En décembre 2004 Emmanuel Carrère est en vacances au Sri Lanka avec sa compagne Hélène quand survient le tsunami qui ravage cette partie de l’Asie. Dans les jours qui suivent Emmanuel et Hélène portent assistance à des rescapés et plus particulièrement à un couple de Français dont la petite fille, Juliette, a été tuée par la vague. Tu es écrivain, dit à Emmanuel le grand-père de Juliette, tu devrais écrire là-dessus.
Rentrés en France, Emmanuel et Hélène se retrouvent confrontés à la maladie d’une autre Juliette, la soeur d’Hélène, atteinte d’un cancer. Elle meurt quelques mois plus tard. Elle était juge et, après son décès, sa famille fait connaissance de son collègue et ami Etienne Rigal. C’est Etienne qui, cette fois, suggère à Emmanuel d’écrire l’histoire de Juliette.
Dans ce récit Emmanuel Carrère aborde les questions de la mort, du deuil, du sens de la vie, du bonheur et tout ça est excellemment fait. Dès la première page j’ai été happée. Le propos est parfois abrupt mais derrière j’ai senti un vrai intérêt pour les gens et leurs choix de vie, une vraie empathie, jamais aucune commisération. Emmanuel Carrère parle aussi de lui-même et de son mal de vivre et cependant je ne trouve pas ça égocentrique (ce que j’avais trouvé en lisant Un roman russe) parce qu’ici, en parlant de lui, il parle des autres et aux autres (donc de moi et à moi). Il est question de « gens dont le noyau est fissuré pratiquement depuis l’origine« . Je ne dis pas que je suis aussi atteinte que l’auteur (loin de là quand même) mais il me semble que chacun a plus ou moins sa fêlure. Celle d’Emmanuel Carrère en tout cas va mieux puisqu’il s’annonce guéri. Avoir approché la mort a sans doute été un élément de sa thérapie.
J’ai beaucoup aimé ce livre qui fait réfléchir et qui tire vers le haut. Ce n’est pas triste, je trouve, malgré le sujet de départ, plutôt optimiste. C’est vraiment une lecture que je conseillerais et un livre que je vais sans doute offrir. Au moment de classer mon article je me demande dans quelle catégorie le mettre aussi j’en crée une pour cet auteur avec lequel je n’en ai pas fini, c’est sûr.
Jules le 8 novembre 2009 :
J’ai beaucoup aimé ce livre aussi, il y a une certaine sérénité dans son écriture. Tu as raison, ce n’est pas triste malgré le sujet….
Réponse :
On comprend que l’âge, l’écriture, le vécu, la paternité… lui ont enfin permis d’atteindre cette sérénité.