Ce livre m’a été offert à Noël par ma fille qui l’avait énormément apprécié. Je l’en remercie mais je dois dire que mon opinion est plus mitigée.
Née en 1940, Annie Ernaux nous trace là un panoramique de la vie en France depuis l’après-guerre. Elle part de photos d’elle aux différents âges de sa vie pour rappeler ses souvenirs mais elle se place en observatrice extérieure, parlant d’elle à la troisième personne.
Au début j’ai apprécié la peinture de la France des années 50, l’entrée progressive dans la société de consommation avec toutes ses merveilles. Beaucoup de descriptions me semblent très justes. Même si Annie Ernaux est plutôt de la génération de ma mère, j’ai aimé retrouver des souvenirs communs.
Puis assez vite, j’ai trouvé ça ennuyeux et c’est du à ce style qui a un côté impersonnel. Il me donne l’impression que l’auteure ne ressent rien, qu’elle subit sa vie plus qu’elle ne la vit. Par contre il fait bien ressentir l’accélération du temps. A la fin elle explique son choix d’une « autobiographie impersonnelle« , « pour, en retrouvant la mémoire de la mémoire collective dans une mémoire individuelle, rendre la dimension vécue de l’Histoire« . C’est à ce moment là que, de nouveau, je trouve la lecture intéressante.
Comme bilan je dirais que c’est un livre intelligent et travaillé. Elle dit, et je la crois, qu’il l’a hantée pendant des années. Elle fait une part large à l’évolution de la condition féminine. Ca aussi ça devrait me plaire. Et pourtant ça ne fonctionne pas vraiment.
Louise le 20 janvier 2011 :
« Depuis peu, je sais que le roman est impossible. Pour rendre compte d’une vie soumise à la nécessité, je n’ai pas le droit de prendre d’abord le parti de l’art, ni de chercher à faire quelque chose de « passionnant », ou d' »émouvant ». Je rassemblerai les paroles, les gestes, les goûts de mon père, les faits marquants de sa vie, tous les signes objectifs d’une existence que j’ai aussi partagée. Aucune poésie du souvenir, pas de dérision jubilante. L’écriture plate me vient naturellement, celle-là même que j’utilisais en écrivant autrefois à mes parents pour leur dire les nouvelles essentielles. » Annie Ernaux, La Place En utilisant la 3° personne indéfinie, Ernaux ne parle plus d’elle mais de moi, ce n’est même plus elle qui parle mais moi. Elle n’a pas besoin de me dire qu’elle a été traumatisée par son avortement clandestin ou qu’elle angoisse en regardant ses deux grands fils qui sont maintenant des hommes, je le sais. Elle devient moi, je deviens elle : « Je me demande si je n’écris pas pour savoir si les autres n’ont pas fait ou ressenti des choses identiques, sinon, pour qu’ils trouvent normal de les ressentir. Même, qu’ils les vivent à leur tour en oubliant qu’ils les ont lues quelque part un jour. » in Passion simple Ce n’est plus de la littérature, c’est la vie. 🙂 Love, kiss, flex.
Réponse :
Je crois qu’au fond c’est trop intellectuel pour moi.
Louise le 25 janvier 2011 :
En me relisant je me dis que c’est moi qui me transforme en universitaire chiante 🙂
Réponse :
L’intérêt de lire des livres qui ne m’emballent pas vraiment c’est que ça me permet de comprendre ce que j’aime : finalement, en littérature comme au cinéma il me faut des choses qui prennent aux tripes.
Tu n’est pas une universitaire (chiante) mais une intellectuelle -et pourquoi cela serait-il mal ?
Je n’ai lu que La place et Une femme, et je compte bien continuer à lire Annie Ernaux. Les années seront d’ailleurs sûrement mon prochain choix. Je verrai si j’adhère, sachant qu’il sera plus long et moins autobiographique que les deux autres… Affaire à suivre !
Les années est le seul d’elle que j’aie lu et c’est une lecture déjà un peu ancienne. La notification est une erreur de procédure de ma part lors du déménagement de cet article depuis mon ancien blog.
J’ai tant aimé ses premiers romans et puis peu à peu je me suis lassée cela ne s’explique pas bien.
Je constate aussi que j’ai délaissé certains auteurs que je lisais beaucoup à une époque. On en découvre de nouveaux, nos goûts et nos envies évoluent.