Journal d’un médecin polonais, 1939-1947
En 1919 Zygmunt Klukowski s’installe à Szczebrzeszyn, petite ville de Pologne près de Zamosc dans l’est du pays. Agé alors de 34 ans il y prend la direction de l’hôpital. En 1939, quand débute la seconde guerre mondiale, Zygmunt Klukowski est toujours directeur de l’hôpital de Szczebrzeszyn. Il décide alors de tenir un journal des événements. Bibliophile passionné, propriétaire de nombreux ouvrages, il a, dès le départ, l’intention de réunir des matériaux pour pouvoir plus tard écrire l’histoire de la région pendant la guerre. Il fait donc oeuvre d’historien, recoupant et vérifiant ses informations. Le résultat est le récit poignant des souffrances des populations locales sous la botte nazie puis soviétique. Croyez-moi, à côté de ça, l’occupation de la France c’était de la plaisanterie.
Les Juifs sont les premières victimes des nazis. Ils sont d’abord discriminés, harcelés, déportés puis exterminés. Zygmunt Klukowski note les exécutions sommaires dans la rue (il y avait une importante communauté juive à Szczebrzeszyn) et constate avec répugnance que certains Polonais participent de bon coeur aux persécutions.
L’occupation allemande de la Pologne entraîne des déplacements de population à grande échelle, pas seulement des Juifs. La région de Zamosc était la région d’Himmler. Il avait le projet délirant d’évacuer les populations polonaises de l’ensemble du district de Zamosc (rebaptisée Himmlerstadt) afin d’y implanter 60 000 colons allemands. Fin 1942 commence la mise en oeuvre de ce plan. Des jeunes gens sont capturés et envoyés au travail forcé en Allemagne. Des jeunes enfants sont enlevés à leurs familles et placés dans des familles allemandes pour y être germanisés. En 1942-1943 les Allemands ont ainsi évacué complètement ou partiellement 300 villages et déplacé environ 100 000 personnes, beaucoup vers des camps de concentration dont un à Zamosc. Les personnes d’origine allemande (même lointaine), les Volksdeutsch, sont invités à s’inscrire sur la Volksliste et obtiennent des avantages. Les médecins de l’hôpital de Szczebrzeszyn subissent des pressions pour s’inscrire sur la Volksliste. La plupart refusent.
Les intellectuels sont emprisonnés ou exécutés. Zygmunt Klukowski se cache pour écrire et tremble pour ses livres. Face à toutes ces exactions le sentiment national polonais se renforce (en tout cas chez notre auteur) et la résistance se développe. Des collaborateurs sont exécutés. Il y a aussi du banditisme et on se fait dévaliser chez soi sans savoir si c’est par des brigands ou par des hommes de la forêt (les partisans), qui sont parfois les mêmes. Zygmunt Klukowski apporte son soutien à la résistance. Il reçoit ses officiers chez lui, son jeune fils sert de porteur de messages.
A l’été 1944 les Allemands quittent la région devant l’avancée soviétique. C’est une autre occupation qui commence alors. Les résistants qui refusent d’intégrer l’armée Berling (unités soviétiques polonaises) sont pourchassés et enrôlés de force. Les officiers récalcitrants sont déportés ou exécutés. Un couvre-feu est ordonné, il faut déclarer les machines à écrire et l’hôpital est fouillé comme jamais il ne l’avait été par les nazis. Petit à petit la lassitude gagne les derniers combattants qui se tournent vers le banditisme.
Le journal de Zygmunt Klukowski se termine fin 1945 au moment où le nouveau pouvoir se met en place. Il constate que la nouvelle administration de la région est en partie composée de quasi-illétrés. Il est très occupé par l’édition de ses témoignages sur la région pendant la guerre. Il faut pour cela contourner la censure. Son travail lui vaut, en 1947, d’être convié comme témoin au procès de Nüremberg. C’est le journal de cette expérience qui clos l’ouvrage. Zygmunt Klukowszki est mort à Szczebrzeszyn en 1959.
Un ouvrage très intéressant et qui se lit assez facilement.
Dominique le 6 avril 2012 :
je note celui là car il m’intéresse comme sujet
Réponse :
Une histoire douloureuse.