Un film de Jacques Audiard.
Mexique. Rita Moro Castro (Zoe Saldaña) est une avocate talentueuse exploitée par son patron. Elle est contactée par Manitas del Monte (Karla Sofia Gascón), chef d’un cartel de la drogue qui l’engage pour gérer sa transition de genre. Il s’agit de mettre sa femme (Jessi – Selena Gomez) et ses enfants à l’abri en Suisse, de faire croire à son assassinat et de lui procurer une nouvelle identité, celle de la femme qu’elle a toujours été : Emilia Pérez. Cette transition est aussi une rédemption pour Emilia qui utilise sa fortune mal acquise pour racheter, d’une certaine façon, les crimes de Manitas.
Ce film comporte des parties chantées et/ou dansées. Certains passages sont doux, entre la parole et le chant, pour exprimer les sentiments des personnages (moment émouvant quand le fils de Manitas se souvient de l’odeur de son père), d’autres plus dynamiques quand Jessi ou Rita crient leur colère. Car ce film qui met en scène des femmes en recherche d’émancipation est aussi une occasion de dénoncer les violences dont souffre le Mexique : violences des cartels de la drogue et des nombreux disparus victimes de règlements de compte, violences contre les femmes, corruption de la justice et des dirigeants. Le fait que cette dénonciation passe par le chant la rend à la fois efficace et supportable -en tout cas supportable pour moi qui n’aime pas la représentation de la violence physique.
J’ai trouvé ce film excellent à tous points de vue, je dirais que c’est le meilleur que j’ai vu depuis le début de l’année, au moins. J’ai grandement apprécié le jeu des actrices, particulièrement Zoe Saldaña et Karla Sofia Gascón, la musique, les chorégraphies, le message…
Jane Austen, Mansfield Park, 10-18
Fille aînée d’une famille nombreuse et pauvre Fanny Price a été élevée depuis l’âge de dix ans par ses tante et oncle lady et sir Thomas Bertram dans leur propriété de Mansfield Park. Elle a grandi près de ses cousins, les deux aînés Tom et Edmond, déjà jeunes gens quand elle est arrivée chez eux et leurs soeurs Maria et Julia, à peine plus âgées qu’elle mais qui l’ont toujours traitée comme une parente pauvre. En fait seul Edmond s’est intéressé à Fanny, l’a consolée au moment où sa famille lui manquait et est devenu son ami et son confident. Avec l’âge les sentiments que Fanny ressent pour lui sont de plus en plus tendres.
Fanny a dix-huit ans. Chacun s’est habitué à sa discrétion, sa grande réserve, voire son excessive timidité. Elle sert de dame de compagnie à sa tante, une femme indolente qui ne quitte guère son sofa. Le départ de sir Thomas à Antigua pour affaires, l’arrivée concomitante dans le voisinage de Mary et Henry Crawford, une soeur et un frère en recherche de plaisirs faciles, vont changer beaucoup de choses.
La relecture de Mansfield Park m’a réjouie. On y retrouve tout ce qui, pour moi, fait le plaisir à lire Jane Austen. L’histoire se déroule dans le milieu de l’aristocratie campagnarde. Ses occupations simples -promenades, lectures, travaux d’aiguille pour les dames- sont opposées aux divertissements légèrement scandaleux des adeptes de la Saison en Ville personnifiés par les Crawford et Tom Bertram. Quel remue-ménage quand jeunes gens et jeunes filles décident de monter une pièce de théâtre à Mansfield. Seule Fanny reste ferme dans ses convictions, consciente jusqu’à la fin que tout ceci n’est pas convenable.
Si la morale est nettement datée, je ne m’ennuie pas un instant car Jane Austen excelle à analyser en profondeur la psychologie de ses personnages. Le fond des sentiments quant à lui (l’amour basé sur des valeurs communes) est intemporel. Le tout est fait avec beaucoup d’humour fin, les travers de chacun sont épinglés. La tante Norris par exemple, femme mesquine, est un bon élément comique, si bien observé.
Mansfield Park adapté à l’écran :
Un film de Patricia Rozema avec Frances O’Connor dans le rôle de Fanny.
C’est après m’être procurée cette adaptation (en Anglais, sous-titrée de même) que j’ai eu envie de revenir à l’original. Dans ce film Fanny est beaucoup moins introvertie que dans le livre. Son personnage est en partie inspiré de la biographie de Jane Austen. Je peux concevoir que sa personnalité très réservée, qui ne laisse voir aucun des sentiments qui l’habitent, soit difficile à porter à l’écran. Par contre ce que je trouve moins juste c’est quand le film lui fait accepter la demande en mariage de Crawford pour changer d’avis le lendemain. Il me semble que ce n’est pas du tout le genre de Fanny.
Puis le film modifie d’autres personnages d’une façon qui n’ajoute rien d’indispensable à l’histoire voire apporte un brin d’anachronisme. Lady Bertram devient une droguée à l’opium, son fils Tom un malheureux artiste traumatisé par la conduite brutale de son père à l’égard de ses esclaves. Il y a là une dénonciation de l’esclavage, Fanny apparaît comme une abolitionniste alors que dans le roman elle ne fait que poser des questions sur le commerce des esclaves comme elle en poserait, semble-t-il, sur celui de n’importe quelle autre denrée. Il y a eu une volonté de moderniser les idées et les comportements comme si le spectateur ne pouvait pas comprendre qu’on pense et qu’on agit différemment à deux siècles d’écart. Enfin la tante Norris a quasiment disparu et tout cela rend le film beaucoup moins drôle que le livre.
J’ai ensuite mis la main sur cette autre version : un film de Iain Mac Donald avec Billie Piper dans le rôle de Fanny. Ici Fanny est encore une jeune fille enjouée qui court et rit mais on est néanmoins beaucoup plus proche de la version originale.
Ce que j’ai apprécié : le caractère intéressé des Crawford est bien montré par les conversations entre le frère et la soeur et Hayley Atwell est une Mary Crawford piquante et mignonne ; la tante Norris est parfaitement aigrie et méchante ; les jeux de regards entre les personnages.
Ce que j’ai moins aimé : une traduction française acrobatique qui fait dire à Mary Crawford quelque chose comme : « Avec lequel d’entre vous aurai-je le plaisir de faire l’amour ? » (ça ne devrait pas être plutôt « faire la cour » ? ou dans la traduction de 10-18 : « Quel gentleman parmi vous aurai-je le bonheur d’aimer ?« ) ; Billie Piper a un visage trop volontaire pour le rôle, ce me semble. Et un ensemble qui manque un peu d’épaisseur. Je ne suis pas persuadée que quelqu’un qui découvrirait Mansfield Park avec ce film aurait envie de lire le livre.
Du fait du caractère de son héroïne Mansfield Park est sans doute une oeuvre difficile à adapter à l’écran et je n’ai guère été convaincue par ces deux versions.
Slumdog millionaire
Ce film de Danny Boyle est inspiré du livre Les fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire. Jamal Malik (Dev Patel), un enfant des bidonvilles, gagne le gros lot au jeu « Qui veut gagner des millions ». On soupçonne la tricherie. Pourtant il explique comment chaque épisode de sa vie aventureuse lui a permis de répondre aux diverses questions posées. Les péripéties retenues ne sont pas toujours les mêmes que dans le roman.
J’ai beaucoup apprécié ce film (beaucoup plus que le livre). J’ai été particulièrement impressionnée par toutes les scènes du début qui sont tournées dans un grand bidonville de Bombay. J’ai lu que c’était Dharavi (le plus grand bidonville d’Asie). Il y a une course poursuite dans les ruelles et une montée de la caméra avec des vues du ciel de plus en plus larges. C’est saisissant. J’ai bien aimé aussi le clin d’oeil au cinéma de Bollywood avec Amitabh Bachchan en référent, présent à travers des extraits de ses films.
C’est un film dynamique et euphorisant que je vous recommande. Il m’a réjouie.
Soirée Bollywood sur M6
Jeudi 3 juillet c’est soirée Bollywood sur M6. Quelle aubaine ! C’est pas tous les jours qu’on nous passe ce genre de choses sur nos chaînes françaises !
Alors, il y a quoi ?
1) A 20 h. 50 : Coup de foudre à Bollywood de Gurinder Chadha avec Aishwarya Rai. Eh bien, malgré son titre, ce film N’EST PAS un Bollywood. C’est un film britannique, une adaptation à l’époque actuelle et en Inde d’Orgueil et préjugés de Jane Austen. Cela reprend, en version light, les codes de Bollywood. Pour une initiation à ce cinéma, pourquoi pas ?
2) A 22 h. 50 : La famille indienne. Titre original : kabhi khushi kabhie gham (K3G. En Français : Dans le bonheur ou dans les larmes). Voilà du Bollywood et du meilleur. Ce film de Karan Johar réunit une brochette de grands acteurs (Shahruuuuuuuuuuukh !!!). J’aime beaucoup la musique et les danses en costumes (superbes).
Rohan (Hritik Roshan), fils cadet d’une riche famille, rentre chez lui, ses études universitaires terminées. Il passe d’abord embrasser ses deux grands-mères et les trouve en larmes. Elles ne savent pas comment lui annoncer que son frère Rahul (Shahrukh Khan), le favori de toute la famille, a été chassé par son père (Amitabh Bachchan) il y a plusieurs années car il avait osé épouser une jeune fille d’origine modeste (Kajol). Enfin informé Rohan décide de partir à la recherche de Rahul, de réunir sa famille et de redonner le sourire à sa mère (Jaya Bachchan).
Comme voilà un bon choix pour découvrir Bollywood. Le seul bémol est que ce soir K3G nous est présenté -horreur !- en version française ! Il faut que je dise aussi que généralement, la première fois qu’on regarde un Bollywood, on rit. Et en effet, il y a parfois de quoi. Ah, la scène sublime au pied des pyramides ! Elle fait mon régal à chaque visionnage ! Et quelle belle garde-robe ! Mais dans K3G il y a aussi de l’humour volontaire.
Si vous en avez l’occasion je ne saurais donc trop vous conseiller d’essayer. Attention, cela peut entraîner un phénomène d’addiction. Quant à moi je me trouve confrontée à un dilemme. En effet, le même soir, il y a un concert gratuit de Bombes2Bal dans les alentours. Vu les horaires je crois que je vais pouvoir cumuler : aller danser d’abord puis m’affaler devant K3G ensuite. Quelle soirée !
Michel de Grèce, Le rajah Bourbon, Le livre de poche
Il existe en Inde, à Bhopal, une famille qui porte le nom de Bourbon et qui se croit descendante du Connétable de Bourbon qui trahit François 1° en 1523. Le Connétable aurait eut un fils caché, Jean, lequel, après de nombreuses péripéties, serait venu en Inde où il a servi sous le Grand Moghol Akbar. Michel de Grèce part des maigres sources existant pour imaginer quelle a été la vie aventureuse de Jean de Bourbon.
Le gros reproche que j’ai à faire à ce roman c’est de ne nous épargner aucun cliché. Jean évolue dans un monde en noir et blanc où un seul regard permet de juger un homme sur sa mine. François 1° ? « Le menton fuyant caché par la barbe trahit sa faiblesse de caractère ». Anne de Beaujeu, belle-mère du Connétable ? « Le front trop grand et trop bombé révèle un cerveau d’une capacité exceptionnelle ». Quant à Jean lui-même, s’il n’est pas sur de ses origines, tout le monde le lui dit : « ton allure ne trompe pas, tu es à n’en pas douter le rejeton d’une très grande famille ». Comme cela serait pratique si c’était pareil dans la vraie vie. Pratique ou un peu effrayant ?
J’avais déjà remarqué ce défaut dans La femme sacrée mais dans ce dernier roman l’aspect historique était beaucoup plus étoffé et faisait l’intérêt de la lecture. Finalement, dans Le rajah Bourbon, le plus intéressant ce sont les dix pages de bibliographie commentée placées à la fin. Michel de Grèce y présente ses sources et en donne des extraits. Elles confirment que « durant le règne du grand Akbar, environ vers 1557 ou 1559, un Européen appelé Jean de Bourbon arriva à la cour de Delhi. Il se disait Français et descendant d’une des plus nobles familles du pays ».
Ce qui est intéressant aussi c’est la description de la vie à la cour d’Akbar. J’ai appris que c’était un homme tolérant qui avait une épouse chrétienne à qui il permettait de pratiquer son culte. Il avait fait venir près de lui des prêtres des différentes religions pour qu’ils discutent entre eux et dans l’espoir qu’ils arriveraient à un syncrétisme. Ca m’a donné envie d’en savoir plus sur ce personnage.
La lecture du rajah Bourbon était aussi un bon prétexte pour revoir Jodhaa-Akbar, un film d’Ashutosh Gowariker. C’est l’histoire d’amour de Jodhaa (Aishwariya Rai) et d’Akbar (Hrithik Roshan). Jodhaa était une princesse hindoue qui répugnait à épouser un musulman. Des raisons politiques imposaient cette union à laquelle elle posa deux conditions : pouvoir conserver sa religion et avoir son oratoire au palais. Et elle tomba amoureuse de ce mari si tolérant. Le film peut laisser penser que Jodhaa était la seule femme d’Akbar alors qu’en fait il en avait un plein harem.
Le film raconte aussi la prise du pouvoir par Akbar. A sa majorité il dût lutter contre ses proches qui assuraient la régence. Cela ne fut pas toujours facile. Michel de Grèce raconte comment il s’est débarrassé de son frère de lait : « s’ensuivit un corps à corps au cours duquel Akbar réussit à jeter par la fenêtre Adham Khan. Celui-ci tomba dans la cour mais n’était pas mort. Akbar ordonna de le ramasser, de le ramener dans le harem et il le jeta une deuxième fois par la même fenêtre, cette fois-ci sans que le ministre survive ». Cette scène violente est reprise dans le film.
Jodhaa-Akbar est un film historique à grand spectacle. Il y a des batailles pleines de bruit et de fureur où interviennent des éléphants caparaçonnés qui écrasent les fantassins ennemis. Il y a de somptueux costumes et de magnifiques palais. Il y a des traitres qui complotent et Hrithik Roshan nous fait profiter de son impressionnante musculature. C’est joli mais cela ne me touche pas beaucoup. Par contre cela rend sympathique le personnage d’Akbar. Enfin le film comprend (comme pas mal de Bollywood) un hymne à la grande Inde (Hindustan) unie où hindous et musulmans vivent en paix.
Camera kids, un film de Ross Kauffman et Zana Briski
Dans un quartier chaud de Calcutta, la photographe américaine Zana Briski enseigne la photo à un groupe de sept ou huit enfants d’une douzaine d’années, fils et filles de prostituées.
Dans cet excellent documentaire, plusieurs fois primé, nous les voyons photographiant leur quartier, leurs proches, leur vie. A côté de cela les filles sont déjà de vraies travailleuses : elles s’occupent des plus jeunes, font la vaisselle, sont de corvée d’eau.
Les logements sont de petits immeubles. A chaque étage une petite pièce par famille qui donne sur une galerie intérieure et une cour. Quand maman travaille, les enfants montent sur le toit. Dans la journée les femmes s’interpellent, se disputent, s’insultent d’un étage à l’autre. Il y a des pères mais on ne les entend pas, certains sont drogués au dernier degré.
Dans cet environnement les enfants sont prématurément mûris. Une fille annonce sur un ton grave et résigné : « Les autres femmes me demandent quand je vais les rejoindre. Elles disent que ça sera bientôt mon tour. »
Mais on les voit aussi joyeux et se comportant comme n’importe quels enfants à l’occasion d’une sortie à l’extérieur pour prendre des photos. Ils se gavent de friandises dans le car, ils reprennent en choeur les chansons qui passent à la radio et ils découvrent enfin la mer.
Bien sûr Zana Briski s’est attachée à ces enfants et a tenté de les arracher à leur sort, ce qui n’a pas été sans peine. Leurs photos ont été vendues aux enchères aux Etats-Unis pour financer des études en internat. A la fin du film on apprend que parmi ceux que leurs parents ont accepté de scolariser, trois vont encore à l’école. Les autres ont abandonné. Mais l’histoire ne s’arrête pas là car Zana Briski a continué son travail formidable dans ce quartier. Le site du film donne un bilan plus positif deux ans après. Et Avijit qui disait : « Le mot espoir ne fait pas partie de mon avenir » est aujourd’hui étudiant aux Etats-Unis.
Bollywood
Avec environ un millier de films par an, l’Inde est le pays qui a l’industrie cinématographique la plus productive du monde. Plusieurs villes possèdent des studios : Calcutta, Madras; mais les plus célèbres se trouvent à Bombay et sont surnommés : Bollywood. A Bollywood les films sont tournés en langue hindie (en Bengali à Calcutta, en Tamoul à Madras).
Quelles sont les caractéristiques d’un film indien ?
– Il dure en moyenne trois heures.
– Il comprend des parties chantées et dansées. Les acteurs doivent savoir danser mais pour les paroles ils sont doublés. Ces parties peuvent être très kitsch (déclaration d’amour dans les montagnes suisses) et suscitent souvent l’hilarité du néophyte.
– Il y a toujours une histoire d’amour mais attention, pas de sexe avant le mariage et encore moins de baisers à l’écran (même après le mariage). Quoiqu’on assiste à une occidentalisation dans ce domaine. Ainsi on trouve les deux dans Hum-tum mais plus suggérés que montrés.
Qui sont les grands acteurs indiens ?
Amitabh Bachchan, 63 ans, a déjà une longue carrière derrière lui. Il a commencé dans les rôles de jeune premier et s’est aujourd’hui reconverti dans les pères de famille, souvent un peu psychorigides. Par sa stature et sa capacité à évoluer il me fait penser à Sean Connery. On le surnomme Big B. En Inde c’est un dieu vivant (autels et temples en son honneur).
Shahrukh Khan, 41 ans est qualifié par les médias européens de Tom Cruise indien. Je ne connais pas assez Tom Cruise pour en juger mais je peux dire que SRK est la personnification de l’indian lover. Il a acquis sa célébrité au cinéma en acceptant des rôles de psychopathe mais depuis il est plutôt devenu le fils et le gendre idéal (les liens de famille sont très importants en Inde). Tout récemment avec Don il a montré qu’il pouvait aussi jouer un méchant particulièrement inquiétant (mais si séduisant).
Aamir Khan a commencé comme jeune premier mais s’est ensuite tourné vers des films plus politisés : films historiques ou évoquant la corruption ou le terrorisme
Kajol est un peu le pendant féminin de SRK. Comme lui elle excelle dans les rôles ou il s’agit de faire le pitre mais elle peu aussi donner une vraie profondeur à ses personnages dans un milieu où les actrices féminines sont d’abord choisies pour leur physique. Les fans attendent avec impatience tout nouveau film qui réunira le couple mythique Kajol-SRK.
Preity Zinta est connue pour ses fossettes, Rani Mukherjee pour sa voix rauque.
Quels films conseiller ?
Kabhi khushi kabhie gham contient tous les ingrédients d’un classique : grands acteurs (Amitabh Bachchan, SRK, Kajol…), mélodrame familial, musique de qualité, danses en costumes.
Veer-Zaara raconte les amours contrariées de l’Indien sikh Veer (SRK) et de la Pakistanaise musulmane Zaara (Preity Zinta). J’ai sangloté comme jamais la première fois que j’ai vu ce film.
Si vous aimez pleurer devant votre écran vous apprécierez aussi Fanaa dans lequel l’amour de Zooni (Kajol) et de Rehan (Aamir Khan) se trouve détruit par le terrorisme.
J’aime beaucoup aussi Swades, Main hoon na, Paheli…
Où se les procurer ?
A Paris, près de la gare de l’est (passage du Prado, rue du faubourg Saint Denis) on trouve de nombreux petits magasins qui vendent tous les films indiens au prix de quatre euros environ le DVD. Le revers de la médaille c’est qu’il s’agit de films importés d’Inde avec des versions françaises parfois très déficientes. Les sous-titres semblent bien souvent avoir été traduits de l’Anglais à l’aide d’un dictionnaire par quelqu’un qui ne maîtrisait absolument pas notre langue. Le résultat ce sont des moments de perplexité à essayer de comprendre ce que viennent faire là bidons, gerçures et lieutenants. Les sous-titres en Anglais s’avèrent finalement plus faciles à comprendre pour qui a quelques notions de cette langue.
Si on n’a pas l’occasion de se déplacer à Paris certaines de ces boutiques disposent de sites internet et vendent par correspondance.
Pour des sous-titres de bonne qualité il reste les éditeurs français, particulièrement Bodega. C’est plus cher et le nombre de films disponibles est moins étendu.
Michel de Grèce, La femme sacrée, Pocket
En 1843, Lakshmi, rani de Jansi, devient veuve. Elle choisit alord d’assurer le gouvernement de ce petit état du nord de l’Inde en place de son fils adoptif Damodar, encore trop jeune. Mais les autorités anglaises qui gèrent le pays décident de la destituer et de gouverner directement Jansi et elle doit s’incliner.
En 1857 éclate la révolte des cipayes. Pour les Indiens c’est leur première guerre d’indépendance. Des souverains indiens spoliés de leurs trônes s’unissent contre le colonisateur. Ils reçoivent le soutien de cipayes, soldats indiens engagés du côté anglais. On vient en effet de distribuer à ces hommes de nouvelles cartouches dans lesquelles ils doivent mordre avant de les utiliser. Or le bruit court que ces cartouches contiennent de la graisse de porc, impure pour les musulmans et de vache, sacrée pour les hindous. Ces rumeurs (qui arrivent fort à propos) entraînent la révolte des cipayes.
A Jansi ou vit une petite communauté britannique, Lakshmi, contactée par les chefs rebelles, refuse d’abord de s’engager mais les circonstances vont peu à peu l’y contraindre. Quand les Anglais de Jansi sont massacrés malgré ses tentatives pour les sauver elle est désignée comme responsable et doit entrer dans la lutte pour empêcher des représailles sanglantes.
C’est cette histoire d’une femme luttant jusqu’au bout pour l’indépendance de son peuple que nous raconte Michel de Grèce. Son livre est écrit à la façon d’un roman avec description des lieux et des sentiments « comme si on y était ». Ce que j’ai à reprocher à ces descriptions c’est le style trop souvent cliché : un soldat à la fruste imagination, des espions à l’air inquiétant…
Mais à côté de cela Michel de Grèce a fait un bon travail de documentation sur un sujet sur lequel on aura un peu de mal à trouver des sources en Français. Il utilise notamment des lettres d’un soldat anglais, Roderick Briggs, qui a participé à la guerre contre la rani et dont il nous donne de longs passages, faisant de la troisième partie de son livre la plus intéressante à mon avis. Il montre bien les analyses différentes de la situation, du côté anglais et du côté indien et on comprend pourquoi, hélas, les Indiens ne pouvaient pas gagner.
Cet ouvrage est à lire, pourquoi pas, en parallèle du visionage du film The rising: ballad of Mangal Pandey, sur le même sujet. Un film de Ketan Mehta.
Mangal Pandey (Aamir Khan dans le film) est un symbole, un des premiers cipayes à s’être révolté contre les Anglais. Il est présenté dans La femme sacrée :
« A Barackpur, près de Calcutta, un cipaye du 34° régiment d’infanterie indigène, nommé Mangal Pandé, était apparu un après-midi au milieu du cantonnement militaire dans un état d’excitation voisin de la folie, criant à ses camarades de se soulever contre les Anglais au nom de leur religion. Il avait abattu un sergent-major accouru pour l’arrêter et blessé deux officiers qui tentaient de le désarmer. Les cipayes, malgré les ordres, avaient refusé de porter la main sur ce brahmane de la plus haute caste. Le général Hearsey, commandant de la garnison, avait alors pris avec lui des soldats anglais et était arrivé à cheval au milieu du groupe de cipayes qui entouraient Mangal Pandé, toujours hurlant et levant ses mains rouges du sang anglais. Sur le point d’être arrêté, il avait retourné son arme contre lui-même et avait essayé de se tuer, ne réussissant qu’à se blesser. Les cipayes s’étaient alors dispersés. Mangal Pandé avait été traduit en cour martiale. »
Le film lui, présente Mangal Pandey comme un héros et non pas comme un forcené. Il raconte l’histoire de l’amitié entre Mangal Pandey et William Gordon, un officier britannique. Quand les cartouches incriminées arrivent au cantonnement Mangal est le seul à accepter de les utiliser, William lui ayant affirmé qu’elles ne contiennent pas de graisse animale. Il est convaincu ensuite du contraire et les deux hommes se retrouvent opposés. Mangal devient le leader de la révolte des cipayes de Barackpur.
La partie musicale du film est en partie assurée par un groupe de chanteurs ambulants qui se déplace à dos d’éléphant, rythmant la vie des habitants de Barackpur. les scènes de foule (kermesse du village, fête de holi) sont animées et colorées.
Sarat Chandra Chatterjee, Devdas, Les belles lettres
L’histoire de l’amour impossible de Devdas et de Parvati. Devdas est un enfant gâté, habitué à avoir tout ce qu’il veut. Il est le fils du chef du village. C’est un galopin qui sèche l’école et tape sur sa petite voisine, Parvati, de sept ans sa cadette. Ils grandissent ensemble. Parvati est issue d’une famille plus modeste que celle de Devdas, bien que de haute caste elle aussi.
Quand Parvati atteint l’âge de treize ans il devient urgent de la marier. Pour elle, il ne fait aucun doute qu’elle est destinée à Devdas mais la mère de celui-ci refuse cette mésalliance et Devdas ne veut pas s’opposer aux souhaits de ses parents. Par dépit, Parvati accepte d’épouser un riche veuf de plus de quarante ans. C’est au moment où il la perd que Devdas comprend qu’il aime Parvati. Il tente alors de noyer son chagrin dans la boisson.
Ce roman écrit en 1917 est traduit du Bengali. De tous les livres que j’ai lu sur l’Inde, c’est le premier à avoir été écrit dans une langue indienne. Les auteurs contemporains écrivent souvent en Anglais. Sarat Chandra Chatterjee est un auteur classique en Inde et le premier écrivain indien à avoir vécu de ses oeuvres.
Devdas est facile à lire, écrit dans un style simple. L’auteur nous montre des personnages dont toutes les actions sont guidées par « ce qui se fait » et la crainte du qu’en-dira-t-on. Plus que l’amour, la honte est le sentiment qui revient fréquemment et on sent tout le poids d’une société traditionnelle sur les individus.
Depuis sa parution en Inde, Devdas a été adapté neuf fois au cinéma dont la denière en 2002 avec Shahrukh Khan et Aishwarya Rai dans les rôles principaux. C’est un film de Sanjay Leela Bhansali.
Etant donné qu’il ne se passe pratiquement rien dans le livre il a bien fallu, pour durer trois heures, trouver un peu d’action. Aussi les péripéties ont été dramatisées, ce qui donne un résultat furieusement romantique. L’accent est mis sur l’amour qui ne meurt jamais.
Ce que j’apprécie particulièrement dans le film c’est la musique de qualité, les chants et les danses. Je ne me lasse pas de me repasser la bande originale. Enfin je dirai que les costumes sont superbes et qu’avec Shahrukh Khan dans le rôle du héros on en arriverait presque à trouver sympathique cet enfant gâté de Devdas.
Jane Austen
La sortie en janvier d’une adaptation cinématographique d’orgueil et préjugés de Jane Austen est un bon prétexte pour lire ou relire cette auteure trop tôt disparue. Elle est éditée, entre autres, chez 10-18.
On retrouve dans chaque ouvrage de Jane Austen pratiquement le même fonds : des jeunes filles de la bonne société rurale de l’Angleterre du début du 19° siècle (l’époque de Jane Austen), souvent modestes, tombent amoureuses de messieurs généralement issus de familles plus élevées. Leurs amours sont contrariées : des parents s’opposent à une union qu’ils jugent indigne pour le jeune homme. Mais tout est bien qui finit bien et l’amour triomphe.
Sur une trame aussi simple -et rebattue- Jane Austen a l’habileté de tracer des portraits savoureux qui montrent une fine observation de la nature humaine. Ainsi la sotte bavarde, femme qui parle à tort et à travers et dont rien ne peut interrompre le monologue est un personnage intemporel.
Le tout est écrit dans un style excellent et plein d’humour. C’est un régal.
Orgueil et préjugés est considéré par beaucoup semble-t-il comme le chef d’oeuvre de Jane Austen et, ma foi, cette réputation ne me paraît pas usurpée.
Jane et Elizabeth Bennet sont les aînées de cinq filles à marier, perspective qui inquiète beaucoup leur mère. Aussi cette dernière est-elle enchantée de voir arriver dans les environs M. Bingley, un riche célibataire. Elle ne doute pas qu’une de ses filles saura le séduire. Et en effet, le coup de foudre est presque immédiat entre la bonne et sage Jane et M. Bingley à l’heureux caractère. M. Bingley est accompagné de son ami, l’orgueilleux M. Darcy. Entre celui-ci et Elizabeth, l’amour sera moins rapide à naître, ralenti par le caractère fier de l’un et les préjugés de l’autre. Pour contrecarrer les amours des deux soeurs on trouve aussi M. Wickham, un intriguant à l’abord sympathique mais au caractère corrompu et dont le but est de séduire une riche héritière. Les soeurs cadettes de nos héroïnes, Kitty et Lydia sont deux adolescentes écervelées qui ne pensent qu’à courir après les garçons et qui se font remarquer en parlant et en riant fort. Il faudra tirer Lydia d’un bien mauvais pas où l’a jetée son inconséquence. Enfin, tout se termine heureusement après de nombreuses péripéties.
Raison et sentiments est le deuxième ouvrage le plus connu de Jane Austen.
Les héroïnes sont ici encore deux soeurs, Elinor et Marianne Dashwood. La raisonnable Elinor est amoureuse, et réciproquement, du sérieux Edward Ferrars mais la mère et la soeur de ce dernier ont d’autres projets pour lui. Quant à Marianne, exaltée et emportée par ses sentiments, elle est folle de Willoughby, jeune homme enthousiaste comme elle et dont aucune famille ne vient contrecarrer les désirs. La suite réserve des surprises car l’histoire la mieux partie n’est pas celle que l’on pourrait croire. Tout s’arrangera pour les deux soeurs mais après beaucoup de peines de coeur.
J’aime beaucoup aussi Emma.
Depuis le mariage de sa soeur, Emma vit seule avec son père, un vieux monsieur casanier. Pour ne pas le quitter, elle a décidé qu’elle ne se marierai pas. Mais par contre, elle trouve amusant de faire la marieuse pour les autres, en l’occurence Harriet Smith, une jeune fille aux origines les plus modestes. Ce rôle d’entremetteuse entraînera bien des déboires pour Emma. Elle devra repousser les assauts d’un prétendant importun qui s’est mépris sur ses intentions. Ce n’est finalement que quand Harriet s’entiche du supérieur M. Knightley qu’Emma découvre que son coeur est pris.
Orgueil et préjugés et Emma composent avec Persuasion mon trio préféré.
Persuasion raconte l’histoire d’Anne Elliot, fille de baronnet. A vingt ans elle a aimé et a été aimée par Frederick Wentworth, modeste officier de marine. Sous la pression de sa famille et de ses amis elle a refusé sa demande en mariage. Dix ans ont passé. Les circonstances remettent les jeunes gens en présence. L’amour pourra-t-il renaître ? Et si oui, Anne saura-t-elle écouter son coeur ? La réponse est oui, bien sur. La question devrait plutôt être : comment ?
Northanger Abbey est l’histoire de Catherine Morland, entichée de romans moyenâgeux. Invitée à Northanger Abbey elle ne peut s’empêcher de se prendre pour l’héroïne d’un de ces romans. Et la voilà qui imagine des passages secrets et une femme séquestrée.
Dans cet ouvrage Jane Austen adopte une position extérieure par rapport à son héroïne, commentant ses lubies de façon ironique. J’ai trouvé ce procédé un peu artificiel et j’ai moins aimé cette oeuvre que les autres.
Avec Mansfield Park j’aurai cité tous les romans achevés de jane Austen. Ne l’ayant pas relu récemment, j’éviterai de le commenter.
Des oeuvres inachevées ont aussi été publiées. Cette lecture plutôt frustrante est à réserver aux fans absolus.
Jane Austen adaptée à l’écran :
Jane Austen est une auteure classique pour les Britaniques et en tant que telle son oeuvre a été de nombreuses fois portées à l’écran. Voici mon opinion sur les adaptations que j’ai vues.
Orgueil et préjugés, un film avec Keira Knightley dans le rôle d’Elizabeth Bennet est le dernier paru. C’est une fidèle adaptation du roman. Chacun des acteurs est parfait dans son rôle.
Orgueil et préjugés (Pride and prejudice) a aussi été adapté en série de six épisodes d’environ 45 mn chacun par la BBC, avec Colin Firth dans le rôle de Darcy. On peut trouver la série en DVD, version originale seulement avec sous-titres en Anglais itou (pour les sourds) qui favorisent la compréhension quand votre Anglais est un peu limité. Je l’ai acheté chez Smith.
Cette série est citée dans le Journal de Bridget Jones d’Helen Fielding. Bridget Jones et ses amies sont folles de la scène où Darcy-Colin Firth plonge tout habillé dans un lac. Cette scène -création de la série- apparaît comme toride (effet de chemise mouillée) et les héroïnes se la passent en boucle. Je dois donc avouer que je l’attendais avec impatience et que j’ai bien sur été déçue. Le fameux plongeon est bien rapide et modeste. Quant à la chemise, elle sèche très rapidement et tout cela n’a pas produit sur moi le même effet que sur Bridget Jones…
Clin d’oeil à Jane Austen et à la série, Bridget Jones tombe amoureuse d’un Mark Darcy, joué par Colin Firth dans l’adaptation cinématographique du Journal !
J’en reviens à la série de la BBC : la longue durée permet de respecter beaucoup mieux qu’un film le rythme lent du roman. La série comme le film mettent des images sur l’histoire. A l’intérieur les personnages sont agités de sentiments puissants mais à l’extérieur on s’autorise bien peu de marques d’affection dans ce milieu et à cette époque, ce que les adaptations viennent nous rappeler.
Coup de foudre à Bollywood (Bride and prejudice !) réalisé par Gurinder Chadha (Joue-la comme Beckham) avec Aishwarya Rai dans le rôle de Lalita (Elizabeth Bennet) est une idée alléchante : Jane Austen à la sauce Bollywood. le tout est une bonne transposition à l’époque contemporaine d’orgueil et préjugés. Je pense qu’on apprécie encore mieux la performance quand on connaît l’oeuvre originale.
Bingley s’appelle ici Balraj et est un riche Indien expatrié qui revient au pays à l’occasion du mariage d’un ami. Il est accompagné d’un autre ami, un Américain convaincu de la supériorité de son pays, William Darcy. Il y a des danses et des chants, beaucoup de couleurs vives mais pour ce qui est du cinéma de Bollywood, autant aller plutôt à l’original.
Raison et sentiments avec Emma THompson (Elinor Dashwood), Kate Winslet (Marianne Dashwood) et Hugh Grant (Edward Ferrars) est une excellente adaptation et j’irais jusqu’à dire que le résultat est meilleur que l’original.
Enfin Emma, avec Gwyneth Paltrow (Emma) est également fort plaisant à voir.