En février 2009 Florence Aubenas est partie incognito à Caen pour y chercher du travail et y vivre la vie de demandeuse d’emploi. Elle a prétendu avoir son bac pour seul diplôme, avoir vécu longtemps avec un homme qui l’entretenait mais s’être séparée récemment. Elle a gardé son nom mais teint ses cheveux. Elle avait décidé qu’elle arrêterait l’expérience quand elle décrocherait un CDI, cela a duré six mois.
Pendant six mois Florence Aubenas a donc fréquenté pôle emploi et ses employés de plus en plus astreints au rendement. Elle a obtenu des heures de ménage à droite et à gauche : sur les ferry du quai de Ouistreham qui passent pour les endroits les plus durs; dans un camping où six heures de ménage sont payées trois; dans diverses entreprises perdues dans ce qu’il reste des zones industrielles de la région. Elle a fait connaissance avec ses collègues de galère qui font deux heures de route pour une heure de travail, que l’on peut appeler à tout instant pour un remplacement au pied levé et pas question de dire non.
Voilà un livre qui se lit facilement, vivant par les histoires qu’il raconte. On n’est pas dans l’East end de Jack London mais dans des vies quand même bien dures où le travail fait mal. On y rencontre des personnes qui se battent malgré les difficultés et qui s’épaulent. Florence Aubenas porte un regard bienveillant sur ces gens qu’elle a côtoyés. L’ensemble est donc sympathique même si le contenu n’est pas une révélation : les conditions de vie des précaires je pense qu’on les connaît déjà, soit par des reportages dans la presse, soit par ses fréquentations dans la vraie vie.
Lybertaire le 31 août 2023 :
Coucou ! Voilà un livre tout de même utile pour les bourgeois·es, et pour l’autrice aussi visiblement, car elle pensait trouver un CDI plus rapidement quand même !
C’est marrant que tu parles de Jack London : juste après Aubenas, j’avais commencé Le Peuple de l’abîme sur les bas-fonds de Londres, et c’était insoutenable. J’ai arrêté au bout de 50 pages, car l’auteur prend les gens de haut, il espère que les moins miséreux·ses pourront se sauver, car les plus miséreux·ses sont de toute façon perdu·es et mourront avant 40 ans d’alcoolisme et de malnutrition.
Réponse :
J’avais fait l’inverse : j’avais lu London avant Aubenas. J’avais trouvé terrible ce que la réalité que décrit London. Je n’ai pas remarqué ce mépris dont tu parles.