Patience Portefeux est traductrice français-arabe pour le ministère de la justice. Au tribunal pour les prévenus qui ne parlent pas le français, au commissariat lors des interrogatoires mais de plus en plus souvent pour la traduction des écoutes téléphoniques de petits dealers. C’est par ce biais qu’elle entre en possession d’une grande quantité de cannabis qu’elle va s’employer à vendre. Pour ses clients, elle devient alors La daronne.
J’ai beaucoup apprécié ce réjouissant policier et son personnage amoral. Patience est bien placée pour connaître les arrangements avec la loi de la police et de la justice et elle s’en donne à coeur joie pour rouler un employeur qui la fait travailler au noir :
« C’est d’ailleurs assez effrayant quand on y pense, que les traducteurs sur lesquels repose la sécurité nationale, ceux-là même qui traduisent en direct les complots fomentés par les islamistes de cave et de garage, soient des travailleurs clandestins sans sécu ni retraite. Franchement, comme incorruptibilité on fait mieux, non ? »
Hannelore Cayre est avocate pénaliste et elle aussi est bien placée pour connaître ce dont elle traite. C’est donc un ouvrage qui a la saveur du vécu, très crédible. Par ailleurs elle porte un regard très critique sur la société française et ses travers. Il est notamment question des conditions de fin de vie des personnes âgées dans des EPHAD qui ressemblent à des mouroirs faute de personnel mais aussi du peu de perspectives laissées aux jeunes, particulièrement quand ils sont issus de l’immigration :
« Malgré tous ses efforts, à la sortie des études, il avait pris en pleine face le Grand Mensonge français. La méritocratie scolaire -opium du peuple dans un pays où on n’embauche plus personne, encore moins un Arabe- ne lui apporterait pas les moyens de financer ses rêves ».
La critique est mordante, l’humour caustique et c’est très bien écrit : je me suis régalée.
Keisha le 28 février 2018 :
Idéal en ces temps à ne pas mettre le nez dehors. Je l’ai lu et enchaîné avec d’autres titres de l’auteur.
Réponse :
Oui, excellent. Et le reste est aussi bien ?
Hélène le 1er mars 2018 :
Un personnage atypique n’est-ce pas ?
Réponse :
D’après ce que j’ai lu de l’auteure il y a un fond autobiographique dans son personnage. C’est elle qui pose pour la photo de couverture.
ta d loi du cine le 14 octobre 2023 :
Pour cette oeuvre-ci, je l’avais lue avant qu’en soit réalisé une adaptation cinématographique par Jean-Paul Salomé en 2020 (je l’ai vue – et elle a peut-être été l’occasion d’une relecture, je ne me le rappelle plus trop…).
(s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola
Réponse :
Pareil pour moi, j’ai aussi vu le film à sa sortie. Je ne pouvais pas rater ça tellement j’avais apprécié le livre.