Poétesse, résistante, journaliste, Madeleine Riffaud est morte le 6 novembre 2024. Elle avait cent ans ! Elle a 18 ans en 1942 quand elle s‘engage dans un groupe de Francs-tireurs et partisans (FTP) sous le nom de code de Rainer. Elle est d’abord agente de liaison puis passe au combat armé. En 1944 elle tue un sous-officier allemand à Paris. Prise en flagrant délit, elle est torturée pendant trois semaines et condamnée à mort mais libérée lors d’un échange de prisonniers. Elle participe aux combats de la libération de Paris. Après la guerre elle devient journaliste. Elle fréquente Eluard, Aragon, Vercors, Picasso, Ho Chi Minh. Elle suit en tant que journaliste pour l’Humanité les guerres du Vietnam et d’Algérie. Au début des années 1970 elle se fait embaucher comme aide-soignante dans un hôpital parisien et écrit Les linges de la nuit qui dénonce les carences du système hospitalier français (déjà…).
On l’appelait Rainer. Ce livre est paru en 1994 à l’occasion du cinquantième anniversaire de la Libération. Le résultat est un objet un peu hétéroclite et inégal. Après une introduction signée Madeleine Riffaud vient la biographie proprement dite. Elle est écrite à la troisième personne ce qui surprend au départ vu que la couverture n’indique qu’un seul nom d’autrice. A la première page on voit cependant que ce livre a été écrit «avec la collaboration de Gilles Plazy » que Madeleine Riffaud remercie dans son introduction. Cette biographie qui forme le gros de l’ouvrage couvre la période 1940-1945. La résistance telle qu’on la voyait en 1994 c’est celle où une majorité de Français s’est opposée à l’Occupation dès le début, à commencer par les communistes. On sait aujourd’hui que la réalité a été plus nuancée. Chacun des chapitres est suivi de cinq à dix poèmes écrits par Madeleine Riffaud au moment des événements racontés.
Les 50 dernières pages comportent un entretien avec Gilles Plazy, bien identifié comme tel, sous forme de questions-réponses ; trois textes écrits par Madeleine Riffaud en 1957, 1970 et 1946 qui évoquent des épisodes de son engagement dans la résistance et dont on ne nous dit pas s’ils avaient été précédemment publiés ; un poème de Manouchian, sa dernière lettre à sa femme, la dernière lettre de France Bloc-Sarrazin et une chronologie 1940-1945. Cette fin fait un peu bric-à-brac.
Les passages qui m’ont le plus touchée sont ceux où Madeleine Riffaud évoque son difficile retour à la vie civile. En 1944 elle a vingt ans et est toujours mineure aux yeux de la loi et à ceux de ses parents, semble-t-il. Elle laisse entendre qu’elle s’est brouillée avec eux. Elle est traumatisée par les tortures qu’elle a subies et le complexe de la survivante, elle envisage le suicide. Ce sont Paul et Nusch Eluard qui la prennent sous leur aile et lui sauvent la vie.
D’une première lecture qui doit dater de la fin du 20° siècle je n’ai gardé aucun souvenir. C’est un livre inégal, daté dans sa façon de voir les choses.
quel parcours ! je ne connaissais pas cette femme ni ce qu’elle avait fait .
En effet, on peut dire qu’elle a mené une vie peu banale.
Je pense plutôt lire la série de bd de JD Morvan qui revient sur sa vie et qu’il a conçue à partir des entretiens qu’il a eus avec elle.
Hé hé, je vois qu’elle est à ma bibliothèque.
Je voulais te signaler l’existence de BD, mais c’est déjà fait!