Alors que le Maréchal, dictateur d’un pays non nommé, prépare son peuple à la guerre (propagande militariste, fabrication d’armes), une pandémie frappe la planète. La maladie blanche ou lèpre de Pékin ou maladie de Tcheng touche uniquement les plus de 45 ans qui meurent dans des conditions atroces. Il n’y a pas de remède connu. Simple généraliste, le docteur Galen découvre un traitement mais pose une condition à en révéler le secret : les dirigeants du monde doivent s’engager à ne plus jamais faire la guerre.
Je crois bien que je n’avais plus lu de pièce de théâtre depuis le lycée. C’est plus sec qu’un roman. Ici il n’y avait même pas de suspense pour moi puisque l’éditeur a jugé pertinent de révéler la chute en quatrième de couverture (en onze lignes, un résumé redoutable !). J’ai cependant apprécié de retrouver la lucidité féroce de Karel Čapek sur l’espèce humaine découverte dans La guerre des salamandres. Ecrite en 1937 cette pièce n’a pas perdu de son actualité. Le discours du Maréchal justifiant l’attaque surprise du pays voisin me fait furieusement penser à une certaine « opération militaire spéciale ».
« J’ai entamé le combat sans aucune tentative humiliante d’accord avec ce pays médiocre, peuplé de misérables qui ont pensé pouvoir impunément provoquer et offenser notre grande nation. (…) c’est pour vous que je dis à la face du monde : « nous n’avons pas voulu cette guerre mais nous la gagnerons ! » Nous vaincrons parce que Dieu est avec nous ! »
Dans un contexte belliciste le « devoir patriotique » est pour beaucoup un cache sexe qui dissimule des intérêts personnels bien compris. Mention spéciale à Sigelius, directeur de clinique avide des honneurs que pourrait lui procurer le remède contre la maladie blanche.
L’avis de Patrice.
Chez Sacha je découvre à postériori qu’il existe une adaptation audio de cette pièce. Je la trouve très bien faite. Il y a quelques coupures par rapport au texte de la pièce (le choeur de lépreux a disparu) mais c’est pertinent. Je pense que l’adaptation est à privilégier, elle apporte un plus par rapport à la simple lecture.