Nicolas part en classe de neige pour deux semaines et dès le début de ce roman on sent que quelque chose va mal se passer pour lui. Alors que le transport est organisé en car, son père a tenu à l’amener en voiture ce qui le singularise par rapport aux autres élèves. Nicolas est un enfant replié sur lui-même qui fait des cauchemars la nuit et imagine des scénarios inquiétants le jour. D’où viendra la violence ? De Nicolas lui-même, d’un camarade de classe, d’une famille dont on comprend que son fonctionnement n’est pas épanouissant ou de l’extérieur ? Au départ toutes les possibilités sont ouvertes et c’est l’habileté d’Emmanuel Carrère de faire planer comme une menace sur la lecture.
En même temps il y a l’intervention de Patrick, le moniteur de la classe de neige, qui fait entrevoir à Nicolas ce que pourrait être une enfance insouciante et apporte au lecteur une note d’espoir et des petits moments de respiration. Mais le malaise progresse quand même. Cela tient en haleine jusqu’à la fin dont on ne suspecte le dénouement qu’assez tardivement.
Boualem Sansal, Le village de l’Allemand ou le journal des frères Schiller, Gallimard
Rachid Helmut (Rachel) et Malek Ulrich (Malrich) sont deux frères de père allemand et de mère algérienne. Ils ont été élevés dans une cité de la banlieue parisienne par un ami de leur père tandis que leurs parents restaient dans leur village d’Aïn Deb. En 1994 26 habitants du village -dont les parents Schiller- sont massacrés par des terroristes. A cette occasion les deux frères découvrent le passé de leur père : un ancien SS réfugié en Algérie après la deuxième guerre mondiale.
Rachel, l’ancien bon élève, se sent responsable des actes de son père et se plonge dans les ouvrages sur la shoah, accumulant des informations techniques dans l’espoir de comprendre le rôle de celui-ci dans l’extermination des Juifs.
Malrich traine avec ses copains et vit de petits boulots épisodiques. Pour lui l’islamisme qui frappe l’Algérie et qui se répand dans sa cité fonctionne sur les mêmes ressorts que le totalitarisme et doit être combattu. Les autorités françaises (ici en la personne d’un commissaire de police) sont accusées d’aveuglement face à ce danger.
La découverte du secret paternel et les bouleversements que cela entraîne pour Rachel et Malrich sont présentés sous forme de journal. En variant les styles Boualem Sansal a habilement rendu les personnalités des deux frères. Le résultat est poignant.
Fethiye Cetin, Le livre de ma grand-mère, L’aube
Alors qu’elle était déjà adulte, Fethiye Cetin a découvert que sa grand-mère était une rescapée du génocide des Arméniens. Quand elle était petite elle a été enlevée, lors d’une marche de la mort, par un gendarme turc à qui elle avait plu. Il n’avait pas d’enfant et l’éleva comme sa fille. Sa femme par contre la considérait comme une servante. Elle changea de nom, de religion et épousa plus tard un neveu de ses parents adoptifs.
Ce livre est un hommage de Fethiye Cetin à une grand-mère dont elle était très proche, qui l’a en partie élevée après la mort de son père. Il est fait des souvenirs que cette femme avait tus et qu’elle a commencé à raconter à sa petite-fille peu avant sa mort. Ce sont souvent des impressions, des images de la vie quotidienne qui essaient de redonner corps à ce qui a disparu. Cela m’a fait penser à des choses que j’ai lu sur la vie des Juifs en Europe centrale avant la seconde guerre mondiale.
Aujourd’hui en Turquie, un certain nombre de personnes découvrent, comme Fethiye Cetin, leurs origines arméniennes au moment où les derniers survivants disparaissent. De ce fait Le livre de ma grand-mère a eu un succès inattendu dans ce pays.
Vikram Seth, Un garçon convenable, 2° partie, Le livre de poche
A Brahmpur Lata se retrouve en présence de Kabir quand elle participe à une pièce de théâtre dans laquelle il joue aussi comme acteur. Poussé par ses soeurs, Amit lui envoie un de ses recueils de poèmes et commence à la courtiser de façon plus assidue. En même temps Lata démarre une correspondance avec Haresh afin d’apprendre à mieux se connaître. Ces trois relations simultanées l’obligent à s’interroger sur ses sentiments pour chacun de ses prétendants.
Mais si le mariage de Lata est le prétexte et l’aboutissement du livre elle-même n’en est qu’un personnage assez secondaire et dans cette deuxième partie des événements dramatiques se déroulent autour d’elle.
A l’occasion du Pul Mela, une fête qui attire des milliers de pèlerins venus de toute l’Inde pour se baigner dans le Gange, une bousculade monstre fait de nombreuses victimes.
Plus tard, les hasards des calendriers font tomber la Ramlila (pendant laquelle les hindous célèbrent le sauvetage de Sita par Rama) en même temps que le souvenir du martyr de Hussein pour les chiites. Et quand deux processions, l’une joyeuse, l’autre en pleurs se croisent, la ville de Brahmpur est entraînée dans des émeutes inter-religieuses, meurtres et incendies.
Il y a aussi des conflits et des affrontements à l’intérieur du parti du Congrès quand l’aile droite du parti (à laquelle Nehru est opposé) arrive à sa tête. Mahesh Kapoor se demande s’il doit rester dans le parti ou le quitter, voire même prendre sa retraite politique. Nehru est présenté comme un indécis mais dénué de préjugés religieux et apprécié des musulmans qui savent qu’il est un rempart contre le fanatisme hindou.
Enfin des drames personnels touchent directement des personnages auxquels on s’est attaché depuis le début de ce roman.
C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé tous ces personnages et la lecture m’a vraiment passionnée. Plus j’avançais plus j’étais prise comme j’ai remarqué que c’est souvent le cas dans les (bons) romans fleuves. On peut y entrer avec un peu de réticences à cause du volume puis, à force de fréquenter les personnages on s’y attache et on a aussi du mal à les quitter à la fin.
Quand on place les deux volumes côte à côte, la photo se complète.
La première partie par ici.
Daniel Mendelsohn, Les disparus, Flammarion
Quand il était petit Daniel Mendelsohn aimait beaucoup écouter son grand-père maternel lui raconter les histoires de sa famille venue presque au complet d’Ukraine aux Etats-Unis dans les années 1920. Ses deux soeurs fiancées (« vendues ») successivement au même cousin bossu et hideux. L’aînée d’abord puis, après sa mort (« une semaine avant son mariage »), la cadette. Son frère émigré en Israël juste à temps, au début des années 30, sous la pression de sa femme, « une sioniste ». Un seul frère était resté en Ukraine dans le village natal de Bolechow, Shmiel, l’aîné, celui dont le grand-père parlait le moins. Tout ce que Daniel Mendelsohn savait c’est qu’il avait été « tué par les nazis » avec sa femme et ses « quatre filles superbes ».
En grandissant Daniel Mendelsohn a voulu en savoir plus sur son oncle Shmiel Jäger. Après la mort de son grand-père il a recherché des survivants de Bolechow de la shoah par balles dont plus d’un million et demi de Juifs ont été victimes en Ukraine. Pour les interroger il a voyagé jusqu’en Australie, en Israël et en Suède. Il est allé à Bolechow retrouver les témoins de ce qui s’était passé 60 ans plus tôt.
Pendant cette recherche qui s’est étalée sur 5 ans il est accompagné très souvent par son frère cadet Matt, auteur de la plupart des photographies qui illustrent l’ouvrage. C’est l’occasion pour Daniel de faire enfin la connaissance de Matt car, lorsqu’ils étaient enfants, Daniel n’aimait guère Matt auquel il a même un jour cassé un bras dans un accès de rage. Cette découverte de son frère n’est pas la moindre des belles rencontres faites par Mendelsohn lors de son périple. Un aspect important Des disparus c’est tout ce pan autobiographique. En même temps qu’il enquête sur sa famille l’auteur se dévoile, interroge ses souvenirs, compare les relations qu’il imagine entre Shmiel et ses parents à celles qu’il avait lui-même enfant avec ses frères et soeur.
Les événements qui touchent la famille Jäger sont aussi mis en relation avec des passages de la Genèse analysée par deux commentateurs de la Torah, Rachi (né à Troyes en 1040) et Friedman, un contemporain, plus les commentaires personnels de l’auteur qui permettent de le connaître mieux.
Enfin les retrouvailles de Daniel Mendelsohn avec une partie du passé de sa famille sont aussi des retrouvailles avec une culture disparue, la culture juive d’Europe centrale.
Pour toutes ces raisons cet ouvrage foisonnant est un ouvrage passionnant. Daniel Mendelsohn apparaît comme quelqu’un d’intelligent, qui réfléchit, quelqu’un de bien.
Vikram Seth, Un garçon convenable, première partie, Le livre de poche
L’histoire se passe en 1950, juste après l’indépendance de l’Inde. Le jour du mariage de sa fille aînée Savita avec Pran, Mrs Rupa Mehra dit à sa cadette Lata : « Toi aussi tu épouseras un garçon que j’aurai choisi ». Un garçon convenable. Ce point de départ est le prétexte pour faire intervenir toute une galerie de personnages, apparentés de près ou de loin à la famille Mehra.
Il y a Maan, le frère de Pran, un fêtard tombé amoureux de la courtisane musulmane Saeeda Bai. On suit aussi l’action de Mahesh Kapoor, père de Maan et de Pran. Ministre du trésor de l’état du Purva Pradesh, il tente de faire voter une loi supprimant les zamindari, les grandes propriétés rurales, au profit des petits paysans qui travaillent la terre. Quand Mahesh Kapoor veut éloigner Maan de Saeeda Bai, il l’envoie à la campagne chez Rasheed, son professeur d’ourdou. C’est alors l’histoire de Rasheed qui nous est racontée. Rasheed qui s’oppose à son père qui veut spolier son journalier Kachheru.
« Corvéable à merci, il était requis, comme tous les chamars, pour n’importe quelle tâche qu’il plaisait au père de Rasheed de lui commander : labourer, pomper l’eau, porter un message à l’autre bout du village ou hisser du chaume sur le toit de la maison, qui, une fois séché, servirait de combustible pour la cuisson des aliments. Bien qu’étranger à la famille, il était autorisé, à l’occasion, à pénétrer dans le sanctuaire de la maison, notamment lorsqu’il y avait quelque chose à transporter sur le toit (…)
En échange de ses services, la famille prenait soin de lui. Il recevait ainsi une certaine quantité de grains au moment de la moisson : pas assez cependant pour lui assurer ainsi qu’à sa femme le minimum vital. Il avait le droit aussi de cultiver un lopin de terre, à son usage personnel, quand son maître lui en laissait le temps, et pour ce faire d’utiliser les outils et l’attelage de boeufs. Toutes choses pour l’achat desquelles Kachheru aurait dû s’endetter, ce qu’il jugeait inutile étant donné la faible superficie du terrain.
Surchargé de travail, il n’en avait conscience que parce que son corps, épuisé, le lui faisait sentir. En quarante années passées au service de la famille, il ne s’était jamais rebellé, ce qui lui valait une certaine considération. On lui donnait des ordres, mais jamais sur le ton insultant réservé à la caste de serviteurs à laquelle il appartenait. Quand il arrivait au père de Rasheed de l’appeler « mon brave », Kachheru était très content. »
J’ai trouvé beaucoup de ressemblances entre Kachheru et Viramma de Une vie paria.
Pendant ce temps Lata a rencontré Kabir, un étudiant musulman, qu’elle voit en cachette de sa mère. Quand cette dernière apprend la terrible nouvelle (« Un musulman ! Qu’ai-je donc fait dans ma vie passée pour attirer ceci sur ma fille bien-aimée ? ») elle comprend qu’il est temps de se mettre sérieusement en quête du garçon convenable et d’éloigner Lata du danger. Elle l’emmène donc chez Arun, son fils aîné qui vit à Calcutta.
Là Lata fréquente Amit, le frère de Meenakshi, la femme d’Arun. Mais Amit, un poète, ne convient pas non plus à Mrs Rupa Mehra qui éloigne encore Lata.
A Brahmpur, la ville des Kapoor et des Mehra, vivent aussi Veena, la soeur de Pran et de Maan, son mari Kedarnath et leur fils Bhaskar un jeune surdoué attiré par les chiffres. Après avoir fuit les violences inter-religieuses de Lahore pendant la Partition, Kedarnath a dû repartir de rien et s’est lancé dans le commerce de la chaussure, une activité impure pour un hindou car elle utilise du cuir de vache. Kedarnath fait affaire avec Haresh Khanna, un jeune homme ambitieux et entreprenant. C’est par hasard que Mrs Rupa Mehra fait la connaissance de Haresh chez une amie. Celui-ci lui apparaît bien vite comme un garçon tout à fait convenable.
Cette première partie compte 900 pages et la seconde qui m’attend sur ma PAL est aussi épaisse. J’ai trouvé très intéressante cette fresque dans laquelle Vikram Seth présente diverses catégories sociales : les classes laborieuses urbaines ou rurales et les grands propriétaires qui vivent de leurs rentes. Les histoires racontées sont vivantes, les personnages attachants ou déplaisants mais on a envie de savoir ce qui les attend. J’ai trouvé que c’était bien écrit et avec une pointe d’humour comme je l’apprécie (« Ils commandèrent du thé. Quoique appartenant à un organisme d’Etat, la cantine procurait un service rapide »).
Cela se passe en 1950 cependant j’ai remarqué beaucoup de points communs avec ce que j’ai lu dans d’autres romans situés à l’époque contemporaine : la recherche d’un mari par la famille, la vie des exploités, la nécessité d’avoir des relations pour progresser, l’importance des liens de caste qui sous-tendent beaucoup de choses sans que cela soit vraiment dit.
Diane Setterfield, Le treizième conte, Plon
Margaret Lea vend des livres anciens dans la librairie familiale. A ses heures perdues elle rédige aussi des biographies d’écrivains. Un jour elle reçoit une lettre de Vida Winter, romancière à succès, auteur de best-sellers, qui lui demande d’écrire sa biographie. Margaret se rend dans le Yorkshire, dans la grande propriété de Miss Winter. Petit à petit elle va découvrir la vérité de l’enfance tragique de Vida. En même temps ces récits vont l’obliger à affronter ses propres fantômes. Il est question de folie, d’enfants abandonnés et de soeurs jumelles séparées. Il est question de bibliothèques et de vieux livres, du plaisir de lire.
Je n’ai que moyennement apprécié Le treizième conte. Il y a plein de péripéties romanesques et je ne me suis pas ennuyée, j’ai même attendu certaines révélations avec impatience, et pourtant j’ai l’impression que je ne suis pas vraiment entrée dedans. Difficile à dire, ça tient peut-être à mon humeur du moment. Sur la fin, toutes ces happy end qui arrivent en même temps, c’était sympathique mais peut-être un peu trop. Ce que j’ai le mieux aimé c’est la description des jardins de la propriété de Miss Winter. Ca m’a rappelé Le jardin secret de Frances H. Burnett et redonné envie de le lire. Je crois que je vais bientôt m’y décider.
Antonia Arslan, Il était une fois en Arménie, Robert Laffont
A la fin du 19° siècle Yervant Arslanian, le grand-père de l’auteur, a quitté l’Arménie à l’âge de treize ans pour aller étudier et s’établir en Italie. Il est devenu médecin, a épousé une Italienne. Il garde le contact avec son frère Sempad, pharmacien dans leur ville natale et rêve parfois qu’il fait construire une maison au pays. Mais en 1915 les autorités turques organisent le massacre des Arméniens. Sempad et les hommes de la famille sont assassinés, sa femme, ses sœurs et ses filles sont déportées.
A partir du témoignage des survivants, à partir de ce que lui ont « dit » les morts, Antonia Arslan a rédigé l’histoire de sa famille persécutée en Arménie, l’histoire de ceux qui se sacrifièrent pour les autres, l’histoire de ceux qui les aidèrent, l’histoire du sauvetage de ceux qui en réchappèrent. Le récit est à la fois documentaire (il explique clairement l’organisation du génocide) mais aussi merveilleux. Les protagonistes reçoivent en effet des signes sous forme de rêves qui les avertissent des temps sombres à venir ou de visions qui les préviennent. Des anges pleurent sur le destin du peuple arménien. L’auteur raconte les atrocités dont sa famille a été victime mais sans s’y complaire. Elle insiste plus sur la solidarité, le courage, l’espoir. Malgré le sujet elle arrive ainsi à garder une forme de légèreté à ce récit émouvant.
Nancy Huston, Lignes de faille, Actes sud
Dans ce roman Nancy Huston nous montre comment un secret de famille empoisonne successivement plusieurs générations. Pour cela elle nous fait suivre, en remontant dans le temps, quatre enfants de la même famille à l’âge de six ans. Chacun d’eux est le narrateur d’une des quatre parties du livre.
Nous rencontrons d’abord Sol, petit garçon imbu de lui même. Viennent ensuite Randall, le père de Sol, Sadie la mère de Randall puis Erra la mère de Sadie. Mis à part Sol que nous ne croisons que comme enfant les autres personnages apparaissent d’abord comme adultes avant que nous ne les suivions à l’âge de six ans. Ainsi Randall intervient dans la première partie comme père de Sol puis dans la deuxième partie en protagoniste principal.
Pour les trois aînés six ans est l’âge-clef, le moment où le traumatisme familial (personnel pour Erra) les frappe et inscrit le malheur dans leurs existences. J’ai trouvé poignant le fait que l’auteur nous montre des adultes perturbés, incapable de s’occuper de leur propre enfant puis les enfants encore heureux dont sont sortis ces adultes. J’ai ressenti fortement le gâchis de ces existences. Le petit Sol est le personnage avec lequel j’ai le moins sympathisé car dès son plus jeune âge il apparaît comme froid, calculateur et dissimulateur. Il faut dire à sa décharge qu’il est manifestement issu de deux parents névrosés.
En remontant le temps et les générations on découvre petit à petit des éléments qui nous permettent de comprendre quel est le point de départ du drame familial lié à l’histoire de l’Allemagne nazie. C’est toute l’habileté de Nancy Huston de construire son histoire comme à l’envers, de nous mener lentement vers la source du mal. Ce n’est que dans les dernière pages du livre que tous les éléments se mettent enfin en place.
Stefanie Zweig, Le bonheur est ailleurs, Editions du Rocher
C’est l’histoire de la famille Procter dans les années 70, au moment où leurs enfants adolescents commencent à vouloir prendre leur indépendance. Seulement les Procter sont une famille qui a une histoire douloureuse. Les grands-parents ont traversé les persécutions antisémites des nazis et tous ne sont pas revenus. Les parents sont des survivants et leurs enfants portent cet héritage difficile.
Les parents de Liesel, la mère, ont fui l’Allemagne pour le Kenya avec leur fille dès les années 30. Après la guerre, ils se sont installés à Londres. C’est là que la jeune fille a rencontré son mari, Emil, envoyé en Angleterre par ses parents qui eux n’ont pas survécu à la déportation. Juifs libéraux mais attachés à leurs origines, Liesel et Emil ont deux enfants, Rose et David.
Le départ des enfants est toujours un moment difficile dans une famille unie. L’auteur nous montre qu’il l’est encore plus quand cette famille a connu des séparations définitives. Le talent de Stefanie Zweig est d’avoir dépeint tout en finesse les sentiments de ces parents aimants. On est dans l’introspection qui pousse à s’interroger sur ses propres pratiques.