Souvenirs 1914-1933
Né en 1907 Sebastian Haffner a quitté l’Allemagne en 1938 par rejet du régime nazi. Il s’installe alors en Grande-Bretagne où un éditeur lui commande un livre relatant ce qu’était le nazisme vu de l’intérieur. La guerre éclate et le manuscrit n’est pas publié. Sebastian Haffner est retourné en Allemagne en 1954 et il est mort en 1999. C’est alors que l’Histoire d’un Allemand a été redécouverte et enfin publiée.
Sebastian Haffner présente quels événements dans l’histoire de l’Allemagne peuvent expliquer l’arrivée au pouvoir des nazis. La première guerre mondiale qui a fait passer un frisson d’aventure sur la jeune génération dont il fait partie. Les débuts difficiles de la république de Weimar. L’inflation de 1923 qui a renversé la hiérarchie des valeurs. Il pointe les responsabilités des partis d’opposition au nazisme qui ont capitulé si facilement :
« On avait cru en saint Marx, il n’avait pas secouru ses fidèles. Saint Hitler était manifestement plus puissant. Brisons donc les statues de saint Marx placées sur les autels pour consacrer ceux-ci à saint Hitler. Apprenons à prier: « C’est la faute aux juifs », au lieu de : « C’est la faute au capitalisme. » Peut-être est-ce là notre salut. »
Enfin l’auteur se décrit lui-même au milieu du changement, jeune homme auquel le régime qui se met en place répugne de plus en plus et qui pourtant laisse passer des occasions de réagir, par peur, par surprise ou par conformisme.
Ce qui m’a frappée dans cette lecture c’est la clairvoyance de l’auteur. Sebastian Haffner écrit en 1939 et il a tout compris, il a pressenti jusqu’où le régime nazi serait capable d’aller. Il décortique aussi les mécanisme qui amènent des individus, petit à petit, à consentir à l’inacceptable. C’est un ouvrage intelligent et qui m’a donné envie d’en apprendre plus sur la république de Weimar que je connais bien mal.
Dominique le 17 août 2010 :
C’est drôle c’est le deuxième billet sur ce livre aujourd’hui, c’est plutôt une bonne épidémie car ce livre est vraiment excellent pour comprendre la montée et la réussite (si on peut dire ça) du nazisme un livre comme vous le dites intelligent
Réponse :
Ca complète bien la réflexion commencée avec « Des hommes ordinaires ».