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L’écrivain Michel del Castillo est mort le 17 décembre 2024. Il était né à Madrid en 1933 de mère espagnole et de père français. Il a raconté son enfance douloureuse dans Tanguy, son premier roman. On peut sans doute parler de résilience pour cet homme qui a su se construire sans le soutien de ses parents et malgré leur abandon, en s’appuyant sur les bonnes rencontres faites en route.
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L’expulsion. C’est celle des morisques d’Espagne en 1609-1610. Les morisques étaient les descendants des musulmans convertis au catholicisme au 16° siècle. Cette population d’environ 500 000 personnes vit essentiellement dans le Sud de l’Espagne où elle travaille pour les Grands. Ils sont accusés d’être de mauvais chrétiens, des crypto-musulmans, des traîtres en puissance. De l’expulsion elle-même il est peu question dans ce roman qui se concentre plutôt sur quelques personnages concernés par cet évènement. La première partie est un long dialogue entre le cardinal de Léon, partisan de l’expulsion des morisques et don Alvaro, duc de Gandie, opposé à cette mesure. Ils échangent leurs arguments dans une mise en scène quasi-théâtrale. D’un côté il est question de submersion démographique, de perte de l’identité espagnole, d’incapacité à s’assimiler ; de l’autre du déclin économique qui va advenir pour les régions dépeuplées et d’humanité. Il me semble qu’il est fort probable qu’une partie de ces idées soient anachroniques car cela résonne de façon très contemporaine pour moi et me fait penser aux débats actuels sur l’immigration. Le roman est paru en 2018.
On apprend ensuite que don Alvaro s’est lié d’amitié avec une famille de morisques travaillant sur ses terres et plus particulièrement avec leur jeune fils Hassan qu’il a pris auprès de lui à 12 ans pour l’éduquer comme son propre fils. Il l’a rebaptisé Octavio et le fait passer pour son neveu. A 19 ans Octavio expérimente les déchirements du transfuge de classe : mal à l’aise dans la modeste maison familiale, n’ayant plus grand-chose en commun avec son père et ses frères, il n’est pas non plus à sa place dans la riche demeure du duc où les domestiques le regardent de travers. L’expulsion est un déchirement supplémentaire pour lui : partir ou rester, suivre sa famille ou son bienfaiteur ?
J’ai beaucoup apprécié ce très bon roman que j’ai eu du mal à lâcher une fois commencé. Je regrette quelques maladresses de langue -concordance des temps notamment- mais qui n’empêchent pas mon plaisir.
Encore un sujet qui n’est pas si souvent traité en littérature. C’est intéressant.
Je découvrais cet épisode.
j’ai tellement aimé les récits autobiographique de cet auteur , je n’ai pas lu ses romans historiques.
Un auteur que je connais peu.