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Une théorie critique féministe végane. Carol J. Adams est une écrivaine américaine, militante végane et féministe. Son livre principal, La politique sexuelle de la viande, est paru aux Etats-Unis en 1990 et a été traduit en français en 2018. L’édition présente est une édition anniversaire à l’occasion des 35 ans de cet ouvrage historique.
Dans cet essai l’autrice lie oppression des animaux, oppression des femmes et oppression raciste et coloniale. Elle montre qu’avoir une alimentation végétarienne -ou mieux, végane- constitue de facto un acte de rébellion contre la culture dominante patriarcale : depuis fort longtemps l’identité masculine passe par la consommation de chair, signe de virilité. Dans les contextes de pénurie les femmes se passent de viande réservée aux hommes. Des influenceurs masculinistes mettent en scène leur consommation de grosses pièces de viande saignante.
Carol J. Adams nomme textes de la viande le corpus de textes et discours qui légitiment et facilitent la consommation de viande. Par l’emploi d’un vocabulaire spécifique le meurtre est occulté, l’animal vivant disparaît de notre assiette, il devient un « référent absent » (après être passé sur la « chaîne de désassemblage », le cochon est transformé en jambon et saucisses). L’autrice applique ce concept de « référent absent » qu’elle a créé aux situations de violences contre les femmes. L’affaire Pélicot est évoquée dans l’édition anniversaire (je me souviens qu’un des violeurs s’est disculpé en disant qu’il aimait LA femme. Ca m’a toujours agacée, cette expression, comme s’il y avait un modèle unique de femme. Il parle de qui, ce monsieur ? Pas de Gisèle Pélicot, on dirait).
Cet essai s’appuie largement sur l’analyse de textes littéraires anglais et américains des 19° et 20° siècles. La réflexion n’est pas toujours facile d’accès et les conclusions me paraissent parfois un peu tirées par les cheveux. Je constate aussi qu’il me manque des éléments de culture américaine (grâce à ma lecture précédente je savais cependant qui était Zora Neale Hurston, souvent citée). Je découvre la notion de soul food, nourriture qui rattache les Afro-américains et les Amérindiens à leurs origine. L’autrice plaide pour une végétalisation de cette soul food.
Mon avis sur ce livre est mitigé : il y a des choses que je savais déjà mais la lecture me donne matière à réflexion.
pas trop envie de me lancer dans cette lecture.