Paru en 1893, En famille est un des grands plaisirs de lecture de mon enfance. C’est un ouvrage que j’ai eu du mal à retrouver mais que j’ai finalement déniché chez des bouquinistes, les deux tomes chacun chez un éditeur différent. Et en plus ils se suivent, le dernier chapitre du tome un est le premier du tome deux. Moment de déception cependant quand je découvre à la première page du tome deux : « adaptation de Thérèse Lannes ». De quoi s’agit-il ? Le chapitre en double me permet d’y répondre : de supprimer un mot dans une énumération, une ou deux répliques dans un dialogue. Rien dont on ne peut se passer mais en même temps rien qu’un jeune lecteur n’aurait pu affronter. Je ne vois vraiment pas l’intérêt de ce genre de procédé.
Bon, de quoi ça parle ?
Après la mort successive de ses deux parents à six mois d’intervalle, Perrine se retrouve orpheline à 12 ans. Seule à Paris elle doit gagner Maraucourt, au nord d’Amiens, pour y faire la connaissance de son grand-père, un riche industriel qui chassât autrefois son fils. Quel point de départ pathétique ! Mais Perrine est une battante et elle avance vers son but sans s’apitoyer sur elle-même. Voilà qui était bien pour plaire à la fillette que j’étais : une vraie héroïne féminine. Et puis, arrivée à Maraucourt, Perrine se loge dans une aumuche, une cabane de chasse délaissée située sur un îlot de la rivière locale. Elle franchit le bras d’eau en sautant à la perche, elle y vit comme un Robinson, elle se fabrique de la vaisselle avec de vieilles boîtes de conserve, des espadrilles en tressant des joncs. C’est tout cela qui m’a fait rêver et que je retrouve avec plaisir aujourd’hui.
Ce que je découvre maintenant c’est la peinture de certains aspects de la France de la fin du 19° siècle. Rapidement au début il y a la description des petits métiers de Paris : chiffonnier, chanteuse des rues, cordonnier. Ensuite, surtout, Hector Malot nous présente le tissu industriel de ce coin de la Picardie, les conditions de vie des ouvriers, le travail des enfants. Pour cela il a mené l’enquête sur place et s’est inspiré pour les usines de jute de Vulfran Paindavoine à Maraucourt des entreprises Saint Frères à Flixecourt.
Enfin il y a la morale de l’époque qui fait mon régal. Après avoir gagné le coeur de son grand-père Perrine le convainc que : « n’être que juste, c’est être injuste ». Il devient alors un bon patron paternaliste, fait construire pour ses ouvriers une crèche, un hôpital, des logements salubres et à bon marché, un jardin public.
Une lecture qui m’a fait autant plaisir aujourd’hui qu’il y a 35 ans.
Mélopée le 19 avril 2010 :
Voilà un livre qu’il me plairait de lire. Habitant la Picardie et connaissant la réputation de tissages qui existe dans les manufactures anciennes de la région, je ne peux qu’être d’autant plus intriguée.
Réponse :
Ici il s’agit de la transformation du jute. J’ignorais cette industrie et je dois dire que ça m’a presque donné envie de venir voir sur place ce qu’il en reste.
Oudemia le 2 janvier 2011 :
C’est rare de trouver quelqu’un qui connaisse ce livre! Dommage qu’on ne le trouve qu’en occasion actuellement! Un sujet approchant:La fortune de Gaspard, livre méconnu de la comtesse de ségur
Réponse :
J’aime beaucoup la comtesse de Ségur aussi.
Erika le 24 février 2014 :
j’aimais beaucoup ce livre, surtout le passage dans la cabane qui m’a marquée
Réponse :
Un rêve pour tous les enfants imaginatifs -particulièrement les filles, semble-t-il.
Cinnara le 7 juin 2021 :
Un livre délicieux et intemporel, disponible en livre audio sur Audible. Très bien. On ne se lasse pas de le lire ou de l’entendre.
Réponse :
En effet.