec Derek Jacobi, Jeremy Northam, Maggie Smith, Kristin Scott-Thomas, Clive Owen…
Un week-end mondain à la campagne dans une grande maison noble. Le maître des lieux est assassiné…deux fois ! Et en effet, plusieurs personnes semblent avoir des raisons de lui en vouloir. Qui a fait le coup ?
Bien que le film se déroule dans les années 1930 rien ne semble avoir changé depuis 50 ans dans le mode de vie de la haute société britannique. Le film montre deux mondes qui se côtoient : celui des maîtres et celui des domestiques (et comme dans les ouvrages précédents on est surpris de découvrir combien il en fallait pour servir ce beau monde). C’est très bien fait.
Après avoir vu le film j’ai lu Asworth Hall de Anne Perry (éditions 10-18) et il m’a paru évident que le livre avait inspiré le film (le livre est antérieur au film).