L’histoire se passe en 1950, juste après l’indépendance de l’Inde. Le jour du mariage de sa fille aînée Savita avec Pran, Mrs Rupa Mehra dit à sa cadette Lata : « Toi aussi tu épouseras un garçon que j’aurai choisi ». Un garçon convenable. Ce point de départ est le prétexte pour faire intervenir toute une galerie de personnages, apparentés de près ou de loin à la famille Mehra.
Il y a Maan, le frère de Pran, un fêtard tombé amoureux de la courtisane musulmane Saeeda Bai. On suit aussi l’action de Mahesh Kapoor, père de Maan et de Pran. Ministre du trésor de l’état du Purva Pradesh, il tente de faire voter une loi supprimant les zamindari, les grandes propriétés rurales, au profit des petits paysans qui travaillent la terre. Quand Mahesh Kapoor veut éloigner Maan de Saeeda Bai, il l’envoie à la campagne chez Rasheed, son professeur d’ourdou. C’est alors l’histoire de Rasheed qui nous est racontée. Rasheed qui s’oppose à son père qui veut spolier son journalier Kachheru.
« Corvéable à merci, il était requis, comme tous les chamars, pour n’importe quelle tâche qu’il plaisait au père de Rasheed de lui commander : labourer, pomper l’eau, porter un message à l’autre bout du village ou hisser du chaume sur le toit de la maison, qui, une fois séché, servirait de combustible pour la cuisson des aliments. Bien qu’étranger à la famille, il était autorisé, à l’occasion, à pénétrer dans le sanctuaire de la maison, notamment lorsqu’il y avait quelque chose à transporter sur le toit (…)
En échange de ses services, la famille prenait soin de lui. Il recevait ainsi une certaine quantité de grains au moment de la moisson : pas assez cependant pour lui assurer ainsi qu’à sa femme le minimum vital. Il avait le droit aussi de cultiver un lopin de terre, à son usage personnel, quand son maître lui en laissait le temps, et pour ce faire d’utiliser les outils et l’attelage de boeufs. Toutes choses pour l’achat desquelles Kachheru aurait dû s’endetter, ce qu’il jugeait inutile étant donné la faible superficie du terrain.
Surchargé de travail, il n’en avait conscience que parce que son corps, épuisé, le lui faisait sentir. En quarante années passées au service de la famille, il ne s’était jamais rebellé, ce qui lui valait une certaine considération. On lui donnait des ordres, mais jamais sur le ton insultant réservé à la caste de serviteurs à laquelle il appartenait. Quand il arrivait au père de Rasheed de l’appeler « mon brave », Kachheru était très content. »
J’ai trouvé beaucoup de ressemblances entre Kachheru et Viramma de Une vie paria.
Pendant ce temps Lata a rencontré Kabir, un étudiant musulman, qu’elle voit en cachette de sa mère. Quand cette dernière apprend la terrible nouvelle (« Un musulman ! Qu’ai-je donc fait dans ma vie passée pour attirer ceci sur ma fille bien-aimée ? ») elle comprend qu’il est temps de se mettre sérieusement en quête du garçon convenable et d’éloigner Lata du danger. Elle l’emmène donc chez Arun, son fils aîné qui vit à Calcutta.
Là Lata fréquente Amit, le frère de Meenakshi, la femme d’Arun. Mais Amit, un poète, ne convient pas non plus à Mrs Rupa Mehra qui éloigne encore Lata.
A Brahmpur, la ville des Kapoor et des Mehra, vivent aussi Veena, la soeur de Pran et de Maan, son mari Kedarnath et leur fils Bhaskar un jeune surdoué attiré par les chiffres. Après avoir fuit les violences inter-religieuses de Lahore pendant la Partition, Kedarnath a dû repartir de rien et s’est lancé dans le commerce de la chaussure, une activité impure pour un hindou car elle utilise du cuir de vache. Kedarnath fait affaire avec Haresh Khanna, un jeune homme ambitieux et entreprenant. C’est par hasard que Mrs Rupa Mehra fait la connaissance de Haresh chez une amie. Celui-ci lui apparaît bien vite comme un garçon tout à fait convenable.
Cette première partie compte 900 pages et la seconde qui m’attend sur ma PAL est aussi épaisse. J’ai trouvé très intéressante cette fresque dans laquelle Vikram Seth présente diverses catégories sociales : les classes laborieuses urbaines ou rurales et les grands propriétaires qui vivent de leurs rentes. Les histoires racontées sont vivantes, les personnages attachants ou déplaisants mais on a envie de savoir ce qui les attend. J’ai trouvé que c’était bien écrit et avec une pointe d’humour comme je l’apprécie (« Ils commandèrent du thé. Quoique appartenant à un organisme d’Etat, la cantine procurait un service rapide »).
Cela se passe en 1950 cependant j’ai remarqué beaucoup de points communs avec ce que j’ai lu dans d’autres romans situés à l’époque contemporaine : la recherche d’un mari par la famille, la vie des exploités, la nécessité d’avoir des relations pour progresser, l’importance des liens de caste qui sous-tendent beaucoup de choses sans que cela soit vraiment dit.
Naina le 21 avril 2008 :
Les 2 tomes m’attendent sur ma PAL mais je n’ai pas de temps à consacrer à des livres aussi épais.
Réponse :
C’est deux semaines de lecture pour le tome 1 mais avec un rythme qui me semble moins soutenu que le tien.