En janvier 1993 Jean-Claude Romand assassine sa femme, ses enfants, ses parents puis tente de se suicider. L’enquête montre rapidement que cet homme qui se présentait comme un chercheur à l’OMS mentait à tous depuis 18 ans. Quand il disait qu’il allait travailler à Genève il passait en fait ses journées dans un café, dans sa voiture sur un parking ou à errer dans les bois. Emmanuel Carrère décide d’approfondir cette histoire, il veut comprendre comment un tel drame a été possible. Il prend contact avec Romand, assiste à son procès, rencontre d’autres protagonistes.
Se pencher avec Emmanuel Carrère sur l’âme de Jean-Claude Romand c’est comme se retrouver au bord d’un gouffre sans fond : fascinant et effrayant. On pourrait craindre du voyeurisme dans l’intérêt pour cette affaire particulièrement douloureuse. Il n’en est rien. Emmanuel Carrère traite avec respect les personnes qu’il cite. Pas de jugement à l’emporte-pièce, il tâche de comprendre les motivations de chacun sans pour autant prendre pour argent comptant tout ce qu’on lui raconte. J’ai retrouvé ici la façon de procéder qu’il a utilisée ensuite dans D’autres vies que la mienne. Au final Emmanuel Carrère dresse un portrait fin et convainquant de l’assassin. Voilà un livre qui m’a impressionnée, par le personnage qu’il décrit et par la façon de le faire. Bravo !
Mélopée le 3 mars 2010 :
Ah, je l’avais lu il fut un temps ! Ce fait divers m’avait beaucoup intrigué et j’avais trouvé le livre assez bon dans la retranscription de cette dégénérescence progressive d’un être en marge de tout et surtout des siens !
Réponse :
Ca fait peur, hein ?