
L’écrivain et homme d’affaire Paul-Loup Sulitzer est mort le 6 février 2025. Il était né en 1946. Il devient à 21 ans le plus jeune PDG de France. Il se lance dans l’édition à la fin des années 1970. Il recrute Loup Durand pour écrire les livres qui paraissent sous son nom. Aucun des deux ne le reconnaîtra jamais, Paul-Loup Sulitzer prétendait utiliser les services de documentalistes. Beaucoup de ces livres sont des romans d’aventure dans l’univers de la finance.

La femme pressée. Le roman est paru en 1987 et Loup Durand est mort en 1995. Il y a donc tout lieu de penser qu’il en est le véritable auteur. Ce roman qui se déroule dans les années 1930 est une histoire d’amour impossible entre deux indépendants. Il y a aussi beaucoup d’aventure.
H.H. Rourke est un jeune journaliste franco-irlandais. Travaillant en indépendant il a à coeur d’être toujours au centre des événements quelques soient les risques, pour les documenter au plus près. Guerre des gangs lors de la prohibition aux Etats-Unis, violences au Mexique, guerre civile en Chine, famine en Ukraine et déportation des koulaks, nuit des longs couteaux dans l’Allemagne nazie, il est partout. Je passe sur les circonstances abracadabrantes qui le lui permettent. Il se considère comme un observateur impartial et refuse de voir que sa recherche de scoop et sa position au coeur même de l’action influent forcément sur celle-ci. Il m’apparaît assez imbu de lui-même et pas très sympathique.
Kate Killinger est la (future) riche héritière d’un magnat de la presse américain. Elle a un compte à régler avec son père qui s’est peu occupé d’elle et souhaite créer son propre quotidien, sans aucune aide. Ses déboires pour développer son premier titre m’ont intéressée. Elle nous est présentée comme agissant en homme : elle collectionne les amants sans s’attacher, refuse de se marier ou d’avoir un enfant car cela contrecarrerait forcément ses ambitions professionnelles. Si Rourke comprend et accepte ces dernières, il est beaucoup moins progressiste dès qu’il s’agit de mariage ou de maternité.
Ce qui intéresse l’auteur ce sont les épisodes sanglants : assassinats, vendetta, exécutions capitales, meurtres de masse. Plus il y a de morts mieux c’est, dirait-on, même si les descriptions ne sont pas voyeuristes. Le contexte historique est rapidement survolé. Dommage, c’est ça qui m’intéresse. Le résultat est un livre qui se lit assez facilement mais ne me passionne pas outre mesure. Comme son héros, l’auteur semble prendre tout à la légère et fait de l’humour même dans les situations les plus périlleuses. Une fois que j’ai repéré que le ressort de cet humour est en bonne partie misogyne, parfois xénophobe, cela me fait moins rire.
Ca correspond parfaitement à ce que j’imaginais… J’ai bien fait de ne pas le lire (il y en avait un ou deux exemplaires dans la bibliothèque parentale à cause d’un abonnement France Loisirs.)
Je l’ai trouvé dans une boîte à livres où il va retourner très bientôt.
Il me semble que ce titre fait partie d’une trilogie (La femme pressée, Kate, Les routes de Pékin) que j’ai lue en Livre de Poche jadis (fin du XXe s.), et qui ne m’avait pas déplu (ma grille de lecture n’est peut-être pas la même?).
Autres oeuvres « signées » Sulitzer mettant en scène un personnage féminin (peut-être encore davantage au centre de l’histoire?), le diptyque Hanna / L’impératrice. Si vous le croisez dans une boite à livres, jetez-y un oeil tout de même, par curiosité…
Pour ma part, mon Sulitzer préféré reste Le roi vert (je vais incessamment en verser un exemplaire dans la « bibliothèque partagée » en bas de chez moi. Je verrai bien si ça suscite la curiosité ou non…
(s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola
« Davantage au centre de l’histoire » c’est bien possible parce que si le roman est nommé d’après elle, c’est son personnage à lui qui est le plus développé, il me semble.
J’en ai lu plusieurs quand j’étais au lycée, avec, je dois l’avouer, beaucoup de plaisir, puis j’ai fini par m’en lasser. Comme le souligne Tadloiducine, je ne suis pas sûre que je le lirai de la même manière aujourd’hui, et moi aussi, mon préféré a été Le roi vert, qui m’a assez marquée pour que je me souvienne, 30 ans après, du prénom du héros et de quelques-uns des événements décrits dans le roman !
Ce sont des livres plein d’aventures et de péripéties.
Un auteur que je n’ai jamais lu, et je ne vais certainement pas lire de sitôt !
Même pas à l’occasion de sa mort ?