L’écrivaine Claude Pujade-Renaud est morte le 18 mai 2024, elle était née en 1932. Issue d’une famille bourgeoise, elle refuse la voie qui lui était tracée et s’oriente vers des étude d’éducation physique. Elle a été danseuse et enseignante en sciences de l’éducation.
Dans l’ombre de la lumière. Avant d’être chrétien et évêque, saint Augustin (354-430) a été manichéen et en couple. La narratrice de ce roman est Elissa, ancienne concubine d’Augustinus, qu’il répudia dans l’intention de se marier avant de se convertir au christianisme. Installé à Carthage (Tunisie actuelle), Elissa travaille pour un potier et fréquente un couple don le mari est copiste. Par lui elle a connaissance de la carrière et des écrits de celui qui est à présent évêque d’Hippo Regio (Hippone, Annaba dans l’Algérie actuelle).
Le roman entremêle épisodes de la vie d’Elissa, pendant et après sa vie avec Augustinus, et réflexions sur la pensée de ce dernier. Ce n’est pas une biographie de saint Augustin à proprement parler cependant j’ai appris des choses sur lui dont j’avais de vagues souvenirs pour avoir travaillé sur des extraits des Confessions quand j’étudiais le latin (Je me souviens de mon maître, un vieux prêtre érudit. Quand il me posait une question et que je répondais juste, il me disait : « Intuition féminine ». Et quand je répondais faux : « Vous me dites, avec une inconséquence toute féminine… »). Saint Augustin pensait que les bonne œuvres ne sont rien sans la grâce accordée par Dieu. Il a inspiré Luther sur ce point. Après ma lecture de Bélibaste je découvre aussi que les cathares étaient des manichéens.
J’ai trouvé intéressant le cadre historique du roman qui est celui des derniers temps de l’empire romain en Afrique du nord. On passe, vers 370, moment de la rencontre entre Elissa et Augustinus, d’une époque de multi confessionnalisme et de tolérance religieuse où païens, chrétiens, manichéens et autres sectes se fréquentent, à l’hégémonie chrétienne à la toute fin du 4° siècle quand les cultes païens sont interdits et les sanctuaires détruits. Après la chute de Rome en 410 les réfugiés affluent à Carthage.
Elissa est une femme forte qui aspire à l’autonomie mais qui en est en partie empêchée à cause de son incapacité à faire son deuil de sa relation avec Augustinus. C’est un personnage attachant auquel on peut en partie s’identifier du fait de ses questionnements universels. Ainsi, témoin du passage du rouleau au codex (le livre) comme support d’écriture elle s’interroge sur les changements que cela induit dans la façon de lire, d’écrire, de réfléchir. Une autre protagoniste reproche à Augustinus d’avoir, dans les Confessions, révélé une faiblesse de sa mère : « Est-ce qu’on a le droit, en évoquant des épisodes de sa propre vie, de mettre ainsi en cause des proches ? »
J’ai trouvé cette lecture fort plaisante.
J’ignorais que Claude Pujade-Renaud était décédée récemment. Après Henri Gougaud, encore une triste nouvelle. Il se trouve que j’ai découvert ces deux auteurs à peu près à la même période. J’ai lu Belibaste, comme toi, et La Nuit la neige de CPR presque à la suite. Dans la série des romans historiques que j’ai lus au même moment, j’ai beaucoup aimé aussi ceux de Michel Folco (Dieu et nous seuls pouvons, Un loup est un loup…) et d’Amin Maalouf (Leon l’Africain, Samarcande,…). Ah, j’ajoute à cette liste L’Abyssin de Jean-Christophe Rufin.
Moi aussi j’ai découvert Henri Gougaud et Claude Pujade-Renaud en même temps. les 3 autres sont encore vivants, je leur souhaite que ça dure. Je ne connais pas Michel Folco. De Jean-Christophe Rufin j’ai lu Le grand coeur qui ne m’avait pas totalement convaincue. J’ai beaucoup lu Amin Maalouf à une époque mais c’était avant l’existence de mes blogs.
Comme quoi l’érudition n’empêche pas la bêtise la plus crasse ! (Je parle de ton maître de latin). J’ai lu beaucoup de romans historiques autrefois mais très peu depuis pas mal d’années. J’y reviendrai sans doute !
Ça l’amusait de m’asticoter, je crois. J’aime bien les romans historiques, je dois dire.
Oh j’apprends le décès de claude PR! A un époque je la lisais, je l’ai rencontrée en salon du livre.
Je la découvre à l’occasion de sa mort. C’est l’hécatombe chez les écrivains en ce moment, il faut suivre.
je ne l’ai jamais lue mais il me semble que ces livres ont un peu vieilli , non?
Je n’ai pas trouvé pour celui-ci.