En 1980-1982 Vikram Seth a vécu en Chine où il étudiait à l’université de Nan-King. En juillet 1981 il obtient un visa pour le Tibet dans des circonstances inattendues qui font intervenir la chanson principale du film indien des années 50, Awara. Voulant profiter de cette aubaine mais attendu pour l’été par sa famille en Inde, Vikram Seth décide alors de rentrer chez lui en stop, en passant par le Tibet.
Il suit une des principales routes utilisées pour le transport des marchandises et qui relie le Sin-K’iang au Tibet à travers l’ouest de la Chine. Il obtient une place auprès de routiers qui font le trajet régulièrement. Il y a Sui, le Han qui fume cigarette sur cigarette. Pour lui la route est un mode de vie. Il a tissé tout un réseau de connaissances sur son chemin, chez qui il s’arrête pour discuter, boire du thé ou fournir quelques marchandises à ces gens souvent éloignés de tout. Sui est accompagné de son neveu, un adolescent boudeur qui retourne chez ses parents. Et il y a Gyanseng, le Tibétain, pressé d’arriver à la maison. Pendant plusieurs jours les quatre hommes cohabitent, serrés les uns contre les autres dans la cabine. La route est rendue difficilement praticable par des inondations et le camion s’embourbe à plusieurs reprises.
Pendant son voyage Vikram Seth est frappé par le bon accueil qu’il reçoit généralement chez les autochtones. L’administration est très procédurière. Il faut faire tamponner son laisser-passer, avoir les bonnes autorisations et « le règlement, c’est le règlement » mais les fonctionnaires locaux sont aussi capables de se mettre en quatre pour lui faciliter les choses dès qu’apparaît une affinité partagée : un goût commun pour une chanson de Bollywood, une photo entraperçue de ses parents en costume traditionnel. Les étrangers, particulièrement quand ils voyagent seuls, sont peu nombreux dans cette région de la Chine à cette époque et les habitants ont le souci de laisser une bonne image de leur pays.
L’auteur séjourne quelques jours à Lhassa. Les traces sont encore visibles des temples détruits pendant la révolution culturelle. Il fait la connaissance d’une famille dont le père et un fils ont été emprisonnés pendant douze ans comme ennemis du peuple avant d’être réhabilités.
Finalement il traverse à pieds par des petits chemins la frontière entre la Chine et le Népal, les crues ayant emporté le pont qui servait aux camions. Puis, après encore quelques jours à Katmandou, prend l’avion pour Delhi.
J’ai trouvé cette lecture plutôt plaisante.