En 1945-46, petit à petit, les survivants du génocide reviennent des camps. A Paris, dans l’atelier de M. Albert, tailleurs, finisseuses et repasseurs sont tous des rescapés d’une façon ou d’une autre. Déjà rentrés ou seuls de leur famille à ne pas avoir été déportés, ils tentent de reconstruire leur vie.
Raphaël et Betty, les enfants de M. Albert, passent l’été au manoir de D., une colonie qui accueille des enfants juifs. Raphaël s’y lie d’amitié avec Georges qui attend encore ses parents. A la fin de l’été Georges reste au manoir, devenu un pensionnat pour orphelins.
Robert Bober fait revivre une communauté qui a été soudée par les persécutions communes et qui s’épaule. La narration est multiple. Dans chaque chapitre c’est un nouveau personnage qui s’exprime sans que ce soit toujours évident de savoir lequel mais ça n’empêche pas d’avancer. Malgré le titre la guerre, la shoah sont à peine évoquées, c’est plutôt une toile de fond sur laquelle les informations arrivent comme inopinément, comme des allusions. Un des ouvriers a pu, après un long procès, récupérer le logement où il habitait avant guerre mais le propriétaire a reçu en compensation 8 800 francs de loyer pour la période où son locataire « habitait » ailleurs.
J’ai beaucoup aimé ce très bon roman en partie autobiographique qui aborde la question de ce qui se passe après la shoah pour les victimes. C’est un sujet qui n’est pas si courant, il me semble. J’ai découvert aussi tout le petit monde des ateliers de confection et une culture en voie de disparition : on parle encore yiddish et il y a un théâtre yiddish à Paris.