Cette intéressante lecture m’a permis de mettre en place et de lier un certain nombre de connaissances que j’avais déjà. Antony Beevor ne se limite pas à la bataille de Stalingrad et débute en fait son récit dès l’invasion de l’URSS par l’armée allemande, le 22 juin 1941. Elle avance d’abord très rapidement. En face l’armée soviétique a été amputée d’une partie de son état-major par les purges de 1937 ce qui l’affaiblit, d’autant plus que les officiers restant n’osent pas contredire Staline. En même temps plus les Allemands avancent, plus ils s’éloignent de leur arrière qui pourrait les ravitailler. Ils font des prisonniers par dizaines de milliers mais il y a toujours des troupes devant eux. Donc dès le départ ceux qui sont sur place s’aperçoivent que l’immensité du pays est un vrai obstacle. De plus les Allemands ne sont pas équipés pour la mauvaise saison : boue en automne puis grands froids.
Après un hiver très difficile, l’offensive allemande reprend au printemps 1942 en direction de Stalingrad, étape vers les champs de pétrole d’Asie et ville symbolique pour Hitler de par son nom. La bataille de Stalingrad proprement dite débute le 23 août 1942 par un bombardement intensif de la ville qui est en partie détruite. Les civils fuient mais près de 10 000 d’entre eux survivront dans les ruines pendant la totalité des combats. Dans les décombres les soldats s’enterrent comme des rats et se livrent des batailles acharnées pour un immeuble ou une usine. A l’automne les Soviétiques préparent une opération d’encerclement de la 6° armée allemande.
L’opération Uranus commence le 19 novembre 1942. Il s’agit d’encercler les troupes allemandes basées dans la steppe à l’ouest de Stalingrad alors que le gros de leurs forces est regroupé sur la ville. Ce n’est que deux jours plus tard que les Allemands comprennent l’ampleur de l’offensive. C’est à cette époque que les officiers commencent à se rendre compte que Hitler a perdu le contact avec la réalité et que leurs demandes de renforts en hommes et en matériel ne sont pas entendues. L’hiver dans le Kessel, la zone encerclée par les Soviétiques, est encore plus difficile que le précédent. Les soldats souffrent -meurent- du froid et de la faim. La reddition finale a lieu le 2 février 1943. Cette bataille qui a fait des centaines de milliers de victimes a transformé le rapport de forces. C’est le début de la fin pour les nazis tandis que Staline sort renforcé de sa victoire.
Pour cette étude de grande envergure Antony Beevor s’appuie notamment sur des lettres ou des journaux de soldats. Au moment de l’encerclement final pas mal de courrier destiné aux familles allemandes a été saisi par les Soviétiques et étudié par leurs services de renseignements pour se faire une idée du moral de l’ennemi. A un moment où ils sont convaincus qu’ils n’en ont plus pour longtemps les hommes s’autocensurent beaucoup moins. Dans le même objectif de renseignement des journaux intimes sont ramassés sur des cadavres. Tous ces documents rendent le récit vivant.
Après cette lecture où je retrouve, comme dans La chute de Berlin, l’incapacité d’Hitler à accepter la défaite et donc à remettre en question sa stratégie, je me dis qu’il faudrait maintenant que je m’attaque à une biographie du personnage. J’ai vu en librairie qu’il en existait plusieurs. S’agit de savoir si certaines sont plus recommandables que d’autres.