Il existe en Inde, à Bhopal, une famille qui porte le nom de Bourbon et qui se croit descendante du Connétable de Bourbon qui trahit François 1° en 1523. Le Connétable aurait eut un fils caché, Jean, lequel, après de nombreuses péripéties, serait venu en Inde où il a servi sous le Grand Moghol Akbar. Michel de Grèce part des maigres sources existant pour imaginer quelle a été la vie aventureuse de Jean de Bourbon.
Le gros reproche que j’ai à faire à ce roman c’est de ne nous épargner aucun cliché. Jean évolue dans un monde en noir et blanc où un seul regard permet de juger un homme sur sa mine. François 1° ? « Le menton fuyant caché par la barbe trahit sa faiblesse de caractère ». Anne de Beaujeu, belle-mère du Connétable ? « Le front trop grand et trop bombé révèle un cerveau d’une capacité exceptionnelle ». Quant à Jean lui-même, s’il n’est pas sur de ses origines, tout le monde le lui dit : « ton allure ne trompe pas, tu es à n’en pas douter le rejeton d’une très grande famille ». Comme cela serait pratique si c’était pareil dans la vraie vie. Pratique ou un peu effrayant ?
J’avais déjà remarqué ce défaut dans La femme sacrée mais dans ce dernier roman l’aspect historique était beaucoup plus étoffé et faisait l’intérêt de la lecture. Finalement, dans Le rajah Bourbon, le plus intéressant ce sont les dix pages de bibliographie commentée placées à la fin. Michel de Grèce y présente ses sources et en donne des extraits. Elles confirment que « durant le règne du grand Akbar, environ vers 1557 ou 1559, un Européen appelé Jean de Bourbon arriva à la cour de Delhi. Il se disait Français et descendant d’une des plus nobles familles du pays ».
Ce qui est intéressant aussi c’est la description de la vie à la cour d’Akbar. J’ai appris que c’était un homme tolérant qui avait une épouse chrétienne à qui il permettait de pratiquer son culte. Il avait fait venir près de lui des prêtres des différentes religions pour qu’ils discutent entre eux et dans l’espoir qu’ils arriveraient à un syncrétisme. Ca m’a donné envie d’en savoir plus sur ce personnage.
La lecture du rajah Bourbon était aussi un bon prétexte pour revoir Jodhaa-Akbar, un film d’Ashutosh Gowariker. C’est l’histoire d’amour de Jodhaa (Aishwariya Rai) et d’Akbar (Hrithik Roshan). Jodhaa était une princesse hindoue qui répugnait à épouser un musulman. Des raisons politiques imposaient cette union à laquelle elle posa deux conditions : pouvoir conserver sa religion et avoir son oratoire au palais. Et elle tomba amoureuse de ce mari si tolérant. Le film peut laisser penser que Jodhaa était la seule femme d’Akbar alors qu’en fait il en avait un plein harem.
Le film raconte aussi la prise du pouvoir par Akbar. A sa majorité il dût lutter contre ses proches qui assuraient la régence. Cela ne fut pas toujours facile. Michel de Grèce raconte comment il s’est débarrassé de son frère de lait : « s’ensuivit un corps à corps au cours duquel Akbar réussit à jeter par la fenêtre Adham Khan. Celui-ci tomba dans la cour mais n’était pas mort. Akbar ordonna de le ramasser, de le ramener dans le harem et il le jeta une deuxième fois par la même fenêtre, cette fois-ci sans que le ministre survive ». Cette scène violente est reprise dans le film.
Jodhaa-Akbar est un film historique à grand spectacle. Il y a des batailles pleines de bruit et de fureur où interviennent des éléphants caparaçonnés qui écrasent les fantassins ennemis. Il y a de somptueux costumes et de magnifiques palais. Il y a des traitres qui complotent et Hrithik Roshan nous fait profiter de son impressionnante musculature. C’est joli mais cela ne me touche pas beaucoup. Par contre cela rend sympathique le personnage d’Akbar. Enfin le film comprend (comme pas mal de Bollywood) un hymne à la grande Inde (Hindustan) unie où hindous et musulmans vivent en paix.