
Biographie romancée d’Albert Speer (1905-1981), architecte puis ministre de l’armement d’Hitler, ce livre est aussi une tentative de comprendre le fonctionnement de cet homme et de déconstruire l’image de lui-même qu’il a créée après guerre à ses yeux et à ceux de ses contemporains. Pour cela l’auteur s’appuie essentiellement, à ce que j’ai compris, sur l’autobiographie de Speer : Au coeur du Troisième Reich, et sur Albert Speer, son combat avec la vérité de Gitta Sereny. Les sources ne sont pas citées, il y en a sans doute d’autres.
D’origine bourgeoise, fils d’un architecte, Albert Speer a entretenu une relation particulière avec Hitler, une sorte d’amitié privilégiée. Ils parlaient d’art ensemble et Hitler qui avait voulu être un artiste semblait apprécier ce jeune architecte correspondant bien aux canons physiques de la « race aryenne ». Albert Speer devient l’architecte du Führer. C’est lui qui scénarise les grandes manifestations du Parti à Nuremberg, c’est lui qui prépare les plans et les maquettes de la future Germania, lui qui fait construire la nouvelle chancellerie du Reich. En 1942 il est nommé ministre de l’armement et de la production du Reich. Jugé à Nuremberg il prétend, contre toute évidence, avoir tout ignoré de la shoah. Son habileté tient à ce que, en même temps, il en accepte la culpabilité. Il échappe à la peine de mort et est condamné à une peine de prison pendant et à l’issue de laquelle il va s’attacher à réécrire son histoire et à en faire accepter la nouvelle version par ses contemporains. Il est assez efficace, se liant d’amitié avec le rabbin Raphael Geis, fréquentant Simon Wiesenthal et embobinant la journaliste et historienne Gitta Sereny.
De Gitta Sereny j’avais lu et apprécié Au fond des ténèbres, son travail sur un autre criminel nazi. A l’époque j’avais cherché en vain son livre sur Speer. Plus tard j’ai lu qu’elle s’était laissée manipuler par lui. Jean-Noël Orengo le pense aussi et en raconte les circonstances. Il dresse de Gitta Sereny un portrait mitigé, beaucoup moins positif que l’idée que je m’en faisais.
J’ai mis du temps à apprécier cette lecture que j’ai longtemps trouvé ennuyeuse. Je crois que c’est dû au style de l’auteur avec de nombreuses répétitions. J’ai trouvé intéressant ce que j’ai appris sur le travail de Speer à Nuremberg mais c’est rapide. Le dernier quart m’a mieux plu à partir du moment où Speer, sorti de prison, entreprend de réécrire son histoire. C’est aussi le moment où je comprends l’objectif de l’auteur de mettre à jour ces mensonges. J’ai trouvé ça bien fait mais ça met du temps à arriver.
L’avis de Luocine.
Le billet de Luocine m’avait déjà laissée penser que ce n’était pas un bouquin pour moi, mais si en plus il est ennuyeux sur une grande partie, je passe définitivement mon tour 😅
Oui, dommage vu le sujet.
Pas franchement attirée…
Tu trouveras autre chose à lire, j’imagine.
Eh bien moi, je suis toujours tentée, ces nazis me fascinent, c’est terrible…
Je comprends, moi aussi.
J’ai lu ton avis avec intérêt et celui de Luocine et j’étais même assez emballée… mais je sature depuis quelques temps sur les sujets trop difficiles
Plus tard, peut être.
merci pour le lien, moi ce que j’ai aimé c’est la construction de sa propre légende et l’incroyable mauvaise foi de ce Nazi pur jus !
Étonnant de voir aussi comme les gens se sont peu posé de questions et ont été désireux de le croire.