Dans ce recueil de huit nouvelles nous rencontrons la bourgeoisie de Bangalore. Bangalore est connue comme la Silicon valley indienne. Là vivent des jeunes gens issus de familles riches ou plus moyennes mais qui ont pu leur payer des études aux Etats-Unis. Ils sont informaticiens, sortent avec leurs amis, boivent et fument. Ils sont tiraillés entre leur désir de modernité et la tradition à laquelle les rattachent leurs parents.
Dans Alphabet, Priyamvada une jeune fille élevée aux Etats-unis retourne en Inde pour la première fois depuis son enfance alors qu’elle a une vingtaine d’années. C’est l’occasion pour elle de réviser ses idées reçues sur le pays de ses parents et d’enfin comprendre les choix de son père.
Café de Mysore nous raconte un épisode important de la vie de Sita. Profondément perturbée depuis son enfance par le suicide de son père, Sita est une jeune femme introvertie, brillante professionnellement mais n’osant pas se mettre en avant. La trahison d’un collègue la décide enfin à ne plus se laisser marcher sur les pieds.
Tara, l’héroïne de Birdie num-num, est revenue en Inde, chez ses parents pour les besoins de ses études. A 27 ans elle se sent bien éloignée des préoccupations de sa mère qui a hâte de la marier. Les relations sont tendues entre les deux femmes qui se retrouveront pourtant autour d’un sari dans un chassé-croisé des générations :
« Tara enlève son jean, et sa mère drape le sari autour d’elle et entre ses jambes, et pour finir arrange le thaleippu, le bout décoratif, autour de sa taille. Sa longue chevelure est ramenée en arrière et nouée prestement sur sa nuque. Elle s’approche lentement du miroir en pied, la réticence le disputant à la curiosité en elle.
Soixante-dix années se sont volatilisées, et elle contemple fascinée son reflet. Elle a été métamorphosée en sa grand-mère.
Sa paati, dans tout l’éclat de sa jeunesse et pleine de vie, lui sourit gaiement dans le miroir.
Et derrière elle, sa mère, sa fille, sourit aussi. »
C’est finement observé et bien écrit. On est souvent à la croisée entre l’envie d’aller de l’avant et la nostalgie du passé. Il y a aussi de l’humour. Lavanya Sankaran jette un regard tendre sur ses personnages.