
A la fin du 21° siècle, nous annonce Doug Saunders dans son avant-propos, l’espèce humaine se sera entièrement urbanisée. Nous assistons en ce moment même à la grande migration qui conduit les ruraux du monde pauvre vers les villes de leurs pays ou des pays riches. L’auteur considère que ce mouvement est à la fois inexorable et souhaitable. Il permettra une hausse du niveau de vie des migrants, la fin de la croissance démographique et la stabilisation de la population mondiale, résoudra le problème de la concurrence pour les ressources et entraînera l’avènement d‘ »un monde viable pour toujours ». Seulement, pour en arriver à ce résultat, encore faut-il encadrer ce mouvement, faute de quoi, comme lorsque de la précédente grande vague migratoire de la fin du 18° siècle, il sera surtout facteur de troubles.
Pour soutenir son propos, Doug Saunders nous donne donc à voir les conditions de vie dans divers quartiers-tremplins du monde entier. Le quartier-tremplin c’est celui qui accueille les migrants et où ils ont l’opportunité de se transformer de pauvres ruraux en urbains membres de la classe moyenne inférieure. Pour que cette opportunité soit réelle, il y a trois conditions : accession facile à la propriété, possibilité de créer sa petite entreprise, intervention de l’Etat par l’implantation de services publics.

Il y a des points sur lesquels je suis d’accord avec l’auteur. Je crois comme lui que les migrants pourraient être une chance pour nos vieux pays si on leur en laissait la possibilité au lieu de se replier de plus en plus sur notre pré national. Par contre il y en a d’autres où je le trouve un peu trop optimiste. Je ne suis pas sûre que l’urbanisation totale de la planète soit souhaitable ni qu’elle réglera tous les problèmes environnementaux. Enfin, parfois, il apparaît que son enthousiasme l’aveugle. Je suis particulièrement choquée par l’éloge qu’il fait de Recep Tayyip Erdoğan, premier ministre turc :
« Il a paru vouer l’essentiel de son énergie à intégrer son pays à l’Europe et à consolider son économie, mettant fin au conflit avec les Kurdes dans le sud-est et empêchant les tribunaux de punir les dissidents politiques. » (c’est moi qui souligne).
Enfin, ouvre les yeux Doug ! La Turquie est quand même aujourd’hui le pays du monde où le plus de journalistes sont en prison !

Malgré tout c’est un livre assez plaisant à lire par les nombreuses histoires de vies dans les quartiers-tremplins qui sont racontées, qui nous balade de la Chine aux Etats-Unis en passant par la Turquie (!) et la France, et qui donne à réfléchir.
Adelia le 26 septembre 2013 :
Merci d’avoir remis les pendules à l’heure en ce qui concerne la Turquie. J’ai lu le livre dans l’original anglais. Dans mon site (http://www.ainda.be/index.html ) chapitre « My social Network », je l’ai classé ainsi à la rubrique « Books and authors that are not ‘my cup of tea »: p. 844 Doug Saunders (born 1967) Arrival City: How the Largest Migration in History is Reshaping Our World 2010. – “Slums, favelas, bustees, bidonvilles, ashwaiyyat, shantytowns, kampongs, urban villages, gecekondular, and barrios of the developing world, but also as the immigrant neighborhoods, ethnic districts, banlieues difficiles, Plattenbau developments, Chinatowns, Little Indias, Hispanic quarters.” A superficial book written by somebody not intimately acquainted with the cities described
Réponse :
C’est un sujet que je connais un peu et je ne pouvais pas laisser passer une telle énormité. Le problème c’est que ça jette un petit doute sur le reste que je connais moins…
Adelia le 26 septembre 2013 :
Tout à fait.
Je viens de terminer: Jean-Moïse Braitberg
(born 1950) L’enfant qui maudit Dieu 2008. Le livre m’a plu: caustique, loufoque et plein de tendresse. J’aimerais vous envoyer les notes que j’ai prises, mais il me semble que la review du livre de D. Saunders n’est pas le bon endroit et, last but not least, je suis plutot nulle coté informatique.
En tout cas, merci de votre reviews, qui sont toujours bien faites et ciblées.
Je reçois le bulletin de http://www.laviedesidees.fr/ . Leurs ‘recensioni’ (compte rendus) sont très bien faits , longs et méticuleux, au point que parfois je décide de ne pas lire le livre!
Adelia