Après sa première enquête (Dans la gorge du dragon) Shan a quitté son camp de travaux forcés (ce n’est pas une libération officielle) pour aller vivre dans un monastère bouddhiste secret. Dans cette deuxième aventure il est chargé par les moines tibétaines avec qui il vit d’une périlleuse mission : un lama a disparu, l’institutrice Lau a été assassinée et les enfants dont elle avait la charge, des orphelins kazakhs, sont victimes d’un tueur l’un après l’autre.
Tout cela se passe au nord du Tibet, dans le Xinjiang, à la limite du désert du Taklamakan. Là vivent des peuples nomades, Kazahs et Ouighours, que le gouvernement de Pékin veut sédentariser par la force en leur confisquant leurs troupeaux. Shan découvre les refuges de ceux qui luttent encore pour défendre leur mode de vie traditionnel : cités englouties par les sables, anciennes étapes sur la route de la soie; monastères troglodytes. Car le sujet c’est d’abord la résistance contre les exactions chinoises. Résistance armée ou résistance spirituelle des moines tibétains.
J’ai trouvé ce livre très dense. La lecture ne coule pas facilement mais Eliot Pattison installe une ambiance prenante. Ici l’enquête policière s’efface derrière la philosophie bouddhiste et la description d’une culture en voie de disparition, au milieu des superbes paysages de l’Himalaya.
En vacances
Je pars demain en vacances. Je serai donc beaucoup moins présente sur le net dans les semaines à venir.
Au programme de cet été : séjours en famille dans l’Aveyron et en Ardèche, camping en République Tchèque. Retour à la maison prévu courant août.
Bonnes vacances à ceux qui partent.
Bon courage à ceux qui restent.
Bombes2Bal
Les Bombes2Bal sont un groupe toulousain composé de quatre filles et de deux garçons et qui remet au goût du jour le bal occitan. Ils jouent de l’accordéon, du tambourin, ils chantent et ils font danser.
Jeudi 3 juillet le temps était maussade. Il faisait froid et dans l’après midi il a plu un peu. Je me demandais si nous pourrions sortir le soir. Heureusement, en fin de journée, le ciel s’est dégagé. Il faisait frais mais quand j’ai commencé à danser, ça n’a plus été un problème.
La musique est entraînante et joyeuse. Sur la place un couple montre les pas et incite les spectateurs à danser en couple ou en ronde. En invité surprise il y avait Claude Sicre des Fabulous Trobadors. J’ai trouvé ça très sympathique. Ca m’a rappelé les bals oc que j’avais fréquentés un peu quand j’étais étudiante à Toulouse. Ensuite je suis rentrée chez moi, juste à l’heure pour regarder K3G.
Soirée Bollywood sur M6
Jeudi 3 juillet c’est soirée Bollywood sur M6. Quelle aubaine ! C’est pas tous les jours qu’on nous passe ce genre de choses sur nos chaînes françaises !
Alors, il y a quoi ?
1) A 20 h. 50 : Coup de foudre à Bollywood de Gurinder Chadha avec Aishwarya Rai. Eh bien, malgré son titre, ce film N’EST PAS un Bollywood. C’est un film britannique, une adaptation à l’époque actuelle et en Inde d’Orgueil et préjugés de Jane Austen. Cela reprend, en version light, les codes de Bollywood. Pour une initiation à ce cinéma, pourquoi pas ?
2) A 22 h. 50 : La famille indienne. Titre original : kabhi khushi kabhie gham (K3G. En Français : Dans le bonheur ou dans les larmes). Voilà du Bollywood et du meilleur. Ce film de Karan Johar réunit une brochette de grands acteurs (Shahruuuuuuuuuuukh !!!). J’aime beaucoup la musique et les danses en costumes (superbes).
Rohan (Hritik Roshan), fils cadet d’une riche famille, rentre chez lui, ses études universitaires terminées. Il passe d’abord embrasser ses deux grands-mères et les trouve en larmes. Elles ne savent pas comment lui annoncer que son frère Rahul (Shahrukh Khan), le favori de toute la famille, a été chassé par son père (Amitabh Bachchan) il y a plusieurs années car il avait osé épouser une jeune fille d’origine modeste (Kajol). Enfin informé Rohan décide de partir à la recherche de Rahul, de réunir sa famille et de redonner le sourire à sa mère (Jaya Bachchan).
Comme voilà un bon choix pour découvrir Bollywood. Le seul bémol est que ce soir K3G nous est présenté -horreur !- en version française ! Il faut que je dise aussi que généralement, la première fois qu’on regarde un Bollywood, on rit. Et en effet, il y a parfois de quoi. Ah, la scène sublime au pied des pyramides ! Elle fait mon régal à chaque visionnage ! Et quelle belle garde-robe ! Mais dans K3G il y a aussi de l’humour volontaire.
Si vous en avez l’occasion je ne saurais donc trop vous conseiller d’essayer. Attention, cela peut entraîner un phénomène d’addiction. Quant à moi je me trouve confrontée à un dilemme. En effet, le même soir, il y a un concert gratuit de Bombes2Bal dans les alentours. Vu les horaires je crois que je vais pouvoir cumuler : aller danser d’abord puis m’affaler devant K3G ensuite. Quelle soirée !
Fethiye Cetin, Le livre de ma grand-mère, L’aube
Alors qu’elle était déjà adulte, Fethiye Cetin a découvert que sa grand-mère était une rescapée du génocide des Arméniens. Quand elle était petite elle a été enlevée, lors d’une marche de la mort, par un gendarme turc à qui elle avait plu. Il n’avait pas d’enfant et l’éleva comme sa fille. Sa femme par contre la considérait comme une servante. Elle changea de nom, de religion et épousa plus tard un neveu de ses parents adoptifs.
Ce livre est un hommage de Fethiye Cetin à une grand-mère dont elle était très proche, qui l’a en partie élevée après la mort de son père. Il est fait des souvenirs que cette femme avait tus et qu’elle a commencé à raconter à sa petite-fille peu avant sa mort. Ce sont souvent des impressions, des images de la vie quotidienne qui essaient de redonner corps à ce qui a disparu. Cela m’a fait penser à des choses que j’ai lu sur la vie des Juifs en Europe centrale avant la seconde guerre mondiale.
Aujourd’hui en Turquie, un certain nombre de personnes découvrent, comme Fethiye Cetin, leurs origines arméniennes au moment où les derniers survivants disparaissent. De ce fait Le livre de ma grand-mère a eu un succès inattendu dans ce pays.
François Bégaudeau, Entre les murs, Folio
François Bégaudeau est professeur de Français dans un collège du 19° arrondissement de Paris. Dans Entre les murs il raconte des scènes de la vie quotidienne dans cet établissement où la majorité des élèves sont d’origine étrangère.
Volontairement -c’est dit en quatrième de couverture- l’auteur montre les situations mais ne les commente pas.
Alors, que voit-on ? Un métier où le Français n’est qu’une partie de ce qui s’enseigne en classe. Il faut aussi rappeler encore et encore les règles de la vie en société.
Un métier où il ne faut pas se lasser de répéter :
« Souleymane était entré dans la classe avec sa capuche rabattue, j’ai attendu qu’il soit assis.
– La capuche, Souleymane, s’il te plaît.
Il l’a fait glisser sur ses épaules d’un coup de tête.
– Le bonnet aussi. »
Plus loin :
« Souleymane avait la capuche rabattue et un bonnet dessous. Sans doute absent au cours précédent, Hossein l’a salué en martelant son poing droit avec le sien gauche.
– Souleymane, enlève-moi tout ça. »
Et plus loin encore :
« Me précédant, Souleymane est entré encapuché.
– Souleymane.
Il s’est tourné vers moi. M’a vu pointer mon crâne du doigt pour symboliser le sien. S’est exécuté.
– Le bonnet aussi, s’il te plaît. »
Etc, etc…
(Mon voisin me souffle : « Il faut imaginer Sisyphe heureux » !)
Face à des élèves parfois agressifs ou qui opposent une grande force d’inertie le narrateur n’hésite pas à dire ce qu’il pense de façon abrupte :
« – Je m’excuse mais moi, rire comme ça en public, c’est c’que j’appelle une attitude de pétasses.
Elles ont explosé en choeur.
– C’est bon, on est pas des pétasses.
– Ca s’fait pas de dire ça, m’sieur.
– J’ai pas dit que vous étiez des pétasses, j’ai dit que sur ce coup-là vous aviez eu une attitude de pétasses.
– C’est bon, c’est pas la peine de nous traiter.
– On dit pas traiter, on dit insulter.
– C’est pas la peine de nous insulter de pétasses.
– On dit insulter tout court, ou traiter de. Mais pas un mélange des deux. Je vous ai insultées, ou alors je vous ai traitées de pétasses, mais pas les deux à la fois. »
Mais cela passe parce qu’en même temps il est aussi capable de reconnaître aux élèves leurs efforts et leurs qualités :
« – Mais c’est vachement bien que tu lises ça, dis-donc. Tu comprends c’que tu lis ? (elle lit La République)
– Oui oui ça va, merci m’sieur au revoir.
– C’est bizarre parce que c’est pas fait pour les pétasses d’habitude, ce livre.
Elle a souri en se retournant.
– Ben si, comme quoi. »
Parce que le professeur évite de trop se prendre au sérieux, il y a de l’humour et une connivence avec les élèves. Les situations sont finement observées, les difficultés des relations avec des adolescents bien montrées. Ces jeunes ont besoin d’avoir en face d’eux des adultes qui les apprécient et les respectent mais qui aussi soient capables de leur montrer où sont les limites. Ce n’est pas un métier toujours facile et on l’exerce mieux quand on ne traverse pas soi-même de vrais problèmes personnels. Au total, c’est un livre sympathique et plutôt optimiste.
Timeri N. Murari, Taj, Picquier
Ce roman raconte l’histoire d’amour entre Shah Jahan, empereur moghol au début du 17° siècle et Arjumand, impératrice sous le nom de Mumtaz-i-Mahal. Après la mort de son épouse adorée, Shah Jahan fit construire pour elle le Taj Mahal. La narration alterne un chapitre de l’histoire d’amour et un chapitre de la construction du mausolée.
L’histoire d’amour : elle nous est racontée par la voix de trois narrateurs : Shah Jahan, Arjumand et Isa, fidèle serviteur d’Arjumand. Entre Shah Jahan et Arjumand, ce fut le coup de foudre au premier regard. Elle avait 12 ans, lui 16. Hélas des raisons politiques allaient retarder le mariage qu’ils souhaitaient tous les deux car Shah Jahan était prince héritier et son père voulait qu’il fasse des unions politiques. Enfin leur persévérance eut raison des obstacles bien qu’arjumand eut atteint l’âge limite de 17 ans. Commencent alors 18 ans de mariage qui pour Arjumand sont 18 ans de grossesses. A peine remise d’une fausse couche ou d’un accouchement, elle était de nouveau enceinte et c’est en donnant le jour à son quatorzième enfant qu’elle mourut. Pour le couple bientôt suivi d’une ribambelle d’enfants c’est aussi de longues pérégrinations à travers l’empire sur les ordres de l’empereur Jahangir, père de Shah Jahan, lequel n’accéda au trône que deux ans avant la mort de sa femme.
Arjumand était la nièce de Mehrunissa dont j’ai lu l’histoire précédemment dans La vingtième épouse. Dans Taj Mehrunissa apparaît comme une intrigante, uniquement intéressée par le pouvoir que lui confère son mariage avec Jahgangir.
La construction du Taj Mahal : elle dura vingt ans et mobilisa 20 000 ouvriers venus de tout l’empire. Elle nous est racontée à travers l’histoire de l’un d’entre eux, Murthi, un sculpteur qui a quitté son village avec sa famille pour venir travailler sur ce chantier gigantesque. Malgré cette tentative de personnalisation le récit reste assez technique. C’est intéressant néanmoins. J’ai appris des tas de choses passionnantes sur les techniques de construction et la vie à cette époque mais c’est cela qui fait aussi, à mon avis, que ce roman n’est pas des plus prenants.
« Il faudrait des années avant que les fondations soient achevées. Les plans prévoyaient une série de piliers, entourés par des puits et reliés entre eux par de robustes arches. L’intérieur de ces puits serait rempli par des rochers et l’espace les séparant solidement maçonné. Les piliers supporteraient le poids énorme de la tombe, pendant que les puits empêcheraient les infiltrations d’eau de la Yamuna. Les briques seraient imperméabilisées pour les siècles à venir en étant immergées dans de la graisse chaude. Le mortier lui aussi était spécial, il était constitué d’un mélange de chaux éteinte, de sucre brut, de lentilles, de coquilles d’oeufs, de coquillages écrasés et de gomme d’arbre. »
Et on n’en est qu’aux fondations ! Vous comprenez que l’argent n’était pas un problème.
Bulbul Sharma, La colère des aubergines, Picquier
Les nouvelles qui constituent ce volume tournent toutes autour de la cuisine et par ce biais nous racontent des histoires de familles et plus particulièrement de femmes indiennes, cuisinières des festins qui nous sont décrits. Car les occasions sont nombreuses de nourrir son entourage, pour marquer son affection ou pour s’attirer des faveurs.
J’ai bien aimé L’épreuve du train. Une fois par an, Gopal emmène sa mère, sa femme et sa fille en pèlerinage. Le voyage en train est un calvaire pour lui. Il imagine tout ce qui pourrait arriver à ces trois femmes qui profitent de leur unique sortie en discutant avec des inconnus et en échangeant avec eux des victuailles : puri, curry de pommes-de-terre, pickle de mangues, paratha, pakora, kachori…
Dans Mes sacrées tantes de la même auteure il y a aussi une nouvelle qui se déroule dans un train et où on retrouve un peu la même ambiance de libération féminine.
Chaque nouvelle est suivie de recettes. J’en ai testé une que je pensais mettre ici mais le résultat n’est pas à la hauteur de mes attentes donc je m’abstiens. Il faudrait essayer encore mais il fait un peu chaud pour se mettre aux fourneaux.
C’est un joli prénom Bulbul, ça veut dire rossignol.
Indu Sundaresan, La vingtième épouse, Le livre de poche
Ce roman se déroule dans l’Inde des Moghols, à la fin du 16° siècle et au début du 17°. La période couvre la fin du règne de l’empereur Akbar et le début du règne de son successeur, son fils Jahangir. Le personnage central est Mehrunnisa qui fut la vingtième (et dernière) épouse de Jahangir. Après leur mariage, elle gouverna l’empire pour son époux, toujours dans l’ombre, comme il seyait aux femmes à cette époque.
L’histoire va de sa naissance à son mariage avec l’empereur. La légende rapporte que Mehrunnisa était tombée amoureuse à l’âge de huit ans de celui qui n’était encore que le prince Salim. Huit ans plus tard ils se croisèrent pour la première fois et il l’aima dès le premier regard mais leur amour devrait attendre encore longtemps. Quand il l’épousa, c’était une vieille de 34 ans (on considérait que passé 18 ans une fille n’était plus mariable), elle était veuve et mère d’une jeune enfant. Son père était un courtisan en disgrâce, son frère et son mari avaient été exécutés pour avoir comploté contre l’empereur. Tous ces éléments semblent prouver qu’en effet, il s’agissait bien d’un mariage d’amour.
Avec ce roman nous découvrons la vie à la cour du Grand Moghol. Familière de l’impératrice Ruqayya, femme d’Akbar, Mehrunnisa a grandi dans le harem impérial. Les innombrables femmes, concubines et esclaves qui ne vivent que pour attirer un instant l’attention de leur seigneur tuent le temps en colportant toutes sortes de ragots, en s’adonnant à la consommation de sucreries, d’alcool ou d’opium (Jahangir lui-même est un alcoolique drogué). Les proches de l’empereur, fils ou ministres, complotent pour obtenir plus de pouvoir. Au milieu de toutes ces turpitudes, Mehrunnisa est un ange de patience et d’intégrité. L’histoire de son mariage avec Jahangir est racontée par Indu Sundaresan dans Le festin de roses.
Fabrice Bourland, Le fantôme de Baker street, 10-18
Londres, 1932. Deux jeunes détectives, Andrew Singleton et James Trelawney, sont contactés par lady Conan Doyle, la veuve du célèbre écrivain. A la faveur d’une renumérotation de Baker street le n°221 a été attribué à une maison qui depuis semble habitée par un fantôme et lady Conan Doyle les supplie d’intervenir « pour le bien de l’humanité toute entière! » (Rien que ça).
En voilà une histoire abracadabrante ! De méchants fantômes sortent de tous les côtés. C’est Ghostbusters, ma parole ! Sauf que c’est moins drôle.
La seule chose que j’y ai vue d’intéressante c’est de retrouver des éléments de biographie d’Arthur Conan Doyle, personnage que j’avais découvert dans Arthur et George. A la fin de sa vie il était devenu un adepte du spiritisme et le roman le suit allègrement dans cette voie, développant les thèses les plus extravagantes.