
Luis Sepulveda est mort le 16 avril 2020 en Espagne où il vivait. Il était né en 1949 au Chili. Engagé tout jeune dans les jeunesses communistes il a ensuite fait partie de la garde rapprochée du président Allende, a fait de la prison pour cela sous Pinochet, a été libéré grâce à Amnesty International. Il a aussi lutté au Nicaragua aux côtés des sandinistes.

La fin de l’histoire. Je l’emprunte à ma bibliothèque qui vient de rouvrir sous forme de drive : on commande par mél, on prend rendez-vous par téléphone puis on va chercher la commande. Tout est préparé dans des tote bags. Les retours restent une semaine en quarantaine avant d’être remis dans le circuit.
Le héros, Juan Belmonte, c’est un peu Luis Sepulveda. Alors que cet ancien guérillero s’est rangé en Patagonie où il soigne sa femme, torturée à la villa Grimaldi, laissée pour morte, mutique depuis trente ans, il est contacté par les services secrets russes qui veulent empêcher l’évasion de Miguel Krassnoff, tortionnaire de la villa Grimaldi, aujourd’hui en prison à vie à Santiago pour crimes contre l’humanité.
La narration alterne temps présent du roman, au début du 21° siècle, et temps passé qui présente les origines familiales et historiques de Miguel Krassnoff. Cette infâme crapules est un personnage réel (en photo sur la couverture de mon édition), descendant de l’ataman des cosaques du Don, Piotr Krasnov qui, pendant la seconde guerre mondiale, leva une armée de combattants en soutien aux nazis contre la promesse de la création d’une république cosaque autonome en Ukraine. Après la défaite ces troupes ont été livrées aux Soviétiques par les Britanniques. Ceux qui ont réussi à s’échapper sont ceux que l’Eglise catholique a fait passer en Amérique du sud. L’alternance des chapitres passé et présent ou ici et ailleurs est un traditionnel ingrédient des page turner et ça fonctionne ici.
J’ai apprécié cet ouvrage. A travers son personnage Sepulveda y regrette que la justice n’ait pas été plus volontaire contre les criminels des années noires du Chili. Vu le sujet et les personnages qui interviennent il y a des passages au contenu désagréable mais l’écriture est plaisante. A l’occasion de sa mort j’ai regardé sur Arte un documentaire sur Sepulveda dans lequel il proposait de faire lire des livres ennuyeux aux gens qu’on voudrait faire parler sous la torture. Il se disait prêt à fournir une liste de titres. La fin de l’histoire n’en ferait certes pas partie. Le roman est dédié à Carmen Sonia Yáñez qui était la femme de Sepulveda et qui fut incarcérée à la villa Grimaldi.
Maggie le 24 mai 2020 :
Très drôle l’anecdote sur les romans ennuyeux… Je note, je ne pense pas avoir lu un roman de sepulveda même pas le vieux qui lisait des romans d’amour… Il faut que je prenne le temps de le lire…