L’histoire se passe en Israël de nos jours. Au moment où Ofer, le fils d’Ora, termine son service militaire de trois ans, il lui annonce qu’il s’est porté volontaire pour une mission dangereuse. Ora est convaincue qu’Ofer va se faire tuer. C’est pire que cela même, elle le sait. Elle décide alors de quitter sa maison où elle vit seule depuis que son mari Ilan l’a quittée peu de temps avant. Elle part en randonnée en Galilée avec l’idée que si on ne peut pas la trouver pour lui annoncer la mort d’Ofer, alors il ne mourra pas. Elle emmène avec elle Avram (au départ c’est un véritable enlèvement) ami et amour de jeunesse. Elle a beaucoup de choses à lui dire.
Voilà un très bon roman, fort bien écrit et construit. Ora raconte à Avram sa famille, ses fils, Adam et Ofer, son mari, leurs relations depuis la naissance des garçons. Elle se rappelle des anecdotes à leur sujet. Les premiers pas, l’apprentissage de la parole, le plaisir qu’elle a à voir la complicité qui unit les deux frères, les bons moments passés en famille et, au travers de cela, tout ce qui apparait de la construction de leurs personnalités. Une des choses que je remarque dans ce roman c’est cette analyse très juste pour moi des satisfactions de la parentalité.
Au fur et à mesure qu’Ora déroule son récit on découvre aussi le lien qui l’unit à Ilan et Avram depuis leur adolescence. Ces trois là ont vécu ensemble des choses très fortes, voire très dures, en rapport avec l’état de guerre permanent de leur pays. On comprend progressivement qu’Avram est gravement traumatisé par des événements violents de son passé et cette randonnée avec Ora se révèle être pour lui une thérapie. Cet aspect du roman où l’histoire des personnages est liée à l’histoire récente d’Israël amène à une réflexion sur l’influence de la situation sur la façon dont les Israéliens considèrent la vie et le reste du monde. Les jeunes font trois ans de service militaire ! Un service militaire pendant lequel ils risquent leur vie et sont amenés à se comporter brutalement avec les Arabes. Surement que ça doit marquer.
Le personnage d’Ora, ses relations avec les hommes de sa vie, me plaisent beaucoup. C’est un livre très fort, que j’ai lu un peu lentement, à son rythme pas très rapide et que j’ai beaucoup apprécié.