Retisser nos liens dans un monde désuni. Loretta Napoleoni est une journaliste italienne spécialisée dans le financement du terrorisme. Peu avant d’écrire le présent ouvrage, elle découvre que son mari a investi inconsidérément l’argent du ménage et qu’ils sont ruinés. Elle doit vendre sa maison des Etats-Unis, hypothéquer et louer celle de Londres. Elle divorce. Cette trahison a beaucoup affecté l’autrice. Pour calmer ses angoisses et penser à autre chose elle se remet au tricot qu’elle a pratiqué depuis l’enfance et décide d’écrire ce livre. Le résultat est un mélange de récit autobiographique, d’informations historiques et scientifiques et de considérations sur le « pouvoir » du tricot.
Loretta Napoleoni a appris à tricoter avec sa grand-mère qui profitait de ces séances privilégiées pour lui raconter sa vie et lui faire part de ses considérations sur le monde. J’ai tendance à penser que l’important dans cette relation ce n’était pas le tricot mais la grand-mère et que celle-ci aurait fait passer les mêmes notions via une autre activité (la cuisine, le jardinage?)
Ce qui m’a le plus intéressée ce sont les informations factuelles, particulièrement historiques. J’apprends ainsi que l’ancêtre du tricot était le nalbinding qui se pratique avec une seule aiguille à chas. Vers 400 av. JC il est remplacé par le tricot à deux aiguilles que nous connaissons. Il est question aussi des effets positifs de l’activité tricot sur le cerveau : lutte contre le stress et développement des connexions neuronales.
Je suis plus dubitative concernant le tricot comme moyen de lutte politique : des activistes se réunissent pour tricoter ou réalisent une œuvre collective afin d’attirer l’attention sur un problème environnemental ou de gouvernance. L’autrice a à ce sujet des accents exaltés : « A l’heure où de nouveaux défis s’annoncent pour notre avenir, le tricot peut s’allier à la politique pour recoudre les fractures et reconstruire les ponts de la communication ; il peut purifier l’air pollué, assainir l’eau et faire revivre les liens sociaux ». Les liens sociaux, je veux bien ; faire prendre conscience des problèmes, aussi ; mais pour sauver la planète, à mon avis, on ne pourra pas se contenter du tricot. Il va falloir passer à autre chose.
Il y a une volonté très américaine, il me semble -Loretta Napoleoni a passé une partie de sa vie aux Etats-Unis et le livre est traduit de l’américain- de tout positiver. Le résultat pour moi manque de nuances et m’a régulièrement agacée. Un dernier exemple : « Nous, les tricoteurs, sommes unis pour toujours, reliés les uns aux autres par des mailles à l’endroit et des mailles à l’envers, interconnectés par la beauté de cet artisanat. Assemblés autour des fibres naturelles dont ce fil est fait, nous sommes les témoins de ce que l’humanité a de meilleur en elle ».
C’est donc un livre très inégal qui soulève des points de réflexion intéressants lesquels sont disqualifiés à mes yeux par ce genre d’élans mystiques sur le pouvoir du tricot. Comme s’il n’y avait pas des gens très peu recommandables qui tricotaient.
Le texte est suivi d’un cahier des modèles cités, comme le coquelicot que vous voyez dans mon panier en tête d’article. J’ai utilisé un rouge trop foncé, le résultat n’est pas très réaliste.
Kate Davies, Sark, KDD & Co
Après les chaussettes, les bonnets et les moufles, je m’attaque aux pull-over. J’en avais tricoté autrefois, il y a fort longtemps et je dois dire que le résultat n’était pas toujours à la hauteur du travail déployé. Depuis j’ai découvert le blocage qui fait toute la différence : une fois l’ouvrage terminé je le trempe dans de l’eau à température ambiante pendant une demi-heure ; j’essore sans tordre (je le roule dans une serviette éponge ou, si les dimensions le permettent, je le passe à l’essoreuse à salade) ; j’épingle à la forme désirée sur un tapis mousse -voir photo ci-dessous- et j’attends que ça sèche complètement. Le résultat est spectaculaire, les petites irrégularités de tricot se sont atténuées.
Dans ce livre les ouvrages sont tricotés en rond avec une aiguille circulaire donc sans coutures. Les explications sont claires -si ce n’est une petite erreur dans les explications du pull- avec des diagrammes que j’ai trouvés faciles à comprendre. C’est en anglais. Pour l’instant j’ai tricoté un pull et un col (snood). Le travail était terminé fin avril, je me suis dit que je les porterais l’hiver prochain mais vu le temps qu’il a fait depuis j’ai eu l’occasion de les sortir.
J’aime beaucoup le travail de la créatrice Kate Davies. Ici elle collabore avec le photographe Tom Barr, un Ecossais lui aussi, et, en plus des modèles présentés, le livre est illustré de belles photos en noir et blanc, principalement de végétaux.
Ce que j’ai appris :
à tricoter un pull en rond du bas vers le haut,
à croiser des mailles sans utiliser d’aiguille auxiliaire.
Ieva Ozolina, 50 mitaines et moufles à tricoter comme en Lettonie, Editions de Saxe
Après les chaussettes et les bonnets je tricote cette année des moufles pour mon entourage. Comme vous pouvez le constater ci-dessus j’ai déjà bien avancé la réalisation de mes cadeaux de Noël et je continue. Difficile de résister aux modèles somptueux que contient ce livre. Elles sont toutes en jacquard.
Dans l’introduction j’apprends qu’en Lettonie les moufles faisaient traditionnellement partie du trousseau de la mariée, les plus riches d’entre eux pouvant en comprendre plusieurs centaines de paires ! Je me demande ce qu’on pouvait bien faire de tout ça. On nous annonce en quatrième de couverture qu’on va découvrir « l’histoire fantastique des moufles lettones » mais je trouve en ce qui me concerne que les explications historiques sont bien trop rapides.
Ce qui me manque aussi ce sont des explications claires pour tricoter en jacquard avec plus de deux laines. Certains des modèles proposés ici sont réalisés avec quatre couleurs différentes de laine sur le même rang. Pour l’instant je ne me suis pas encore lancée dedans et je n’ai pas trouvé de tuto sur internet qui me montre comment gérer tous ces fils en même temps.
Chaque modèle est illustré d’une photo et d’une grille jacquard et est donné en une seule taille. J’ai du parfois modifier un peu la grille pour adapter le modèle à la taille que je souhaitais.
L’autrice préconise d’utiliser un jeu de cinq aiguilles double pointe, je fais ça très bien avec mes aiguilles circulaires et je trouve même que c’est plus facile.
J’ai appris comment on faisait une ouverture pour le pouce.
Kate Davies, Milarrochy heids, Kate Davies design
Kate Davies est une designeuse écossaise qui crée des modèles de tricot que j’ai découverts avec ce livre et que j’aime beaucoup. Dans cet ouvrage qui présente quinze modèles de bonnets tous superbes, elle s’est associée avec treize autres créatrices. J’ai acheté le livre sur mon site de laine favori qui propose aussi un fil équivalent à celui vendu par l’autrice. Après les chaussettes je suis donc passée aux bonnets et j’en ai tricoté pour tous mes proches, ça m’a fait une bonne série de cadeaux de Noël. Le livre est en anglais, j’ai donc tricoté en anglais! En plus des explications où il m’a fallu parfois chercher la traduction de termes techniques, chaque modèle est accompagné d’un diagramme très bien fait et quand on a déjà tricoté du jacquard, c’est facile de s’y retrouver. Grâce à cet ouvrage j’ai pu expérimenter plein de nouvelles techniques que je ne connaissais pas: le tricot double face réversible, le montage tubulaire et j’ai appris à tricoter en jacquard en tenant un fil dans chaque main. Pour m’aider j’ai eu recours à des tutos sur Youtube, il y en a de très bien faits.
Les bonnets sont tricotés à l’aiguille circulaire en partant du bas. Il m’a fallu parfois revenir sur le tour de tête trop serré ou trop large mais je suis très contente du résultat.
Wendy D. Johnson, Tricoter ses chaussettes, Eyrolles
Les techniques pour débuter
J’ai beaucoup tricoté étant plus jeune -j’ai commencé à l’adolescence- mais cela faisait un bout de temps que je n’avais pas pratiqué cette activité. Mes enfants sont maintenant trop grands pour porter les tricots de maman et puis aujourd’hui cela coûte moins cher de s’acheter un pull que de se le fabriquer. En même temps cela fait longtemps que j’avais envie de tricoter des chaussettes, ouvrage de petite taille donc rapide à terminer et qui n’utilise pas beaucoup de laine. Aussi j’ai été bien contente de tomber sur ce livre qui propose de superbes modèles. Pour les fournitures il y a l’adresse d’un site qui vend des laines auxquelles on peut difficilement résister, certaines à prix abordable.
Au moment où j’écris ces lignes je viens de terminer ma première paire, j’ai commencé la deuxième et j’ai commandé les laines pour en faire encore deux autres. Ca a un côté addictif et je reconnais que mon rythme de lecture en pâtit.
Mon avis sur la méthode et les explications :
Les chaussettes sont tricotées depuis la pointe à 5 aiguilles ou avec une aiguille circulaire. Pas si simple que ça : ça va pour quelqu’un qui a déjà de bonnes bases en tricot, il me semble. Le sous-titre parle de « techniques pour débuter », pour débuter en chaussettes, pas en tricot. Il m’a semblé que certaines explications étaient un peu rapides et, comme l’autrice le conseille elle-même, ça m’a aidé de visionner un ou deux tutos sur youtube. Les passages un peu complexes ce sont la pointe et le talon, le reste ça va tout seul si vous avez déjà tricoté des trous-trous.
Et voilà le résultat !