
Femme de chambre, Célestine rejoint une nouvelle place dans le bourg du Mesnil-Roy en Normandie. Elle qui a presque toujours travaillé à Paris répugne à s’enterrer ainsi en province au milieu de paysans grossiers. Mais, elle le dit elle-même, elle est incapable de garder une place et c’est tout ce qu’elle a trouvé. Célestine tient en effet un journal dans lequel alternent des passages sur sa vie au Mesnil-Roy, des souvenirs de places précédentes et des considérations sur la condition de domestique.
Célestine dit aimer son métier mais elle n’aime pas ses patrons. Aucun ne trouve grâce à ses yeux : près de leurs sous, trop autoritaires, se méfiant de leurs domestiques, les exploitant pour un salaire de misère, les traitant pire que des chiens ou, à l’inverse, des naïfs qui méritent qu’on les vole. Surtout elle abomine l’hypocrisie de ces bourgeois : sous des apparences de respectabilité ce sont des dessous sales et un goût à se vautrer dans l’ordure qui l’écoeurent. On parle ici de sexe car Célestine est aux premières loges pour juger des pratiques sexuelles de ses maîtres. On comprend qu’elle même a été victime d’abus dans l’enfance et que, soumise aux sollicitations de ses patrons ou de collègues, elle en est venue à confondre le désir des hommes et le sien propre. Au travers de ce que Célestine dit du sexe c’est aussi la conception qu’Octave Mirbeau se faisait de la sexualité féminine qui transparaît : quand une femme dit non, elle veut en fait dire oui. Le roman suinte de misogynie, les violences contre les femmes sont minimisées.
Le personnage de Célestine ne m’est pas très sympathique. Homophobe et antisémite elle a aussi un goût pour la brutalité qui est peu plaisant.
Si l’auteur me semble pertinent sur « l’enfer des bureaux de placement » ou l’esclavage moderne qu’est trop souvent la condition de domestique, son désir de dézinguer la bourgeoisie sans nuances l’amène à illustrer les scandales qu’il dénonce par des anecdotes caricaturales et de moins en moins crédibles à mesure que j’avance dans ma lecture.
Lu il y a trèèèèès longtemps!!!