Née en 1926, Cornélia Keller, la narratrice, est une jeune fille du sud de l’Allemagne. Elle grandit dans une famille pas très heureuse. Le père, un orfèvre frustré qui se rêvait artiste, se met facilement en colère et Cornélia le craint. A partir de 1932 le nazisme va être une révélation pour cette famille, va servir de ciment et de projet commun. Cornélia partage enfin quelque chose avec son père et connaît de vrais moments de bonheur grâce à cela.
Dès l’âge de 10 ans elle entre aux jeunesses hitlériennes où elle va s’investir toute entière. Son enthousiasme et son idéalisme lui permettent de grimper les échelons. A 13 ans elle est Führerin (cheftaine) et continue dans le mouvement jusqu’à la chute du régime. Autour d’elle l’Allemagne s’enfonce peu à peu dans la guerre. Le sud du pays est d’abord peu touché par les bombardements mais son frère et son beau-frère sont sur le front russe ou en France.
Cet excellent ouvrage est en fait un récit autobiographique. C’est sa propre histoire que raconte Renate Finckh avec beaucoup d’honnêteté et de courage. Elle a d’abord écrit ce livre pour expliquer à ses enfants comment elle avait pu se laisser prendre. Elle montre comment la propagande et l’embrigadement on su s’appuyer sur les failles et les aspirations de chacun. Elle retrouve les « grains de sable », les choses qui la gênaient, les pensées non conformes qu’elle avait parfois et analyse comment elle était poussée à les mettre de côté, à ne pas les écouter.
J’ai trouvé passionnant de découvrir de l’intérieur le fonctionnement des Mädel, les jeunesses hitlériennes pour les filles ; de lire tous les mensonges qui ont permi au régime de justifier ses agressions successives. C’est vraiment un très bon témoignage.